
Article
du Canard Enchaîné
Hervé
Gaymard déménage
PARIS (AP)
- L'"affaire Gaymard" fait long feu. Après 24 heures
de polémique, le ministre français de l'Economie a annoncé mercredi
soir qu'il renonçait à occuper l'appartement de fonction de
600 mètres carrés mis à sa disposition par Bercy.Jean-Pierre
Raffarin a annoncé dans la foulée une modification des règles
relatives aux logements de fonction des membres du gouvernement.La
polémique commençait à prendre de l'ampleur. Dans son édition
de mercredi, "Le Canard enchaîné" a révélé qu'Hervé
Gaymard, son épouse Clara et leurs huit enfants occupent depuis
le 1er février un appartement de 600m2, car l'appartement de
fonction mis à leur disposition à Bercy serait "trop petit"
pour cette famille très nombreuse.Ce duplex est situé dans un
"immeuble de prestige" dans le "triangle d'or"
parisien, près de l'avenue Montaigne, dans le 8e arrondissement.
Le loyer, 14.000 euros par mois, est entièrement pris en charge
par l'Etat.Sans démentir ces informations, le cabinet du ministre
avait indiqué mardi soir que M. Gaymard avait respecté "scrupuleusement"
les dispositions légales concernant le logement des membres
du gouvernement.Cette ligne de défense n'a pas tenu devant l'avalanche
de réactions mercredi dans la classe politique. De nombreux
députés, et pas seulement à gauche, ont jugé choquantes ces
conditions de logement, au moment où le ministre de l'Economie
est censé défendre la maîtrise des dépenses publiques."Ce
n'est pas illégal, mais c'est un peu choquant que M. Gaymard,
qui se fait l'apôtre de la désintoxication des Français à la
dépense publique, ne cherche pas lui-même à se désintoxiquer",
s'est indigné le socialiste Arnaud Montebourg.Plus mesuré, le
patron du PS François Hollande a demandé que "la transparence
soit faite et que les Français soient informés de la manière
avec laquelle on dépense l'argent public". Le chef des
députés PS, Jean-Marc Ayrault, a donc envoyé une question écrite
au Premier ministre pour lui demander "un état précis et
détaillé des moyens financiers et matériels" à la disposition
des ministres.A droite, le député UMP sarkozyste Yves Jego s'est
dit "choqué" par le montant du loyer. "Il existe
à Bercy des appartements de fonction qui sont tout à fait aptes
à accueillir des familles", a-t-il rappelé.Devant cette
polémique qui rappelle l'affaire du logement d'Alain Juppé en
1995 -le Premier ministre était alors hébergé par la ville de
Paris- Hervé Gaymard a préféré renoncer à occuper son appartement
de fonction.Le ministre de l'Economie "a pris cette décision
dans le seul souci de mettre un terme au débat qui s'est développé
ces dernières heures et de préserver sa famille", selon
Bercy. Hervé Gaymard a néanmoins rappelé que "l'attribution
de ce logement a été autorisée par le secrétariat général du
gouvernement dans des conditions parfaitement conformes aux
procédures en vigueur".Dans la foulée, Jean-Pierre Raffarin
a annoncé que l'Etat ne financerait plus aucun appartement de
fonction d'une superficie supérieure à 80 mètres carrés pour
un couple, à laquelle pourra s'ajouter 20 mètres carrés par
enfant à charge. Les surfaces excédentaires seront à la charge
des ministres.Par ailleurs, le montant du loyer "ne devra
pas excéder la moyenne des prix du marché" et "sera
soumis à une vérification par le service des domaines, puis
à l'autorisation du secrétariat général du gouvernement".Ces
instructions complètent la circulaire signée le 10 mai 2002
par le Premier ministre sur les conditions de logement des membres
du gouvernement qui ne disposent pas d'un appartement de fonction
dans les locaux de leur ministère.Les membres du gouvernement
concernés par ces nouvelles instructions "devront se mettre
en conformité avec ces nouvelles règles dans un délai de deux
mois". Hervé Gaymard a donc deux mois pour se trouver un
nouvel appartement. AP
Appartement
Gaymard: Raffarin tente de désamorcer la polémique
PARIS (AFP)
- Jean-Pierre Raffarin a réagi sans tarder mercredi pour tenter
de désamorcer la polémique sur l'appartement d'Hervé Gaymard,
en modifiant les règles sur les logements de fonction ministériels
tandis que son ministre de l'Economie annonçait son déménagement.Le
Premier ministre a indiqué dans un communiqué, le jour même
où Le Canard Enchaîné révélait que M. Gaymard s'était installé
avec sa femme et leurs huit enfants dans un appartement de 600
m2 dans le VIIIè arrondissement de Paris pour un loyer mensuel
de 14.000 euros, que "la prise en charge par l'Etat"
se limiterait à 80 m2, plus 20 m2 par enfant à charge.
