PARIS, le 9 Mars 2005 

Conseil National des 8 et 9 Mars 2005

TEXTE ACTION

 

Dans l’Éducation Nationale, le gouvernement avance à marche forcée pour faire voter une loi que personnels, jeunes, parents contestent et combattent.

Cette loi s'inscrit dans le cadre des restrictions budgétaires en cours et anticipe celles programmées. Les cartes scolaires départementales sont marquées par une aggravation des conditions de scolarisation à tous les niveaux, un recul de la scolarisation en maternelle, une remise en cause de l'aide aux élèves en difficulté (RASED ...), une dégradation des remplacements, une réduction drastique de la formation continue... Les écoles de ZEP, de REP, de zones économiquement sinistrées, de même que des écoles en milieu rural ne sont pas épargnées.

C'est dans ce contexte que le Parlement examine le projet de loi Fillon.

L'Assemblée Nationale a confirmé les principales dispositions d'un projet dont toutes les organisations syndicales ont demandé l'abandon. Les députés dans la précipitation de la procédure d'urgence ont adopté une loi qui renonce à la réussite de tous et, loin de combattre les difficultés, adapte l'École à toutes les inégalités en faisant le choix de laisser des milliers de jeunes au bord du chemin.

Toutes les propositions formulées par les personnels en faveur de la réussite des enfants et des jeunes : développement du travail en équipe, plus de maîtres que de classes, développement de la formation continue ... ont été ignorées.

Aujourd'hui, le nombre officiel des chômeurs a passé la barre des 10 % pendant que les grandes entreprises annoncent des profits records, sans qu'elles aient besoin de prévoir de les redistribuer à d’autres qu'aux actionnaires. Un chiffre est passé inaperçu, c'est celui des chômeurs indemnisés. Depuis 1 an, il diminue de 2 %. Pour les indemnisations ASSEDIC c'est même 3 %. Le nombre de chômeurs en formation baisse de 3,5 %. Toutes ces baisses sont concentrées sur les derniers mois.

Plus de chômeurs, moins d'indemnisés, l'écart c'est encore plus d'exclusion. Cette politique ne crée pas d’emplois, modifie la répartition des richesses au détriment des salariés. Cette politique détruit les solidarités, elle accroît les inégalités.

Pour maintenir la paix sociale, le gouvernement développe le tout sécuritaire (centres fermés pour les jeunes délinquants, protocole école/police, opérations de sécurisation aux abords des établissements ...).

Le rapport Benisti décrit, quant à lui, le parcours inéluctable du futur délinquant depuis le berceau !

Au niveau de la Fonction Publique, les projets sont nombreux (pacte, refonte des corps dans des cadres statutaires, salaire trinôme ou au mérite ...).

En ce qui concerne, la question des services publics (écoles, poste, perceptions ...) surtout dans le rural, l'inquiétude est grande, et justifiée. La mobilisation de Guéret le prouve.

La mise en place d'une Conférence nationale des services publics en milieu rural par le Premier Ministre, même si elle risque de ne pas déboucher sur grand chose de concret, montre bien que la pression est forte.

 

Le gouvernement reste totalement sourd aux revendications salariales des fonctionnaires. La remise en cause du code du travail, celle des statuts et des services publics relèvent d'une même politique de régression sociale.

La volonté de remise en cause des 35 h. et la dégradation supplémentaire des conditions de travail menacent aussi bien le public que le privé.

La lutte pour l’emploi et contre la précarité concerne tous les salariés, ceux du privé et ceux du public.

Les mobilisations se sont multipliées : la grève massive de la Fonction Publique du 20 Janvier, la réussite des manifestations interprofessionnelles du 5 Février, l'engagement des personnels de l'Éducation Nationale dans ces mouvements et dans les mobilisations cartes scolaires dans les départements, le démarrage du mouvement lycéen ... ont contribué à la convergence de l'appel à la grève le 10 Mars de toutes les organisations syndicales.

 

Au lendemain de la journée de mobilisation réussie des lycéens du 8 Mars, le SNUipp appelle les personnels des écoles à poursuivre la dynamique enclenchée en assurant la réussite de la grève du 10 Mars.

Il appelle les personnels à débattre lors des Assemblées Générales du 10 Mars des suites de l'action (grève, manifestation, rassemblement ...) et, particulièrement dans l'Éducation, des possibilités d'une nouvelle étape rapide de mobilisation. Le SNUipp et la FSU apprécieront, dès le 10 au soir, les possibilités de poursuite de l'action. Le SNUipp appelle notamment à faire du 15 Mars, à l'occasion du début de l'examen du projet de loi par le Sénat, une journée de mobilisation pour l'abandon de la loi Fillon, pour un autre budget et pour exiger d'autres choix pour l'école.

