Luc
Ferry, le philosophe ministre
Le
Monde - 08.05.02
En
désignant Luc Ferry ministre de la jeunesse, de l'éducation
nationale et de la recherche, Jacques Chirac et Jean-Pierre
Raffarin choisissent tout à la fois un représentant de la société
civile, vierge de toute carrière politique, et un fin connaisseur
de la Rue de Grenelle. Luc Ferry, 51 ans, n'est pas en
effet un technicien de l'éducation nationale mais un enseignant
et un intellectuel. Depuis huit ans, il préside le Conseil national
des programmes (CNP), un organisme indépendant et consultatif.
Depuis huit ans, il a composé, dans une alternance droite-gauche,
avec trois ministres successifs - François Bayrou, Claude
Allègre et Jack Lang -, démontrant une certaine capacité
d'adaptation.
Un
intellectuel, Luc Ferry l'est au sens classique du terme. Il
se présente d'abord avec le bilan d'un philosophe à l'œuvre
considérable et comme une personnalité engagée depuis longtemps
dans la vie publique. Ce professeur "grandiose", comme
le qualifie l'un de ses anciens élèves à la Sorbonne, n'a pourtant
pas connu une passion immodérée pour l'école. Adolescent, il
quitte même les bancs de l'institution pour suivre un enseignement
à distance. C'est ainsi, en solitaire, qu'il décroche son baccalauréat.
Il n'est pas non plus passé par la khâgne, ni par le moule des
grandes écoles (en l'occurrence Normale-Sup). Pur produit de
l'université, Luc Ferry fera ses études à la Sorbonne sous la
houlette du philosophe Heinz Wismann, qui l'envoie passer deux
semestres entiers en Allemagne à l'université d'Heidelberg et
guide sa thèse sur Fichte.
Titulaire
de deux agrégations (philosophie et sciences politiques), Luc
Ferry va s'associer très tôt, dès le milieu des années 1970,
aux efforts de ceux qui tentent d'exporter la philosophie hors
les murs de l'université. Au Collège de philosophie, dont la
première version avait été fondée par Jean Wahl, il pratique
la lecture et l'interprétation linéaire des grands textes en
public. Nul doute qu'il a en partie forgé là son style de penser
qui, selon Heinz Wismann, consiste à "mettre le capital philosophique
accumulé au service d'un travail de clarification, à injecter
de la philosophie là où il n'y en avait pas". Une démarche
parfois considérée comme une "trahison" par certains
universitaires de ses collègues.
La
connaissance la plus intime de la philosophie et de son histoire
s'allie chez lui à un certain goût pour la polémique servi par
une grande clarté d'écriture. En compagnie de celui qui fut
longtemps son coauteur, le philosophe Alain Renaut, Luc Ferry,
dont la spécialité est la philosophie politique, s'attache à
partir des années 1980 à une véritable entreprise de refondation
de l'humanisme, réhabilitant la notion de sujet qui avait été
malmenée par la "génération critique" réputée en avoir
proclamé la mort : celle des Michel Foucault, Gilles Deleuze,
Jacques Lacan, Jacques Derrida ou Pierre Bourdieu.... La
Pensée 68. Essai sur l'anti-humanisme contemporain (Gallimard,
1985), ouvrage par lequel Ferry et Renaut commençaient leur
"déconstruction de la déconstruction", est demeuré un
jalon important de l'histoire des idées en France. Et n'a pas
manqué de valoir aux auteurs de solides inimitiés...
Ferry
et Renaut, dans la foulée des manifestations étudiantes et lycéennes
contre le projet de loi Devaquet, n'en continuent pas moins
à pratiquer ce qu'ils appellent un "essai de philosophie
immédiate" avec leur 68-86, itinéraires de l'individu(Gallimard,
1986.) Quinze ans avant le "sursaut républicain"de mai
2002 contre Jean-Marie Le Pen, ils y constataient de façon prémonitoire
la montée en puissance des "valeurs civiques et républicaines",
dans lesquelles ils voyaient d'ailleurs un autre signe de rupture
avec la configuration intellectuelle des années 1960, laquelle
se préoccupait, selon eux, desdites valeurs comme d'une guigne !
Après Heidegger et les modernes (Grasset, 1988), les
signatures se séparent, mais sans que cela implique "aucune
prise de distance" amicale ni théorique, assure Alain Renaut.