Les révélations
du Canard ont aussitôt provoqué de vives critiques de la gauche
et embarrassé la droite, inquiète des réactions de l'opinion
publique, encline à vilipender tout ce qui peut s'apparenter
à des privilèges réservés au pouvoir. Devant
le risque que cette affaire ne prenne de l'ampleur, le ministre
de l'Economie a d'abord annoncé en fin de journée qu'il "renonçait"
à occuper l'appartement concerné. La veille, son cabinet s'était
borné à souligner que la location de celui-ci avait été faite
"conformément aux procédures en vigueur" pour le logement
des ministres. M.
Raffarin prenait ensuite le relais en modifiant une circulaire
signée le 10 mai 2002, soit quatre jours après sa prise de fonctions,
sur les conditions d'hébergement des ministres ne disposant
pas d'un logement de fonction dans leur ministère. Selon Matignon,
cette circulaire était identique à celle signée en 1997 par
son prédécesseur Lionel Jospin. Au-delà
des limites définies, "les surfaces excédentaires seront
à la charge du membre du gouvernement", a-t-il ainsi décidé,
en notant au passage avoir agi "en accord avec le ministre
de l'Economie". "Le
montant du loyer ne devra pas excéder la moyenne des prix du
marché et sera soumis à une vérification par le service des
domaines puis à l'autorisation du secrétariat du gouvernement",
a-t-il ajouté. Les
membres du gouvernement concernés devront se mettre en conformité
avec ces nouvelles règles "dans un délai de deux mois",
a-t-il encore stipulé. Quelques
heures auparavant, dans les couloirs de l'Assemblée, les députés
de droite cachaient mal leur malaise, un élu UDF estimant que
cette affaire allait porter atteinte à la "crédibilité"
du ministre. Un
député UMP évoquait une affaire "absolument scandaleuse".
"On est dans la folie. C'est hors de proportion",
ajoutait-il, avant d'estimer qu'il serait difficile pour Hervé
Gaymard de parler dorénavant de "maîtrise de la dépense
publique". A
gauche, les députés ne mâchaient pas leurs mots, même si en
séance, ils n'ont guère tourmenté le ministre. "Scandale",
jugeait Jean-Marc Ayrault dans les couloirs. "Dans les
démocraties scandinaves, cette situation aurait conduit directement
à la démission du ministre", notait le président du groupe
socialiste. Plus
sobre, le numéro un du PS François Hollande demandait "la
transparence" sur cette affaire, tandis qu'Arnaud Montebourg
(PS) estimait que "s'il n'y avait rien d'illégal, en revanche
c'était tout à fait choquant". Plusieurs
affaires de logement ont émaillé l'histoire de la vie politique
française. La dernière remonte à 1995. Peu de temps après son
arrivée à Matignon, Alain Juppé avait été mis en difficulté
pour avoir bénéficié d'un appartement du domaine privé de la
Ville de Paris pour lequel il acquittait personnellement un
loyer inférieur aux prix du marché. M. Juppé avait été contraint
alors de déménager sous peine d'être poursuivi en justice et
s'était installé à Matignon.
