De l'argent, il y en a !

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CHAMPAGNE POUR LES PROFITS !

CAC 40 boosté, salaires minés

Ils sont moins nombreux et plus discrets que les 100 000 sans-abri
qui cherchent à trouver un toit et un peu de chaleur quand l’hiver montre ses griffes. 

Ils n’ont pas réveillonné dans la rue ; chez ces rois de la finance, le champagne a coulé à flots. 2006 était un cru exceptionnel, 2007 pourrait s’avérer meilleur encore. La mondialisation, c’est d’abord cela : une formidable accélération des profits et des circulations de valeurs, un Monopoly virtuel où l’on vend et l’on achète, où les pions des usines sont balayés ou déplacés, sans égard pour les ravages collatéraux sur les populations concernées.

Près de 4 000 milliards de dollars de fusions et acquisitions sont au programme. Les fonds d’investissement qui en deviennent les maîtres d’œuvre sont de véritables pieuvres qui agrippent ici ou là les activités rentables, taillant, restructurant et rejetant si la rentabilité n’atteint pas les 15 % annuels du capital investi. Les dividendes du CAC 40 sont à la hauteur : au moins 17 %. Ces prélèvements opérés sur l’économie ont de lourdes conséquences. Autant de moins pour l’investissement, la recherche ou la construction d’un développement durable. Il faut faire fort et vite. Quitte à risquer l’avenir de la planète.
L’envolée des profits éclaire crûment l’abîme qui sépare l’immense majorité de notre peuple et ces privilégiés qui possèdent plus que ne produisent annuellement des dizaines de pays dans le monde. La moitié de la population dispose d’un niveau de vie inférieur à 1 315 euros pour une personne seule ou 1 975 euros pour un couple. 6,86 millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté européen et la proportion de ceux qui gagnent le salaire minimum est passée de 11,1 % à 16,8 % en 2005. En trois ans, la moitié des chômeurs ont perdu leur indemnisation, tandis que le nombre des érémistes augmentait de 21 %. Chaque année, quatre salariés sur dix voient leur salaire individuel baisser, principalement en raison de la variation de leur durée d’emploi ou de leur durée de travail. Le cancer de la précarité ronge le travail.
Le revers des bonnes fortunes du capital, ce sont les difficultés aiguës de la majorité des salariés. Il a bonne mine, Sarkozy, lorsqu’il va verser quelques larmes hypocrites sur le sort des ouvriers des Ardennes ! Quelques semaines plus tôt, il leur avait envoyé les CRS et les gardes mobiles ; quelques jours plus tard, il justifiait la délocalisation et l’expatriation des grandes fortunes. Ne faisons pas de Johnny Hallyday le symbole des puissances financières, il reste un baladin invité en bout de table des riches. Son talent n’a d’ailleurs jamais résidé dans la gestion de son patrimoine… Mais son cas et l’approbation spectaculaire de son déménagement en Suisse par le candidat UMP a révélé le fond de la pensée de l’élu de Neuilly : l’argent a toujours raison. Arrogant avec les pauvres qui habitent les cités populaires, Sarkozy est toute humilité pour qui paie l’ISF. Il ne cesse de vouloir baisser les impôts sur les sociétés et la part patronale des cotisations sociales : ce serait alors ça de moins pour les budgets sociaux, l’école, la santé, la retraite…
Qui possède quoi ? Où vont les richesses et les capitaux ? Quel rapport de forces entre le capital et le travail ? Comment l’État peut-il peser pour que l’intérêt de tous l’emporte sur les appétits insatiables des plus puissants ? Quelles dispositions d’urgence pour améliorer le sort de 90 % de salariés qui peinent aujour­d’hui ? Quelle priorité à l’action publique ? Comment donner réellement la parole et le pouvoir de décision à notre peuple ?