Le duo iconoclaste des années 1980 va, du reste, prochainement
se reformer le temps d'un ouvrage à paraître aux Éditions Odile
Jacob consacré à l'enseignement de la philosophie.
Prolifique
dans son écriture, Luc Ferry est demeuré stable dans ses convictions
philosophiques : défense du sujet autonome et responsable
(contrairement à l'individu narcissique et solitaire), sens
de la morale, de la démocratie et humanisme déniaisé. Dans L'Homme-Dieu
ou le sens de la vie (Grasset), il plaide ainsi pour une
sagesse laïque. Ce modéré pourfend sans répit les symptômes
de radicalisme intellectuel. Ainsi, au début des années 1990,
s'attaque-t-il à la deep ecology américaine qui prétend
privilégier les droits de la biosphère sur les droits de l'homme
(Le Nouvel Ordre écologique. L'arbre, l'animal et l'homme,
Grasset, 1992, ouvrage pour lequel il obtient le prix Médicis
essai). Les écarts sont parfois chez lui vertigineux. Ce philosophe
qui a fait partie de l'équipe de traduction de Kant parue dans
"La Pléiade", se veut, depuis 1987, aussi journaliste à L'Express,
au Point et à Challenge. De même sera-t-il membre,
en janvier 1997, de la commission de réflexion sur la justice
installée par Jacques Chirac et présidée par Pierre Truche.
Sans attache partisane mais situé au centre droit, ce talent
protéiforme dont on dit qu'il apprécie le pouvoir, détonne dans
sa génération d'intellectuels médiatiques, plutôt marqués à
gauche et plutôt francs-tireurs.
Le
pouvoir, Luc Ferry s'en rapprochera lentement à partir de décembre
1993, date de sa désignation comme président du Conseil national
des programmes (CNP) par François Bayrou. "Luc Ferry est
un homme qui comprend l'évolution des peuples", dit aujourd'hui
le président de l'UDF de celui qui est devenu son ami et avec
lequel il entretient "une grande connivence intellectuelle"
(M. Bayrou est le parrain d'une de ses filles). Marque
de cette amitié, un Penser le changement publié sur Internet
quelques jours avant le premier tour de l'élection présidentielle
(www.bayrou.net). Avec Claude Allègre, qui l'a malgré tout reconduit
dans ses fonctions après l'expiration de son premier mandat
de cinq ans, les relations seront plus difficiles. Puis ce sera
Jack Lang, enfin, dont il se retrouve le successeur. "Luc
sait tenir tête mais possède un réel sens de la diplomatie",
affirme Jean-Didier Vincent, neurobiologiste réputé et vice-président
du CNP. "De toute façon, quand on a traversé l'épisode Allègre,
on peut tenir avec n'importe quel ministre !", sourit
cet homme de gauche. "C'est un cohabitationniste-né",
note pour sa part un membre du cabinet de M. Lang.
Le
président du CNP est, de fait, devenu un "collaborateur régulier"
de Jack Lang, selon un proche de l'ancien ministre, qui
salue la "loyauté absolue" de Luc Ferry. Lorsque M. Lang
travaillait sur les nouveaux programmes du primaire, le philosophe
a été appelé à donner son avis, recadrant les propositions du
recteur Joutard. Lorsque l'ancien ministre a fait élaborer un
résumé destiné au grand public sur les programmes du collège,
le président du CNP a repris la copie à plusieurs reprises avec
le cabinet. Jack Lang signe la préface, Luc Ferry l'introduction,
donnant naissance d'une même voix à un succès de librairie.
"Ils ont eu une relation de complicité", indique le biologiste
Jean-Didier Vincent (cosignataire avec Ferry de Qu'est-ce
que l'homme ? paru chez Odile Jacob, 2000).
Le
nouveau ministre a donc travaillé avec ses trois prédécesseurs
dans un poste inconnu du grand public mais toujours exposé.
Les 22 membres du CNP sont en effet chargés, depuis la
création de l'organisme en 1990, de donner leur avis sur les
projets de programmes scolaires. Cette fonction, très sensible
dans un ministère où la question des "savoirs" débouche
sur d'inévitables polémiques entre défenseurs de l'encyclopédisme
et partisans de programmes "recentrés" sur les fondamentaux,
requiert à coup sûr une certaine forme d'adresse. Le philosophe
a eu l'occasion de se frotter aux syndicats, aux associations
disciplinaires - dont la puissance est souvent méconnue -,
aux inspecteurs généraux, aux administrations centrales.