Début
de polémique autour du logement de fonction d'Hervé Gaymard
PARIS (AP)
- L'information publiée par "Le Canard Enchaîné",
et non démentie par Bercy, selon laquelle le ministre de l'Economie
Hervé Gaymard et sa famille occupent un logement de 600m2 à
Paris pour un loyer de 14.000 euros payé par l'Etat a provoqué
un début de polémique mercredi à l'Assemblée, certains jugeant
les faits "choquants" et d'autres regrettant qu'on
"fouille les poubelles".Selon l'hebdomadaire satirique
de mercredi, Hervé Gaymard, son épouse Clara et leurs huit enfants
occupent un appartement de 600m2, car l'appartement de fonction
mis à leur disposition à Bercy serait "trop petit".
Ce duplex serait situé dans un "immeuble de prestige"
près de l'avenue Montaigne. Les Gaymard y auraient emménagé
il y a cinq semaines, selon "Le Canard Enchaîné".Dès
mardi soir, le cabinet du ministre a procédé à une mise au point
par communiqué. Sans démentir ces informations, il a indiqué
que M. Gaymard a respecté "scrupuleusement" les dispositions
légales concernant le logement des membres du gouvernement.
"L'appartement occupé par Hervé Gaymard et sa famille est
loué aux conditions du marché, après avis du service des Domaines",
a-t-il précisé.Bercy a également rappelé qu'une circulaire précise
les conditions dans lesquelles sont logés les membres du gouvernement.
Celle-ci stipule que les ministres "qui ne disposent pas,
dans des locaux de leur ministère, d'un logement domanial, sont
autorisés en cas de nécessité à louer un logement sur les crédits
de l'Etat". Or, observe le ministère, "les appartements
de fonction de Bercy sont désormais occupés" par le ministre
délégué à l'Industrie Patrick Devedjian et le ministre délégué
au Commerce extérieur François Loos.Interrogé à l'issue du Conseil
des ministres, le porte-parole du gouvernement Jean-François
Copé s'est contenté de renvoyer les journalistes au communiqué
diffusé par Bercy. "Dès hier, Hervé Gaymard a répondu évidemment
à l'ensemble des questions qui ont été posées. Je vous renvoie
à la lecture de l'ensemble de ses réponses", a-t-il sobrement
commenté.Dans les couloirs de l'Assemblée, les députés réagissaient
diversement. "Ce n'est pas illégal, mais c'est un peu choquant
que M. Gaymard, qui se fait l'apôtre de la désintoxication des
Français à la dépense publique, ne cherche pas lui-même à se
désintoxiquer", s'est indigné le socialiste Arnaud Montebourg,
qui a invité le ministre à "mettre en rapport ses actes
avec ses discours et discrètement déménager".Plus mesuré,
le patron du PS François Hollande a demandé que "la transparence
soit faite et que les Français soient informés de la manière
avec laquelle on dépense l'argent public". Le chef des
députés PS, Jean-Marc Ayrault, a donc envoyé une question écrite
au Premier ministre pour lui demander "un état précis et
détaillé des moyens financiers et matériels" à la disposition
des ministres, dont leurs traitements et indemnités, leur logement
(surface, loyer), les moyens en personnel et en nature. "Je
ne cherche pas à polémiquer", mais "c'est l'intérêt
de la démocratie que cette transparence soit faite", a-t-il
expliqué.Rare voix discordante à droite, le député UMP sarkozyste
Yves Jego s'est dit "choqué" par le montant du loyer.
"Il existe à Bercy des appartements de fonction qui sont
tout à fait aptes à accueillir des familles", a-t-il estimé,
"on est dans l'exagération".Ses collègues de l'UMP
se voulaient nettement plus apaisants. "Il y a plein de
raisons de contrer Hervé Gaymard sur ses positions politiques"
plutôt que de "vouloir le salir aujourd'hui", a plaidé
Eric Raoult, pour qui "un homme politique, ce n'est pas
un punching-ball". "Est-ce que 14.000 euros mettent
en péril le budget de l'Etat? La réponse est non!", a affirmé
Jacques Myard. "Je ne crois pas qu'on puisse attaquer Hervé
Gaymard sur ce plan", a ajouté le député souverainiste,
qui regrette qu'on "fouille les poubelles". "Il
a huit gosses, donc il lui faut évidemment un appartement au
prorata", a également relativisé le député UDF André Santini.
AP
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