2007 ne répondrait pas aux aspirations des électeurs si le débat électoral évitait ces questions

 
Les grandes fortunes de France
Ô surprise, cette année, la fortune de Bernard Arnault dépasse celle des Bettencourt

 Bernard Arnault : La métamorphose  Liliane Bettencourt : Un tiers moins riche, deux fois plus heureuse  Arnaud Mulliez : Un pur fils d’Auchan  Serge Dassault : Résolument avionneur  François Pinault : L’art comme dernière entreprise  Jean-Louis Dumas : La planète Hermès, l’œuvre de la cinquième génération  Famille Halley : Un régent qui connaît bien ses rayons  Robert Louis-Dreyfus : Le fils prodigue est rentré au bercail  Robert Peugeot : L’auto familiale pourrait s’agrandir  Famille Decaux : Les rois de l’Abribus fêtent leurs 40 ans de contrats  Sous le signe des ventes  Les 10 plus grosses cessions  Drame en trois actes aux Galeries Lafayette  Ils sont entrés  Ils sont sortis  Les plus fortes progressions  Les plus fortes chutes  Index  Classement des plus grandes fortunes professionnelles de France  Un planisphère cousu d’or  Vivre sans compter  Un château sinon rien  La Terre vue du ciel… et d’un palace volant  Petits paradis privés entre amis  Lieux de vie magiques pour comptes en banque uniques  Une silhouette estampillée couture  A l’école de la richesse  A portefeuilles replets, corps plus que parfaits  Quel riche seriez-vous ?  Résultat du test  La course aux grands yachts  Les grandes fortunes de France
CAPITAL 1945-2005 : LES 60 ANS QUI ONT RÉVOLUTIONNÉ LA FRANCE

Le miracle Air France

Alerte aux nouvelles contrefaçons

 Ces yachts que les patrons ne veulent pas

Assurance : les dessous des contrats sur mesure

La suite de "La Loi du dollar", le prochain Largo Winch

LE SOMMAIRE
  Ces yachts que les patrons ne veulent pas montrer

Hélicoptère sur le pont, décoration digne d'un palace… les bateaux de nos grands patrons en jettent presque autant que le "Queen Mary 2". Mais pourquoi déploient-ils tant d'efforts pour nous les cacher ?

Une enquête d'Olivier Drouin.

 
  Tant qu'il était un parfait inconnu, Hugues de Lasteyrie pouvait tranquillement jouir de son yacht, un splendide bâtiment de 43 mètres avec trois salons finement boisés, cinq vastes cabines, et un maxi-Jacuzzi. A Monaco, port d'attache du "Heloval" et dans les ports huppés de la Méditerranée, où il est de bon ton d'être blasé, le propriétaire et ses invités passaient inaperçus. Mais, depuis quelques mois, le discret financier français a un peu trop fait parler de lui. Furieux d'avoir perdu 40 millions d'euros dans l'affaire Rhodia (on le comprend), notre homme est en effet parti en guerre contre l'un de ses anciens administrateurs, un certain Thierry Breton. Jugeant sans doute qu'il se faisait assez remarquer comme cela, Lasteyrie a décidé de se séparer séance tenante de son palace flottant. Avis aux amateurs : ce navire, construit en 2002 par les chantiers de Cherbourg, est à vendre pour un peu plus de 12 millions d'euros. (...)

Eh oui ! Les milliardaires français ne ressemblent pas aux tycoons américains, et moins encore aux nababs moyen-orientaux. "Aux Etats-Unis, les propriétaires de gros yachts adorent les montrer. En France, nos clients exigent la discrétion la plus absolue", confie-t-on chez Camper & Nicholsons, le premier courtier mondial de navires de luxe, qui s'occupe aussi de les gérer. Car enfin, posséder un jet privé, passe encore : on peut toujours essayer de le présenter comme un outil de travail. Mais qu'est-ce qu'un navire de plaisance, sinon un gros joujou, délicieusement ludique et parfaitement hors de prix : jusqu'à 200 millions d'euros pour un monstre de plus de 100 mètres, doté des accessoires indispensables (hélicoptère, piscine à bulles, salle de cinéma, navettes ultrarapides…) et propulsé par des machines de 10 000 chevaux ? A cela s'ajoutent quelques menus frais d'entretien. Il faut payer l'équipage à l'année, acquitter les frais de ports, remplir le réservoir de gazole (300 000 euros pour un seul plein du navire de l'oligarque russe Roman Abramovich), sans compter l'encaustique, car les ponts doivent être briqués. Au total, selon les spécialistes, la dépense annuelle correspond en gros à 10% du prix du yacht. (...)