Le SNUipp considère urgent d'organiser une manifestation nationale pour l'École avant les vacances de Printemps pour obtenir les moyens de la réussite de tous les élèves. Avec la FSU, il propose de mettre en débat les modalités de son organisation en recherchant l'unité la plus large et en concertation avec les organisations de parents et de lycéens.

Par ailleurs, le SNUipp demande à la FSU de prendre tous les contacts unitaires pour poursuivre l'action dans le cadre de la Fonction Publique mais aussi plus largement en associant les salariés du privé et du public.

 

École maternelle, IUFM, direction d'école, formation continue ...

L'école maternelle fait aussi les frais de la politique de redéploiement. C'est pourquoi le SNUipp appelle à diffuser largement l'adresse unitaire à l'opinion et aux élus : « L'école, ça commence à la maternelle ».

Compte-tenu des menaces qui pèsent sur l'avenir des IUFM, le SNUipp appelle les personnels formateurs, stagiaires, étudiants à se réunir les 10 ou 11 Mars.

Depuis 5 ans l'action en faveur de la direction et du fonctionnement de l'école se poursuit en faveur d'attribution de temps, de revalorisation indiciaire et d'assouplissement d'accès à la fonction. A la suite de l'action de blocage administratif et des initiatives (semaine sans directeur, rassemblements, pétitions, ...) le ministère a présenté, au cours de deux réunions, des propositions en affichant la volonté de sortir d'un conflit qui les gène.

Elles consistent en une augmentation de l'indemnité de sujétion spéciale pour tous les directeurs, une augmentation de 10 points de bonification indiciaire pour les directeurs d'école aux écoles de 10 classes et plus ainsi qu'un groupe de travail sur la direction et le fonctionnement de l'école. Le montant des ces mesures (12 millions d'Euros) est à mettre en rapport avec les mobilisations. Le Conseil National rappelle qu'il faut traiter simultanément la question de la direction et celle du fonctionnement de l'école. Il rappelle que la question du temps est prioritaire pour les personnels. Il décide de proposer aux autres organisations syndicales de consulter la profession et de  prévoir de nouvelles initiatives d'action.

Les régressions sur la formation continue s'amplifient. Face à l'absence des questions de formation continue sur le temps de service dans la loi d'orientation et aux inquiétudes posées par l'introduction du projet personnel de formation (20 heures hors temps de travail rémunérées), le SNUipp prendra dans les prochaines semaines des contacts avec les autres organisations syndicales pour mettre en place une campagne unitaire (adresse aux collègues, pétition nationale ...) pour défendre le droit à la formation continue sur le temps de travail.

 

Gestion des personnels ...

Dans le domaine de la gestion des personnels, le SNUipp dénonce la suppression des postes administratifs et des réductions de budget de fonctionnement qui conduisent les inspections académiques, sous couvert d'informatisation, à ne plus assurer l'information des personnels sur des aspects importants de leur carrière (mouvement, temps partiel ...). Il s'adresse au Ministère pour exiger le rétablissement de mesures garantissant l'égalité de tous dans l'accès à l'information administrative. Dans un registre similaire il s'inquiète de la mise en place de différents fichiers informatiques non anonymés sur les élèves ou les personnels(notamment pilotage des projets annuels de performance ...).

 

Lundi de Pentecôte ...

En ce qui concerne le lundi de Pentecôte, le SNUipp demande à la FSU de prendre contact avec les autres organisations syndicales afin de proposer des modalités d'une initiative nationale qui permette aux salariés d'exprimer son désaccord avec cette mesure.

 

Pour une autre Europe, une Europe démocratique, d'égalité et de justice sociale

Le 19 Mars à Bruxelles.

Le SNUipp, avec la FSU, appelle à participer à l'euromanifestation du 19 Mars à Bruxelles, pour une autre Europe, sociale, solidaire, égalitaire et pacifiste.

Flexibilité, coupes budgétaires, réforme des retraites, déréglementation, aggravation des conditions de travail, réforme de l'assurance maladie, réforme de l'assurance chômage : toutes les régressions sociales actuelles sont coordonnées au niveau européen dans le cadre de la « stratégie de Lisbonne » qui sera à l'ordre du jour du prochain sommet de l'UE les 22 et 23 Mars prochain.