Avec
François Bayrou, Luc Ferry s'était engagé dans l'élaboration
d'un "livre scolaire unique" censé rompre avec la logique
disciplinaire des programmes. Le philosophe voulait alors insister
sur la notion de "socle commun" de connaissances et de
compétences que les élèves doivent acquérir."On a trop tendance
à fabriquer des programmes pour des professeurs ou de futurs
professeurs sans s'interroger sur le sens des contenus à transmettre,
sur leur intérêt intrinsèque et leur légitimité de fond",
expliquait-il dans un entretien au Monde en 1996 (23 avril
1996). Mais les groupes de pression disciplinaires font échouer
le projet.
Luc
Ferry persiste néanmoins à vouloir décloisonner les disciplines.
Il plaide pour l'"élagage"de programmes, qu'il juge "trop
lourds".Pour lui, il faut recentrer l'enseignement sur les
notions essentielles, malgré les critiques de ceux qui craignent
une "baisse du niveau" ou qui, à son grand agacement,
l'accusent de prôner un lycée "light". Il ne s'annonce
pas comme un "fonceur" sur le modèle de Claude Allègre.
"C'est quelqu'un qui aura un discours positif sur l'école,
qui saura parler de l'éducation nationale avec séduction et
rigueur", signale un collaborateur de Jack Lang. L'homme
n'est pas issu du sérail administratif, à l'instar de son ministre
délégué à l'enseignement scolaire, Xavier Darcos. "Ce n'est
pas un professionnel de la politique. Il a toujours dit qu'un
ministre doit afficher quelques priorités et s'y tenir",
rapporte un ami du philosophe, reconnaissant avoir évoqué cette
hypothèse ministérielle avec l'intéressé "il y a deux ou
trois mois". Parmi les dossiers qui lui tiennent à cœur
figurent le rétablissement de l'autorité à l'école et l'apprentissage
de la lecture.
CERTES,
Luc Ferry ne figurait pas en tête sur la liste des pressentis
pour la Rue de Grenelle. Il aura fallu que trois politiques
- Philippe Douste-Blazy, Jacques Barrot et Michel Barnier -
déclinent la proposition pour que le portefeuille de la jeunesse
et de l'éducation finisse par lui échoir. Mais Jean-Pierre Raffarin
avait déjà publiquement manifesté son estime pour l'intellectuel
dans son livre Pour une nouvelle gouvernance (Archipel)
où il rendait un hommage tout particulier à Luc Ferry. "Pourquoi
les intellectuels, les philosophes redeviennent-ils des observateurs
critiques de la société, écoutés par l'opinion ? Sans doute
parce qu'ils sont considérés comme des généralistes de la démocratie,
prenant ainsi le relais des partis qui n'osent plus en être
les interprètes", affirmait le futur premier ministre, qui
confie avoir"butiné" les travaux de Luc Ferry sur l'humanisme.
En
1996, dans L'Homme-Dieu, celui dont le patronyme évoque
une incertaine parenté avec Jules Ferry, le fondateur de l'école
républicaine, se demandait à propos de la politique en général :
"Retrouver du sens : la formule résonnera peut-être
comme un slogan dangereux ou vide. Combien de fois n'avons-nous
pas entendu nos politiques et, avec eux, quelques intellectuels,
évoquer la nécessité, que dis-je, l'urgence, de retrouver un
grand projet, réinventer la politique. (...) Et combien
de fois avons-nous eu l'envie de rétorquer, tout simplement :
faites donc, ne vous gênez pas ! Suivaient alors de sempiternelles
et creuses incantations à édifier une société-plus-solidaire-plus-juste-et-plus-humaine
qui luttera contre l'exclusion. (...)" "Soyons sincères,
écrivait-il encore, il n'est plus un homme politique,
plus un intellectuel qui puisse tenir aujourd'hui semblable
discours sans favoriser puissamment la tendance naturelle de
nos concitoyens au zapping... Les mots, si nobles soient-ils,
se sont usés." A la tête de son ministère, Luc Ferry le
philosophe saura-t-il en trouver d'autres pour que la question
du sens revienne "réenchanter" la politique ?
Éducation:
Jack Lang salue les qualités de son successeur Luc Ferry
09/05/2002
PARIS (AP) -- L'ancien ministre de l'Éducation Jack Lang
a salué jeudi «l'étendue et la profondeur de la culture» de son
successeur Luc Ferry, tout en soulignant «le paradoxe» de sa présence
dans un gouvernement de droite.