 

Présentateurs TV 87 000 SMIC à l'heure 1% de chômeurs en moins = 9 milliards d'euros en plus dans les caisses La Bourse salue le bénéfice record de la Société générale - 10/02/05 BNP Paribas
Rentiers - 11/02/05 Les banquiers profitent à fonds - 11/02/05 La Bourse de Paris termine au-dessus de 4.000 points - 11/02/05 Entreprises riches, entreprises égoïstes - 18/02/05 2004, cru exceptionnel pour le CAC40 - 18/02/05
Panne d'idées - 18/02/05 A qui profitent les profits ? - 18/02/05      

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D'accord on est encore très, très loin des "87 000 Smic à l'heure" mais pour annoncer au journal télévisé et autres émissions "économiques" la réouverture des restos du cœur, la nécessaire rigueur ou encore "l'égoïsme" de ces fonctionnaires qui osent demander des hausses de salaires et une retraite décente... c'est pas mal payé, non ?


Incroyable mais vrai !
Le genre de preuves à avoir sur soi pour démontrer aux "incrédules" que décidément, une autre politique est possible !


 

Toujours plus ! Notre dossier de couverture, piloté par François Genthial, apportera autant d'arguments aux plus chauds partisans de l'économie de marché qu'à ses plus farouches détracteurs. Les premiers se féliciteront de voir autant de nouvelles têtes - inconnues et parfois juvénile - entrer au palmarès des grandes fortunes françaises : c'est la preuve que ce privilège n'est plus aux vieilles familles de la nomenklatura, que le club s'est enfin ouvert aux roturiers de la création d'entreprise. Bref, que tout ambitieux prêt à prendre des risques a aujourd'hui une chance, au moins théoriquement, de devenir multimillionnaire. Les seconds trouveront évidemment choquants les chiffres que nous publions, surtout s'ils les comparent à ceux de notre précédente enquête, en 1998 : le plus gros patrimoine de France, celui de Liliane Bettencourt, l'héritière de l'Oréal, est estimé à 123 milliard de francs, 66 milliards de mieux qu'il y a deux ans. Cela veut dire que, par la grâce de la croissance et de l'envolée boursière, son magot a grossi de 3,9 millions par heure. 87 000 fois le Smic ! Les deux points de vue sont aussi légitimes l'un que l'autre. On ne peut pas espérer de création de richesses sans que les riches s'enrichissent. On ne peut pas non plus oublier que, dans le même temps, les revenus de l'écrasante majorité des salariés font quasiment du surplace, comme le rappelle Nicole Notat, interrogée à la fin de ce numéro. Le malaise de nos hommes politiques vient en partie du fait que cette contradiction n'est pas simple à gérer. Surtout s'ils tentent de le faire sans tomber dans le piège de la démagogie.

-2- Source : Marianne N°365 - 19 au 25 Avril 2004 - Page 21

1% de chômeurs en moins
=
9 milliards de plus dans les caisses !

L'OFCE * a fait tourner son modèle sur la base d'une baisse de 1 % du taux de chômage, lequel passerait de 9,5 % à 8,5 %. "Une baisse qui nécessiterait une croissance de 2,5 %", explique Gaël Dupont, économiste à l'OFCE.

Or, miracle : une baisse de 1 % du nombre des chômeurs = 9 milliards d'euros de plus dans les caisses de l'Etat.

Détaillons :

  • une économie de près de 2 milliards pour les différentes caisses de la Sécu
  • des cotisations supplémentaires de 2,6 milliards (maladie, retraite, etc.) de la part de ces nouveaux contributeurs.
  • Total: 4,6 milliards d'euros pour la Sécu !

