Retraites

Faux problèmes, vrais enjeux


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SNUipp
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Il ne se passe pas un jour sans qu’une déclaration n’ait lieu sur le caractère inéluctable de mesures douloureuses à prendre : partir plus tard, cotiser plus longtemps, réduire le montant de la pension, recourir au bas de laine pour préparer l’avenir.
Dans les écoles, les discussions vont bon
train. Il n’est pas un seul enseignant qui ne soit attaché au système que nous connaissons. Et la volonté d’agir pour le préserver voire l’améliorer est bien présente.

Mais en même temps le besoin de comprendre s'exprime partout.
Quels sont les vrais enjeux,
quels sont les faux problèmes, quelles sont les perspectives ? C’est à ce questionnement que le SNUipp veut s’attacher à répondre.

Les évolutions démographiques à long terme posent indiscutablement des problèmes nouveaux à la société. Mais il sont maîtrisables.

La publication que vous avez entre les mains ne vise pas à l’exhaustivité mais cherche à pointer les principales questions qui se posent et à y apporter des réponses.

Elle est aussi un appel à agir. Le 1er février dans l’unité syndicale et après...

En savoir plus : la FSU publie une brochure qui fait le point sur toutes ces questions. Vous pouvez vous la procurer auprès de la section du SNUipp du Var.

 

Nos propositions 

Pour consolider les régimes de retraites, pour développer les solidarités entre les générations et les professions, le SNUipp et la FSU formulent d’autres choix :

• Assurer un haut niveau de retraite en garantissant un taux de remplacement (pourcentage du dernier salaire) de 75 %.

• Garantir pour les salariés du privé comme du public la retraite à 60 ans à taux plein avec 37,5 annuités, permettant des possibilités de choix individuels.

• Garantir le pouvoir d’achat des retraites en le liant à l’évolution des salaires.

• Prendre en compte certaines périodes (études, stages, congé parental…) comme l’est actuellement le service national dans le calcul des annuités.

• Supprimer les inégalités pesant sur les pluri-pensionnés (travail dans le privé puis dans le public au cours d’une carrière).

Pour cela, il faut ouvrir dans le même temps un débat sur les moyens de financement qui permettront à l’avenir de consacrer de façon juste une part croissante de la richesse nationale aux retraites, en y faisant mieux contribuer les employeurs et en adoptant des modes de prélèvement qui favorisent l’emploi.

La retraite c’est quand ?

Comme tout fonctionnaire, un enseignant du premier degré acquiert le droit à pension après 15 ans de services. Il peut en bénéficier à 60 ans (55 ans pour les instituteurs qui comptent 15 ans de service actif et sans condition d’âge pour les mères d’au moins trois enfants).

Et en retraite, il perçoit une pension ?

Le montant de la pension dépend du nombre d’annuités effectuées. Pour connaître le taux de sa pension, il faut multiplier le nombre d’annuités par deux. Exemple : Madame X. part en retraite avec 36 annuités, le taux de sa pension (taux de remplacement du dernier salaire) à condition qu’il ait été perçu pendant six mois, s’élève à 36 X 2 = 72 %.

En fait la retraite du fonctionnaire est la continuation du traitement.

 

Et le salarié du secteur privé ?

Sa retraite est payée par une caisse de retraite du régime général de la Sécurité sociale et une complémentaire (ARRCO ou AGIRC), alimentées par des cotisations.

Jusqu’à 1993 son montant était calculé sur les 10 meilleures années, avec un taux de remplacement de 80 %, après 37.5 annuités de cotisation et indexé sur les salaires des actifs. Avec des régimes différents, les situations des salariés des secteurs public et privé étaient équivalentes : les taux de remplacement étaient voisins.

Pendant l’été 1993, le Premier ministre de l’époque a réformé le régime général sur la base de 40 annuités, et progressivement, ce sont les 25 meilleures années qui sont prises en compte (le salaire moyen de référence est évidemment plus faible). De plus les pensions sont indexées sur les prix et non plus sur les salaires. La combinaison de ces mesures entraînera à terme, si rien n’est fait, une perte moyenne de 20 % pour les retraités du privé !

Public, privé, solidarité !

Jusqu’en 1993, dans l’ensemble, les conditions de départ à la retraite des salariés du privé et de ceux du public étaient similaires. Depuis la réforme Balladur de 1993, la situation se détériore pour les salariés du privé et cela va continuer. Le Médef prône de nouvelles régressions pour les salariés du privé, et dans le même temps demande qu’on traite de la même manière les fonctionnaires et les salariés du secteur public. Au nom de l’égalité…

Contrairement à 1995, les négociations qui vont s’ouvrir ne concernent pas uniquement le public mais également le privé. Tout le monde est concerné. La solidarité «public-privé» doit jouer.

Il s’agit de revenir sur les régressions de la réforme Balladur et de conforter l’avenir de tous les régimes.

Parti à temps ?

Alain Juppé vient de prendre sa retraite…à 57,5 ans. Comme quoi on peut prôner l’allongement de la durée de cotisations pour les autres…

Démographie
Un choc ou une évolution ?

Deux éléments vont modifier les évolutions démographiques. Le départ à la retraite à partir de 2006 des générations nombreuses des «baby-boomers» (due à l’augmentation des naissances à l’après guerre), mais aussi et surtout, un facteur plus progressif et irréversible, l’allongement de la durée de vie. Les projections réalisées par le Conseil d’orientation des retraites, montrent ainsi que le rapport entre les actifs et les retraités passera dans 40 ans de 4 sur 10 à 7 sur 10. Évidemment, cela pose la question du financement des retraites dans l ’ avenir. Y répondre nécessite en premier lieu de mettre fin au chômage ou au temps partiel imposé. Des ressources nouvelles seront ainsi dégagées. Commençons par là !

La productivité croît en moyenne de 2 % par an. La société peut faire le choix de consacrer une part plus importante de la richesse produite aux retraites. Maintenir le niveau des pensions nécessiterait ainsi que l’on consacre, selon le COR, de 16 % à 18 % du «produit intérieur brut» aux retraites, soit une augmentation de 6,5 % sur 40 ans. Entre 1959 et 2000, il y a eu un accroissement de 7 % sans que cela ne provoque de catastrophes....

Qui va payer la retraite de papa et de maman ?
Et la mienne ?

L’idée est souvent avancée qu’il serait nécessaire pour face aux évolutions démographiques de se constituer un bas de laine pour préparer l’avenir. Ce système est développé dans les pays anglosaxons avec les fonds de pension. Pas de solidarité entre générations, entre actifs et retraités. À chacun de se payer sa retraite. La faillite de grands fonds de pensions montre les limites et la fragilité de l’épargne individuelle.

En France, le principe est différent. Je cotise pour payer la retraite de mes parents qui eux-mêmes ont payé celle de leurs propres parents. Ce sont mes enfants qui cotiseront pour payer ma retraite. Ce qui sous-tend les divers système de retraites français c’est le principe de la «répartition» assurant la solidarité entre générations.

C’est cela qui a donné leur solidité à nos systèmes de retraite.