«Le
paradoxe, c'est que cet homme libéral d'esprit et ouvert appartient
à un gouvernement qui, dans les domaines de l'Éducation, de la
Culture et de la Recherche, a toujours été dans le passé un gouvernement
qui a restreint les moyens», a-t-il déclaré sur RTL, avant d'ajouter:
«mais enfin, il sera peut-être assez persuasif.»
Interrogé
sur son successeur, il a qualifié Luc Ferry d»'homme d'une haute
qualité intellectuelle». «Je n'oublie pas que j'ai bénéficié de
son concours intellectuel et créatif en sa qualité de président
du Conseil national des programmes», a-t-il ajouté, précisant
qu'ils ont travaillé ensemble sur deux réformes des programmes
de l'école et sur la rénovation du collège.
«J'ai
confiance que toutes ces réformes auxquelles nous avons travaillé
ensemble s'appliqueront à la rentrée prochaine», a-t-il poursuivi.
«J'en suis certain, parce que c'est un homme qui a le sens civique
et qui place, comme moi, au-dessus de tout, l'intérêt supérieur
des enfants, des professeurs, de l'éducation.»
L'ancien
ministre socialiste s'est dit «naturellement toujours disponible»,
si Luc Ferry «a besoin de quoi que ce soit». «Je l'ai toujours
fait d'ailleurs, avec d'autres gouvernements», a-t-il conclu,
en soulignant la nécessité d»'un sens de la solidarité nationale».
AP
Libération
Luc
Ferry
Ministre de la Jeunesse, de l'Éducation nationale et de la Recherche
Sans
doute la plus grosse surprise de ce gouvernement. Philosophe,
essayiste à succès et professeur d'université, Luc Ferry hérite
à 51 ans d'un gros ministère réunissant l'Éducation nationale,
la Jeunesse et la Recherche. Secrétaire général du Collège de
philosophie depuis 1974, membre de la Commission française pour
l'Unesco, cet admirateur de Raymond Aron avait été nommé par François
Bayrou en 1994 à la tête du Conseil national des programmes et
connaît bien les couloirs de la rue de Grenelle.
Chargé d'élaborer des réformes pour l'enseignement scolaire en
France, il a été maintenu à ce poste par Jack Lang et aura été
l'artisan des programmes scolaires élaborés sous la gauche. Touche-à-tout,
Luc Ferry est proche du courant centriste mais on ne lui connaissait
pas vraiment d'orientation politique jusqu'à aujourd'hui.
Spécialiste de sciences politiques, aussi à l'aise avec les chrétiens-démocrates
qu'avec la deuxième gauche laïque de la fondation Saint-Simon,
aujourd'hui dissoute, ce «passeur» s'était d'abord fait remarquer
dans les années 1980 en publiant un livre polémique sur la «pensée
68» dans lequel il stigmatisait l'anti-humanisme des principaux
maîtres à penser du gauchisme.
Il a notamment écrit sur l'écologie («Le Nouvel Ordre écologique»,
Grasset, 1992) la religion («L'homme-Dieu ou le sens de la vie»,
Grasset, 1996), l'esthétique et même la parité dont il dénonçait
les pièges... Chroniqueur dans de nombreux titres, cet intellectuel
proche des pouvoirs a paraît-il tapé dans l'œil de Jean-Pierre
Raffarin, séduit par son humanisme.
Il
sera censé incarner l'ouverture et la société civile. Luc Ferry,
51 ans, lauréat surprise, s'est fait connaître comme philosophe
tout terrain : auteur à succès couronné, entre autres, par le
prix Médicis, chroniqueur au Point, animateur télé sur
France 3 (Grain de philo) avec Sylviane Agacinsky. Son
ancrage à droite est discret. Intime de Bayrou, il a constamment
soutenu Chirac «Je l'aime bien : il est normal, ce qui est
rare chez les hommes politiques». Il préfère se définir comme
centriste «de gauche ou de droite, peu importe». Après
avoir essuyé deux refus pour la rue de Grenelle (Douste-Blazy
et Barnier), Jean-Pierre Raffarin s'est souvenu de Luc Ferry,
avec qui il a régulièrement conversé à l'occasion de rencontres
hebdomadaires dans le cadre de la préparation de son traité de
«nouvelle gouvernance».