Ces nouveaux actifs, dont les revenus augmenteraient, payeraient également plus d'impôts, en tout 4,4 milliards d'euros :

  • 1,1 milliard de TVA
  • + 1,3 milliard d'impôts sur le revenu et de CSG,
  • les 2 milliards restants venant abonder majoritairement les impôts locaux.

    * Office Français de la Conjoncture Économique

La Bourse salue le bénéfice record de la Société générale
LE MONDE - 10/02/2005

La Société générale a annoncé, jeudi 10 février, une progression de 25,4 % de son bénéfice 2004. Il s'élève à 3,125 milliards d'euros, contre 2,492 milliards en 2003. Ce résultat record est au-dessus du consensus des analystes qui tablaient sur une augmentation de 20 % des gains. A titre de comparaison, BNP Paribas a également annoncé un résultat record, le 3 février, à 4,6 milliards d'euros, en hausse de 24,1 %. Ce résultat de la Société générale traduit une rentabilité de 18,9 % de ses fonds propres, contre 16,2 % en 2003, selon un communiqué. La banque a décidé de proposer un dividende net de 3,30 euros, en hausse de 32 %, qui représente un taux de distribution de ses profits en augmentation de deux points, à 43 %. La hausse de l'activité a été également répartie entre la banque de financement et de taux et les métiers d'actions et conseil (banque d'investissement), toujours tirés par les dérivés d'actions qui, souligne la banque, ont enregistré une "performance remarquable". Le produit net bancaire sur l'ensemble de 2004 est en progression de 5 %, à 16,416 milliards d'euros, les frais généraux sont en hausse de 3,8 % et le résultat brut d'exploitation augmente de 7,5 %, à 5,449 milliards d'euros. Après l'annonce de ces résultats, le titre de la banque montait fortement dans les premiers échanges, jeudi à la Bourse de Paris. En début de matinée, il s'appréciait de 2,28 %, à 78,65 euros, dans un marché quasi stable (+ 0,18 %). Les places financières sont dans l'ensemble très hésitantes, sans véritables directions dans cette période de publications de résultat. A Paris, le CAC 40 a perdu 0,28 %, mercredi 9 février, à 3969,62 points. A New York, le Dow Jones a reculé de 0,56 %, à 10 664,11 points, et le Nasdaq de 1,64 %, à 2052,55 points. L'action d'American International Group (AIG), premier assureur mondial, a gagné 2,33 %, à 69,31 dollars, après l'annonce de résultats meilleurs que prévu au quatrième trimestre. Sur l'année, le bénéfice progresse de 19,1 % pour un montant record de 11,05 milliards.


BNP Paribas

La banque veut accélérer sa croissance.
D'une année sur l'autre, la
croissance des profits des banques françaises ne se dément pas. BNP Paribas a annoncé, jeudi 3 février, des bénéfices en hausse de 24,1%, à 4,6 milliards d'euros pour 2004, un nouveau montant record dans l'histoire de la banque. Jamais elle n'a autant gagné d'argent, jamais elle n'a été aussi rentable : le taux de rendement de ses fonds propres, qui rend compte de cette rentabilité, a bondi de 14,3 % à 16,8 % en 2004, nettement au-dessus de la norme de 15 % à laquelle se référent les analystes.


Rentiers
Libération
Patrick SABATIER
Vendredi 11 février 2005

"Heureux comme un banquier en France ! Imperméables aux aléas de la conjoncture économique, et indifférentes aux difficultés de leurs clients, les banques françaises engrangent année après année des bénéfices records, engraissant leurs actionnaires ­ plus 32 % de dividendes cette année pour ceux de la Société générale, dont le bénéfice a bondi de 25 % par rapport à une année précédente déjà florissante. Les banques françaises vivent littéralement leur âge d'or...".


