Texte action du Conseil National du SNUipp-FSU
18 juin 2003


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PARIS, 18 juin 2003

Texte action

 

L’Education connaît un mouvement social exceptionnel : il l’est par sa durée, l’implication majoritaire des personnels et notamment les jeunes, son caractère unitaire et les convergences entre les personnels. Il l’est également par sa remise en cause des grandes orientations libérales, par les valeurs dont il est porteur, articulant les revendications en matière d’éducation, et notamment la lutte contre les projets de décentralisation et contre le projet Ferry sur les universités, les revendications contre le plan Fillon et pour une autre réforme des retraites. Ce mouvement a permis une contestation de la mondialisation libérale et de ses institutions (OMC, AGCS…) au travers de la défense des solidarités sociales (services publics et protection sociale de qualité pour tous).

Les personnels ont aussi montré leur capacité à nouer des liens étroits avec les autres catégories sociales et professionnelles, avec les parents d’élèves et à mener la bataille de l’opinion ; celle-ci se traduit par un soutien large.

 

La FSU et le SNUipp, grâce aux débats qu’ils ont mené, se sont efforcés de jouer tout leur rôle dans la construction de ce mouvement en recherchant sans cesse l’unité tant au plan de l’éducation et de la recherche qu’au plan interprofessionnel, en appelant les personnels à décider de reconduire les grèves en assemblées générales, en articulant temps forts et grève reconductible, en fournissant aux personnels en lutte et à l’opinion des arguments et des analyses. Ils se sont placés dans la perspective d’un mouvement inscrit dans la durée au plan de l’éducation et de la construction d’un puissant mouvement interprofessionnel avec pour objectif la grève générale interprofessionnelle. Celle-ci n’a pu se concrétiser malgré des grèves et des actions multiformes concernant de nombreuses catégories de salariés dans bien des départements.

 

Dans l’éducation, ce mouvement a contraint le gouvernement à de premières concessions : l’abandon des transferts des CO-Psys, assistantes sociales, médecins  scolaires et les premières modifications apportées au projet de loi (article additionnel, abandon de l’expérimentation). Cela constitue un premier coup d’arrêt à une logique d’éclatement du caractère national du service public d’éducation.

Mais en même temps, le maintien du transfert des 90 000 TOS et de leurs missions reste totalement inacceptable. Les projets de décentralisation ne sont pas retirés dans l’éducation, sont maintenus en l’état dans les autres secteurs (culture, PJJ…)

Le projet de loi sur l’autonomie des universités a dû être reporté mais reste pour le Ministre la base de discussion. Les moyens budgétaires dégagés restent limités et imprécis. Le gel des crédits d’enseignement supérieur et recherche est maintenu. Le dossier des surveillants et des AE et celui de la précarité restent en l’état.

Enfin, le gouvernement, en dépit de quelques aménagements, continue de vouloir faire passer en force son projet de réforme des retraites.

Dans la même logique, il n’a pas hésité non plus à procéder à des interpellations policières brutales lors, ou à la suite, de plusieurs manifestations. Le SNUipp s’oppose à toute tentative de judiciarisation de l’action syndicale.

 

Dans un contexte de contestation forte de ses projets, le MEN ouvre des discussions sur la « loi d’orientation » et les objectifs assignés à l’Ecole ; nous avons la responsabilité de faire en sorte que le débat ne soit pas dévoyé et permette de fixer des objectifs ambitieux à l’ensemble du système éducatif y compris dans l’enseignement agricole public qui continue à être ignoré par le gouvernement. La FSU et le SNUipp continueront à porter dans ce cadre ses propositions de réussite de tous les jeunes et d’avancer des solutions adaptées à ses objectifs de transformation de l’école.

 

Tout cela implique une poursuite de la mobilisation s’appuyant sur la force du mouvement et sur le soutien de l’opinion.

 

Pour la FSU et le SNUipp, faire reculer le gouvernement imposera de hausser encore le rapport de forces et conforter la mobilisation avec un double objectif : élargir les premières brèches et surtout obtenir le retrait des projets que nous contestons et des négociations pour une réforme des retraites  sur d’autres bases prenant en compte les propositions alternatives que le SNUipp et la FSU feront avec d’autres forces.

 

La poursuite du mouvement est d’autant plus nécessaire que la rentrée scolaire et universitaire risque d’être marquée par des difficultés accrues, que la question des salaires n’est toujours pas abordée et que le gouvernement projette de nouvelles régressions dans d’autres domaines aussi essentiels que la protection sociale.

Nous pouvons nous appuyer à la fois sur la force du mouvement actuel, les liens qu’il a permis de tisser entre catégories professionnelles et sur le soutien de l’opinion qu’il a acquise.

 

La FSU et le SNUipp continueront à jouer tout leur rôle et à proposer aux autres forces syndicales au plan de l’Education et à celui de l’interprofessionnel de construire le niveau de mobilisation nécessaire à la fois sur l’éducation, les retraites, la protection sociale, pour le plein emploi, les salaires et de manière plus large pour une répartition plus juste des richesses produites.

 

Pour la protection sociale, sur la sellette dès la rentrée, la FSU et le SNUipp proposeront à l’ensemble des organisations syndicales de se rencontrer pour élaborer des propositions et construire l’action.

 

Le SNUipp appelle les personnels à assurer le succès de la journée de grève et de manifestations du 19 juin et maintenir la pression en prenant en charge des initiatives unitaires diversifiées dans les prochaines semaines, en continuant à mener une campagne d’opinion active et en faisant en sorte que très vite l’adresse unitaire aux parlementaires lancée par CGT-FO-UNSA et FSU soit massivement signée. Il propose aux personnels de renvoyer à son expéditeur la lettre du Premier Ministre.

Le SNUipp propose aux différents partenaires, chaque fois que cela est possible, d’utiliser différentes formes d’initiatives (Tour de France, 14 juillet, festivals…) pour continuer à mener des actions unitaires permettant de populariser nos revendications pendant la période estivale.

 

Dès la rentrée scolaire, le SNUipp exigera toute la transparence sur le remplacement des aides éducateurs, sur le dégel des crédits pédagogiques et de formation continue ainsi que sur l’annonce ministérielle de dédoublement de 2000 CP. Il poursuivra la campagne en faveur de la scolarisation en maternelle, notamment avec le 4 pages unitaire et l’action dans les IUFM pour le développement et l’amélioration de la formation initiale et continue.

 

La plupart des assemblées générales ont suspendu la grève reconductible tout en affirmant leur détermination à poursuivre l’action. Le Conseil National du SNUipp se prononce pour la tenue d’assemblées générales unitaires le jour de la pré-rentrée. Elles feront le point et débattront de la situation des cartes scolaires, du remplacement des aides éducateurs et éventuellement des premières informations budgétaires pour 2004 ainsi que des propositions ministérielles en matière de retraites (vote de la loi Fillon, rachat d’étude, CPA…) et elles se prononceront sur les suites de l’action. Le SNUipp propose que l’intersyndicale éducation se réunisse dès la rentrée pour faire le bilan de la situation et des indispensables actions à engager.

 

Ce puissant mouvement pose d’importantes questions au mouvement syndical. Celui-ci a réussi à maintenir et même renforcer une pratique unitaire durant cette mobilisation, particulièrement dans l’éducation nationale. Les plates-formes syndicales, les stratégies d’actions ont été largement débattues par les personnels.

Il est vital de favoriser toutes les voies permettant la poursuite de cette unité par le débat et l’action commune. La FSU devra prendre des initiatives en ce sens.

Pour 84  contre 1 abstention 1