Cette
étude, réalisée par Thomas Piketty et Mathieu
Valdenaire ((École des hautes études en sciences sociales),
utilise les données du panel primaire 1997 et du panel
secondaire 1995 et exploite les discontinuités liées au
franchissement des seuils d'ouverture et de fermeture de
classes pour estimer l'impact des tailles de classes réduites
sur la réussite scolaire. Au niveau des écoles primaires, l'étude
met en évidence grâce à cette méthode des impacts positifs
nettement plus élevés que ceux supposés habituellement. Une
réduction d'un élève par classe de la taille de CE1 conduit
à une augmentation de 0,7 point du score obtenu par les élèves
défavorisés aux évaluations de mathématiques de début de
CE2. D'après ces estimations, la suppression de la légère
politique de ciblage des moyens actuellement en vigueur en
faveur des ZEP (taille moyenne des classes de 20,9 en ZEP,
contre 22,8 hors ZEP) conduirait à une progression de 14 % de
l'écart moyen de réussite scolaire entre écoles ZEP et
non-ZEP. Inversement, une forte politique de ciblage (réduction
supplémentaire de cinq élèves des tailles de classe en ZEP,
à moyens constants) conduirait à une réduction supplémentaire
de 46 % de l'inégalité de réussite scolaire. En utilisant
les mêmes méthodes pour les collèges et les lycées, cette
étude met en évidence des effets statistiquement
significatifs mais quantitativement plus faibles que dans le
primaire. La suppression des ZEP aboutirait à une
augmentation de l'inégalité de 10 % au collège et de 3 % au
lycée, et une forte politique de ciblage (cinq élèves de
moins en ZEP) conduirait à une réduction de l'inégalité de
22 % au collège et 4 % au lycée. Ces résultats indiquent
que des politiques réalistes de ciblage des moyens peuvent
avoir un effet considérable sur la réduction des inégalités
scolaires, mais que ces politiques gagneraient probablement à
se concentrer sur les plus jeunes élèves.
Les résultats
de cette étude n'engagent que leurs auteurs, et ne sauraient
en aucun cas engager la DEP.
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