Banques
Les banquiers profitent à fonds
La Société générale et BNP-Paribas ont annoncé des bénéfices historiques,
symboliques d'un secteur imperméable à la conjoncture.
Par Nicolas CORI
Vendredi 11 février 2005

Hier, au siège de la Société générale à la Défense à Paris, Daniel Bouton affichait son habituel air d'autosatisfaction. Mais, pour une fois, il y avait une bonne raison. Le PDG de la banque au logo rouge et noir a annoncé les meilleurs résultats historiques de la Société générale : 3,1 milliards d'euros de profits en 2004, en hausse de 25 % par rapport à 2003. La semaine dernière, son concurrent BNP Paribas avait publié des résultats tout aussi exceptionnels : 4,7 milliards d'euros de bénéfice net, en progression de 24 % par rapport à 2003. Soit la meilleure année jamais réalisée par la banque de Michel Pébereau. Le temps où les autorités monétaires s'inquiétaient d'un éventuel «risque systémique», après la quasi-faillite du Crédit lyonnais, semble bien loin. Dépassé aussi ce rapport sénatorial de 1996 qui s'inquiétait de l'«insuffisante rentabilité des banques françaises». Depuis la seconde partie des années 90, la banque est devenue un métier très profitable. En période de forte croissance, comme en 2000 (année où les derniers records de profit avaient été battus), mais aussi quand l'économie ralentit. En 2001 et 2002, les bénéfices avaient chuté, mais aucun établissement financier n'avait annoncé de pertes. Faut-il alors se féliciter de cette insolente bonne santé, en considérant que c'est une bonne chose pour l'économie française ? Ces bénéfices paraissent cependant louches, comme si une géniale martingale avait été mise au point. Et on peut légitimement se demander si les banques ne se seraient pas en fait entendues entre elles pour faire prospérer leur rente de situation : il est quasiment impossible, réglementairement et du point de vue économique, à un nouvel entrant de venir bousculer le jeu établi. Et si elles avaient fini par oublier leurs missions (le financement de l'économie via l'emprunt, ou la proposition de services compétitifs à leurs clients), en évitant ainsi habilement toute prise de risque ? Le premier soupçon est alimenté par l'énorme baisse du «coût du risque» à la Société générale et à BNP-Paribas. Cet élément financier désigne les provisions passées en prévision du non-remboursement d'un prêt. Leur évolution à la baisse s'explique, selon la Société générale, par un «environnement de crédit plus favorable» (des taux bas) mais aussi par des éléments structurels : une «amélioration des techniques de gestion» et une «couverture prudente des expositions à risque». Cela veut dire que, depuis des années, la Société générale fait plus attention quand elle prête de l'argent aux entreprises. Notamment aux PME, dont tous les rapports officiels soulignent la difficulté à trouver des financements. Les banques, elles, préfèrent tenir un autre discours. Les freins au financement des PME seraient dus à la «jurisprudence autour du soutien abusif», qui créé un «climat d'incertitude», dixit la Fédération bancaire française dans sa lettre du 30 décembre 2004. L'argument a été repris par le ministre de l'Economie, lors de sa conférence de presse de mardi détaillant ses grands projets. Il n'est pas très convaincant, puisque très peu de procédures aboutissent à la condamnation des banques, et que les amendes sont dérisoires (lire ci-contre). Les particuliers, un segment de clientèle qui a vu sa rentabilité augmenter de 12 % chez BNP et 10 % à la Société générale, peuvent aussi se demander à quoi servent les banques. Obligés d'ouvrir un compte pour recevoir leur salaire, ils doivent faire face à des frais en constante augmentation. Selon l'UFC-Que choisir, nombre de ces services - d'ailleurs souvent inutiles, mais présents dans des packages - ne coûtent rien aux banques. Un constat qui avait poussé Nicolas Sarkozy à demander l'ouverture de discussions entre associations et banquiers. Pire encore, les banques ne sont pas prêtes à faire le moindre geste commercial, comme celui de rémunérer les comptes courants. Car la mesure, tout juste autorisée, ferait baisser leur rentabilité. Selon une étude de JP Morgan, un  rémunération de 0,5 % des comptes courants pourrait affecter de 4,4 % le résultat du Crédit agricole. Pour leur défense, les banquiers assurent qu'ils n'ont pas senti de demande particulière de leur clientèle pour la rémunération des dépôts... Et expliquent que les tarifs pratiqués sont «dans la moyenne européenne». Une étude réalisée par Mercer Oliver Wyman place pourtant la France en deuxièm position pour la facturation des clients, hors crédit à court terme (aux alentours de 100 euros par an). Derrière l'Allemagne, mais devant l'Espagne, l'Italie, la Belgique ou le Royaume-Uni.


