La
retraite c’est quand ?
Comme
tout fonctionnaire, un enseignant du premier degré acquiert
le droit à pension après 15
ans de services. Il peut en bénéficier à 60 ans (55 ans
pour les instituteurs qui comptent 15 ans de service actif
et sans condition d’âge pour les mères
d’au
moins trois enfants).
Et en retraite, il
perçoit une pension
?
Le
montant de la pension dépend du nombre d’annuités effectuées.
Pour connaître le taux de sa
pension, il faut multiplier le nombre d’annuités par deux.
Exemple : Madame X. part
en retraite avec 36 annuités, le taux de sa pension (taux
de remplacement du dernier salaire)
à condition qu’il ait été perçu pendant six mois, s’élève
à 36 X 2 = 72 %.
En
fait la retraite du fonctionnaire est la continuation du
traitement.
Et
le salarié du secteur privé ?
Sa
retraite est payée par une caisse de retraite du régime
général de la Sécurité sociale et une complémentaire (ARRCO
ou AGIRC), alimentées par des cotisations.
Jusqu’à
1993 son montant était calculé sur les 10 meilleures années,
avec un taux de remplacement de 80 %, après 37.5 annuités
de cotisation et indexé sur les salaires des actifs. Avec
des régimes différents, les situations des salariés des
secteurs public et privé étaient équivalentes : les taux
de remplacement étaient voisins.
Pendant
l’été 1993, le Premier ministre de l’époque a réformé le
régime général sur la base de 40 annuités, et progressivement,
ce sont les 25 meilleures années qui sont prises en compte
(le salaire moyen de référence est évidemment plus faible).
De plus les pensions sont indexées sur les prix et non plus
sur les salaires. La combinaison de ces mesures entraînera
à terme, si rien n’est fait, une perte moyenne de 20 % pour
les retraités du privé !
Public,
privé, solidarité !
Jusqu’en
1993, dans l’ensemble, les conditions de départ à la retraite
des salariés du privé et de ceux du public étaient similaires.
Depuis la réforme Balladur de 1993, la situation se détériore
pour les salariés du privé et cela va continuer. Le Médef
prône de nouvelles régressions pour les salariés du privé,
et dans le même temps demande qu’on traite de la même manière
les fonctionnaires et les salariés du secteur public. Au
nom de l’égalité…
Contrairement
à 1995, les négociations qui vont s’ouvrir ne concernent
pas uniquement le public mais également le privé. Tout le
monde est concerné. La solidarité «public-privé» doit jouer.
Il
s’agit de revenir sur les régressions de la réforme Balladur
et de conforter l’avenir de tous les régimes.
Parti
à temps ?
Alain
Juppé vient de prendre sa retraite…à 57,5 ans. Comme quoi
on peut prôner l’allongement de la durée de cotisations
pour les autres…
Démographie
Un choc ou une évolution ?
Deux
éléments vont modifier les évolutions démographiques. Le
départ à la retraite à partir de 2006 des générations nombreuses
des «baby-boomers» (due à l’augmentation des naissances
à l’après guerre), mais aussi et surtout, un facteur plus
progressif et irréversible, l’allongement de la durée de
vie. Les projections réalisées par le Conseil d’orientation
des retraites, montrent ainsi que le rapport entre les actifs
et les retraités passera dans 40 ans de 4 sur 10 à 7 sur
10. Évidemment, cela pose la question du financement des
retraites dans l ’ avenir. Y répondre nécessite en premier
lieu de mettre fin au chômage ou au temps partiel imposé.
Des ressources nouvelles seront ainsi dégagées. Commençons
par là !
La
productivité croît en moyenne de 2 % par an. La société
peut faire le choix de consacrer une part plus importante
de la richesse produite aux retraites. Maintenir le niveau
des pensions nécessiterait ainsi que l’on consacre, selon
le COR, de 16 % à 18 % du «produit intérieur brut» aux retraites,
soit une augmentation de 6,5 % sur 40 ans. Entre 1959 et
2000, il y a eu un accroissement de 7 % sans que cela ne
provoque de catastrophes....
Qui
va payer la retraite de papa et de maman ?
Et la mienne ?
L’idée
est souvent avancée qu’il serait nécessaire pour face aux
évolutions démographiques de se constituer un bas de laine
pour préparer l’avenir. Ce système est développé dans les
pays anglosaxons avec les fonds de pension. Pas de solidarité
entre générations, entre actifs et retraités. À chacun de
se payer sa retraite. La faillite de grands fonds de pensions
montre les limites et la fragilité de l’épargne individuelle.
En
France, le principe est différent. Je cotise pour payer
la retraite de mes parents qui eux-mêmes ont payé celle
de leurs propres parents. Ce sont mes enfants qui cotiseront
pour payer ma retraite. Ce qui sous-tend les divers système
de retraites français c’est le principe de la «répartition»
assurant la solidarité entre générations.
C’est
cela qui a donné leur solidité à nos systèmes de retraite.