Luc
Ferry est devenu célèbre en se faisant des ennemis. En 1985, il
publie avec Alain Renaut la Pensée 68. Scandale. «J'avais
l'impression que les critiques menées par Foucault, Bourdieu,
étaient potentiellement fascistes ; que cette génération avait
engendré la pire servilité. Mais ce livre, je l'ai traîné comme
un boulet. J'ai reçu des louanges de gens que je méprisais, des
insultes de gens que j'estimais», commentera-t-il. Depuis
1999, il est violemment mis en cause par les professeurs de philosophie
qui combattent un projet de réforme visant à promouvoir l'enseignement
d'une «philosophie inscrite dans notre époque». Car ce
double agrégé de philosophie et de sciences politiques est, depuis
1994, président du Conseil national des programmes. A ce titre,
il s'attire souvent l'hostilité des lobbies disciplinaires. Nommé
par François Bayrou, il a été confirmé par Claude Allègre comme
par Jack Lang. Hier, sa nomination rue de Grenelle a été accueillie
avec stupéfaction, incrédulité et parfois avec amusement. «Cet
homme a décidément une capacité d'adaptation prodigieuse»,
s'écriait hier un ancien collaborateur d'Allègre, qui n'a par
ailleurs «jamais clairement perçu» quelles étaient «les
opinions de ce philosophe insubmersible». En matière de politique
éducative, Luc Ferry est au moins resté fidèle à une idée forte
: depuis près dix ans, il assure qu'il faut travailler à l'élaboration
d'un «socle commun de connaissances». Au cours des derniers
mois, il a supervisé la refonte et l'écriture de nouveaux programmes,
de la maternelle jusqu'au collège, l'objectif étant de définir
ce que devra être la «culture générale» de l'honnête homme du
XXIe siècle. Ce projet est vivement critiqué par des enseignants
qui y voient une baisse généralisée des exigences de l'école.
Le nouveau ministre délégué, Xavier Darcos (RPR), n'est d'ailleurs
pas insensible à ces critiques. «Ferry rue de Grenelle, c'est
un peu un hommage rendu à l'action de Jack Lang», ironisait
hier un proche du ministre sortant.
A
l'Éducation nationale, la passation de pouvoir s'annonce tout
à fait cordiale.
Xavier
Darcos
Ministre délégué à l'Enseignement scolaire
S'il
s'agit de rassurer le milieu enseignant, le sénateur-maire (apparenté
RPR) de Périgueux (Dordogne), Xavier Darcos, fera l'affaire.
A
54 ans, cet agrégé de lettres classiques, biographe de Mérimée
et auteur d'un manuel d'histoire de la littérature, saura trouver
les mots justes. Pendant la campagne, il s'est fait le porte-parole
de l'exaspération enseignante. Xavier Darcos dénonce l'échec du
collège unique : il estime qu'il faut s'affranchir du dogme de
l'hétérogénéité des classes et envisager une orientation plus
précoce des élèves. Concernant le primaire, il demande que l'école
cesse «de courir tous les lièvres» pour se concentrer sur
les enseignements fondamentaux. Il faut, dit-il, «remettre
de l'école dans l'école». Directeur de cabinet de François
Bayrou entre 1993 et 1995, c'est un réaliste. «Il mesure très
bien ce qu'on peut faire et ce qu'on ne peut pas faire», dit
un syndicaliste manifestement très confiant.
François
Loos
Ministre délégué à l'Enseignement supérieur et à la Recherche
Député
du Bas-Rhin, François Loos est également premier vice-président
de l'UDF.
A
la tête du vieux Parti radical depuis 1999, il fut parmi les premiers
de son camp à lâcher François Bayrou pour Jacques Chirac. Né en
1953 à Strasbourg, il est ingénieur en chef des Mines, polytechnicien
et titulaire d'un DEA de mathématiques.
Entre
1984 et 1985, il a conseillé Hubert Curien, ministre de la Recherche
du gouvernement Fabius. Dans ce cadre, il a eu en charge les négociations
internationales sur les grands instruments scientifiques, le dossier
de l'invention et du lancement du programme Eurêka et de la réforme
du rôle des conseillers scientifiques. De 1985 à 1990, il a assuré
la direction du plan chez Rhône-Poulenc (spécialité chimique)
avant de devenir directeur d'usine puis secrétaire général de
la direction scientifique de l'entreprise.
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