La Bourse de Paris termine au-dessus de 4.000 points
Vendredi 11 février 2005 (Reuters - 18:35)

PARIS - La Bourse de Paris a clôturé vendredi sur un plus haut depuis début juin 2002 après avoir franchi la barre des 4.000 points dans un marché moyennement actif qui a profité de sociétés ayant annoncé de bonnes performances 2004 et des dividendes confortables. Le CAC 40 a gagné 1,17% points à 4.016,75 points, son plus haut de clôture depuis le 17 juin 2006 (4010,36) mais dans un volume limité à 3,6 milliards d'euros sur un total de 4,5 milliards échangés à Paris. Sur la semaine, l'indice a progressé de 1,48% et, depuis le début de l'année, de 5,12%. L'EuroStoxx 50 (+1,19%), l'Eurofirst 300 (+0,58%), la Bourse de Londres (+0,1%) et celle de Francfort (+1,05%) ont tous touché des plus de deux ans et demi alors qu'à New York, l'annonce de la division par deux du titre Apple et un article du Wall Street Journal faisant état d'une fusion imminente de Verizon Communications et de MCI ont compensé des prévisions de CA T1 de Dell inférieures aux attentes. A l'heure de la clôture européenne, le Dow Jones gagnait 0,54%, le S&P 500 0,76% et le Nasdaq 0,84%. Le brut léger américain se traitait à 47,15 dollars le baril (+5 cts) et le dollar autour de 1,2860 pour un euro . Les valeurs défensives ont été en tête des hausses en Europe, avec un gain de 1,99% de l'indice DJ Stoxx des produits de base et de 1,7% de celui des services aux collectivités. Les valeurs bancaires étaient également bien orientées, surtout à Paris, l'indice DJ Stoxx des banques prenant 1,29%.


Entreprises riches, entreprises égoïstes

Les bénéfices records des grandes compagnies en 2004, souvent dus à des restructurations, bénéficient aux actionnaires au détriment de l'activité.

Par Laurent MAURIAC

vendredi 18 février 2005

Festival de profits pour les entreprises cotées au CAC 40. Hier, Total a enfoncé le record de bénéfice annuel pour une société française : 9,6 milliards d'euros. L'Oréal et Arcelor ont également annoncé des résultats spectaculaires (lire ci-dessous). En théorie, ce devrait être une excellente nouvelle pour l'économie française. Les étudiants en sciences économiques n'apprennent-ils pas que «les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain qui créeront les emplois d'après-demain», selon la formule popularisée par l'ancien chancelier allemand Helmut Schmidt ? C'est sans compter la frilosité des grands groupes français. Plutôt que de profiter de leur trésor de guerre pour investir, embaucher ou satisfaire des revendications salariales, ils préfèrent récompenser leurs actionnaires. C'est ainsi que la courbe des dividendes s'envole avec celle des profits : + 15 % pour Total, + 12,3 % pour L'Oréal... Certains, comme Bouygues ou Unibail, en rajoutent en distribuant des «superdividendes». La plupart des grandes entreprises rachètent en outre leurs propres actions, une opération purement financière qui vise à doper le cours de Bourse et à faire plaisir aux actionnaires.