Dans le cadre de la mise en oeuvre de la stratégie de Lisbonne, les politiques éducatives dites européennes sont très présentes, ces politiques préconisent une conception d’une éducation soumise à la logique économique de la compétitivité, dominée par l’utilitarisme et l’individualisme (cf. les références au capital humain et à l’employabilité), ou la conception de la “gouvernance” du système éducatif selon la logique et les techniques managériales de l’entreprise. C'est d'ailleurs sur ces orientations que s'appuie Fillon pour légitimer son projet de loi.

C'est pourquoi le SNUipp et la FSU mobiliseront contre ce modèle social libéral, pour le rejet de la directive Bolkestein de libéralisation des services. Le SNUipp portera l'exigence d'une autre Europe, une Europe fondée sur les droits sociaux, les services publics, l'égalité et la justice sociale.

Sur l'Europe, le SNUipp considère qu'il appartient à l'organisation syndicale d'organiser la réflexion collective de la profession sur les questions qui sont liées à son champ d'intervention pour leur permettre de débattre et pour contribuer à éclairer le débat public.

Il le fait à partir de ses champs de responsabilité, de ses mandats, de sa conception du syndicalisme et de son expérience.

En donnant une valeur constitutionnelle à des choix de politique économique, exposés jusque dans les détails dans la partie III, ce Traité dénie aux peuples le droit de choisir souverainement l’orientation des gouvernements qu’ils élisent et constitutionnalise les orientations libérales.

Un mécanisme économique, la concurrence, est érigé en principe d’organisation de la société. Le “marché intérieur où la concurrence est libre et non faussée” est mis sur le même plan que des valeurs morales, des libertés politiques ou des objectifs sociaux (l’égalité, la solidarité, la justice, la cohésion sociale, …) dont on sait par expérience qu’ils sont peu compatibles avec une société fondée sur la concurrence.

Les services publics ne sont pas inscrits ni dans les valeurs, ni dans les objectifs de l’Union. Le Traité reprend pour l’essentiel les dispositions déjà en vigueur pour les services d’intérêt économique général (SIEG) reconnus par le Traité d’Amsterdam. Les SIEG restent soumis au droit de la concurrence, et peuvent au mieux avoir un statut dérogatoire, soumis à l’interprétation des institutions européennes. Ils ne sont jamais définis par des principes et des critères positifs résultant de la délibération démocratique et du choix des citoyens.

La logique générale du Traité conduit à faire prévaloir la conception libérale des services publics, celle du service universel. Cette conception, qui réduit le service public à destination des plus démunis, organise la société à deux vitesses, alors que par ailleurs le Traité affiche un objectif de cohésion sociale. Elle est aggravée par l’idée qu’une mission de service public peut être aussi bien assurée par un opérateur privé que public.

Le SNUipp estime que la concurrence fiscale conduit à l’affaiblissement des ressources publiques, ce qui ne permettra pas de développer la solidarité au sein des nations, ou entre les nations, ni de financer des grands projets d’éducation, de recherche et d’infrastructures, nécessaires au redressement de la croissance et au plein emploi.

Le Traité reprend en l’état la Charte des droits fondamentaux, adoptée à Nice, qui bien qu'elle affirme certains principes auxquels nous souscrivons, n'énonce que des principes généraux peu contraignants et des droits au rabais : «droit de travailler» contre le droit au travail, droit «à une aide pour le logement» contre le droit au logement. Rien sur le droit des femmes à disposer de leur corps, sur le droit au divorce, sur le droit à un revenu minimum, sur les droits des résidents non-membres de l’union ...

Des orientations politiques décisives sont choisies sans que les Parlements, les organisations syndicales et l’ensemble des partenaires ne soient saisis. Ainsi, si le SNUipp ne conteste pas le projet d'une coopération au niveau européen dans le domaine de l'Éducation, il conteste le déficit démocratique dans lequel s'élaborent les politiques éducatives européennes.

Le préambule, et surtout l’article 51-3, posent des problèmes sérieux au regard des principes de laïcité que la FSU défend. Ce texte consacre des orientations qui vont à l'encontre d'une Europe de la justice, des droits, du plein emploi, du progrès social, d'une Europe démocratique, c'est pourquoi le Conseil National du SNUipp a longuement débattu du projet de traité constitutionnel européen et de l'expression du syndicat, il a réaffirmé son profond désaccord à la constitution. Sans donner de consigne de vote, il continue à exprimer sa condamnation et son rejet de la Constitution.

Le SNUipp informera publiquement de cette position. Il poursuivra cette campagne d'information et de dénonciation (RIS, Assemblées, presse ...), et participera aux mobilisations et initiatives qui vont dans le sens d'une autre Europe, une Europe démocratique, sociale et plus juste.

Pour : 88
Contre : 1
Abstentions : 21
Refus de vote : 0