«Frilosité». Satisfaire les marchés financiers au détriment de l'activité, cette attitude finit par rassembler dans la même inquiétude syndicalistes et économistes. Dans une étude de septembre 2004, la société de Bourse Cheuvreux dénonce «l'aversion au risque des entreprises». «La génération de cash-flow excédentaire est à des niveaux record et son utilisation par les entreprises reste frileuse, le retour aux actionnaires et surtout la réduction de la dette prenant le pas sur les investissements tant industriels que financiers», note l'étude, ce qui met en cause «la pérennité de la croissance». L'économiste Patrick Artus (banque Ixis) y voit quant à lui le signe d'un «capitalisme sans projet». Une situation d'autant plus préoccupante que l'ampleur des profits résulte dans une large mesure des restructurations et des suppressions de postes décidées ces dernières années. Jean-Christophe Le Duigou, secrétaire confédéral de la CGT, dénonce les «35 milliards d'euros de dividendes» et «près de 8 milliards» versés «en rachat d'actions» par les entreprises du CAC 40, alors que le pouvoir d'achat des salariés ne décolle pas. Tout en annonçant ses résultats record, Total prévoit toujours de supprimer 548 postes dans son pôle chimie...

Flatterie. Le constat est donc partagé : les grandes entreprises renoncent à prendre des risques sur des projets à long terme et préfèrent flatter leurs actionnaires. Dans d'autres pays, un tel calcul pourrait au moins profiter à la consommation. C'est ainsi qu'aux Etats-Unis, le versement par Microsoft d'un dividende exceptionnel de 32 milliards de dollars a fait bondir les revenus des ménages de 3,7 % en décembre par rapport à novembre. En France, rien de tel. Les investisseurs étrangers détiennent près de la moitié de la Bourse de Paris. Ce sont eux les grands gagnants.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=276652


2004, cru exceptionnel pour le CAC40
Vendredi 18 février 2005

L'Oréal, pour la vingtième année consécutive, a annoncé hier une hausse à deux chiffres de son résultat avant impôt et un bénéfice net en hausse de 143 % (3,63 milliards d'euros). Le groupe sidérurgique Arcelor a quant à lui multiplié par neuf son bénéfice net (2,31 milliards d'euros). Toujours hier, Schneider Electric a dévoilé une hausse de 30 % de ses profits (565 millions d'euros). L'année 2004 s'annonce comme un cru exceptionnel pour les entreprises du CAC 40, après les résultats spectaculaires déjà affichés par BNP-Paribas et Société générale.

http://www.liberation.fr/page.php?Article=276653


Panne d'idées

Par Gérard DUPUY
Vendredi 18 février 2005

 

Les plantureux bénéfices réalisés l'an dernier par les grandes entreprises françaises contrastent avec la grogne sociale qui a remis à la mode la question du pouvoir d'achat, mais aussi avec le lourd chômage obstinément collé autour du seuil de 10 %. Cela ressemble aux plus anciennes critiques du capitalisme : quand l'économie va mal, les salariés trinquent, quand c'est le contraire, on ne les invite pas à boire le champagne. Mais il ne faut pas sous-estimer la nouveauté de la situation. La modernité fait coexister des entreprises qui maîtrisent la course à la taille et à la rentabilité avec des pans entiers de l'industrie laminés par la concurrence internationale. La stabilité de la part des profits dans le PIB masque des écarts croissants entre secteurs d'activité. La question est posée de savoir si cette tête hypertrophiée pourra durablement reposer sur un tronc anémié, et comment elle le fera.

Cette interrogation rejoint une autre singularité de l'économie. Si les entreprises croulent sous le cash, elles semblent ne pas savoir qu'en faire. Les projets d'investissements ne suivent pas la capacité à les financer. Ainsi, alors même que l'innovation technique est reconnue, jusqu'au rabâchage, comme une des conditions impératives de la prospérité future, les entreprises françaises investissent peu dans la recherche et le développement. Quand Microsoft a versé récemment un dividende exceptionnel faramineux, des commentateurs y ont vu la preuve que Bill Gates était en panne d'idées pour l'avenir de sa boîte. Ce paradoxe s'applique peut-être collectivement au capitalisme français.

Ce qui est bon pour le CAC 40 n'est donc pas nécessairement bon pour la France. Certes, son modèle social redistributif repose sur la vitalité du secteur concurrentiel. Mais les performances des champions compensent mal les déboires des perdants et ne garantissent pas que le soleil est là pour longtemps. Qui a dit que la France avait le blues ?

http://www.liberation.fr/page.php?Article=276656


A qui profitent les profits ?
Par Laurent MAURIAC et Catherine MAUSSION
Vendredi 18 février 2005

Les profits s'accumulent. En théorie, les entreprises du CAC40 devraient les utiliser pour investir, financer des projets, construire leur avenir. Faute, selon elles, de perspective économique suffisamment solide, en ces temps de croissance économique molle, elles préfèrent achever de se désendetter, récompenser leurs actionnaires en distribuant des dividendes ou en rachetant des actions. Petit tour d'horizon du capitalisme petit bras qui tend progressivement à s'imposer en France.

Société générale - Tout pour l'actionnaire

Profits records et dividendes stratosphériques à la Société générale. Alors que le résultat net a progressé de 25,4 % en 2004 (3,13 milliards d'euros, le meilleur résultat de son histoire), la part redistribuée sous forme de dividendes aux actionnaires a cru plus fortement encore : 45 % des profits sont allés dans leur poche, le dividende bondissant de 32 %. Prélevé sur le bénéfice net, le dividende sert à rémunérer la participation au capital des actionnaires. La BNP, elle aussi en pleine forme avec un profit en hausse de 24,1 %, a relevé son dividende plus fortement encore, de 38 %.

Danone - Le rachat d'actions

Parmi les champions du rachat d'actions, la société de Bourse Chevreux (filiale du Crédit agricole) distingue le groupe agroalimentaire Danone, «extrêmement actif» en la matière. «On atteint 4 milliards d'euros depuis 1999», calcule Chevreux. En réduisant le nombre d'actionnaires se partageant les bénéfices distribués, le rachat de ses propres actions par une entreprise a pour conséquence d'augmenter la valeur des dividendes versés. Les entreprises espèrent ainsi séduire les investisseurs et doper leur cours de Bourse. Danone va pouvoir continuer dans cette voie. Le 11 février, le groupe a annoncé un bénéfice net en hausse de 9,3 % (917 millions d'euros). Les analystes estiment que Danone affiche la meilleure performance parmi les géants agroalimentaires européens. Seule réserve sur les résultats annoncés le 11 février : une provision exceptionnelle de 600 millions passée pour l'activité d'eau en bonbonne qui avait été annoncée fin janvier.

Arcelor - «Constituer un trésor de guerre»

Grandir «sans folie». Le bénéfice record annoncé hier par Arcelor ne doit pas conduire à «faire n'importe quoi», a averti le patron du groupe sidérurgique Guy Dollé. «Dans les périodes où l'on a les moyens, il faut faire attention à ne pas réaliser des acquisitions absurdes, estime-t-il. Nous devons aussi nous constituer un trésor de guerre pour les périodes moins favorables du point de vue du cycle, et donc plus favorables pour réaliser des achats.» Guy Dollé, qui a rappelé que les profondes restructurations engagées depuis 2002 s'étaient traduites par une diminution d'effectifs de 10 500 personnes (il en reste actuellement 94 600), a tout de même évoqué son intérêt pour des acquisitions dans plusieurs pays (Russie, Ukraine, Chine, Inde ou Turquie). Mais surtout pas trop vite.

France Télécom - Le désendettement

Prudence et petits pas. 15 % du cash-flow, c'est-à-dire de la manne dégagée par les activités super rentables de l'opérateur télécoms, est allé dans les poches des actionnaires. France Télécom promet de monter à 30 % ou 40 %, mais une fois seulement qu'il aura atteint ses objectifs de désendettement. L'actionnaire devra donc patienter. La dette qui culminait à 71 milliards d'euros il y a deux ans, s'établit encore à près de 44 milliards à la fin 2004. Le dividende a tout de même été doublé cette année, ainsi que la participation réservée aux salariés.

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