Des
milliers de Français dans la rue contre une guerre en Irak
[2003-01-18 18:34]
PARIS (Reuters) -
Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté en France
contre une guerre en Irak, dans le cadre d'une journée
internationale de mobilisation des opposants à la politique de
George W. Bush.
A Paris, le cortège de
plusieurs milliers de manifestants - 6.000 selon la police, 20.000
selon les organisateurs - est parti de Montparnasse pour gagner les
alentours de l'Assemblée nationale.
En tête du défilé,
derrière une banderole sur laquelle on pouvait lire "Non à la
guerre contre l'Irak, justice et paix au Moyen-Orient", la secrétaire
nationale du Parti communiste, Marie-George Buffet, a demandé
"que la France prenne ses responsabilités en utilisant son
droit de veto" au Conseil de sécurité des Nations unies.
"Cette guerre est
une guerre pour le pétrole. Pour lutter contre Saddam Hussein, il
faut laisser les inspecteurs de l'Onu faire leur travail",
a-t-elle réaffirmé.
"Il faut que la
France arrête de souffler le chaud et le froid et use de son droit
de veto", a renchéri Olivier Besancenot, de la Ligue
communiste révolutionnaire (LCR). "Un mouvement de solidarité
internationale est en train de naître, c'est possible d'empêcher
cette deuxième guerre du pétrole".
Le Parti socialiste,
dont une délégation conduite par le secrétaire national aux
Relations internationales, Régis Passérieux, s'est jointe à la
manifestation parisienne, a dénoncé la "logique de
guerre" en Irak et a demandé à Jacques Chirac d'affirmer
"clairement" l'opposition de la France au recours à la
force envisagé par les Etats-Unis, au besoin par l'utilisation du
droit de veto à l'Onu.
Le PS a par ailleurs
lancé une campagne de mobilisation auprès de ses militants. Un
tract dénonçant notamment "une guerre décidée unilatéralement
par les Etats-Unis" a été tiré à un demi-million
d'exemplaires.
A Marseille, près de
10.000 personnes, selon les organisateurs, entre 3.000 et 4.000,
d'après la police, ont défilé contre l'éventualité d'une guerre
en Irak.
UNE MAJORITE DE FRANÇAIS
CONTRE UNE GUERRE
"Nous défilons
contre la guerre et pour un monde de justice et de paix. C'est une
motivation qui rassemble les Français bien au-delà de leurs
clivages politiques et religieux. Par la voix de son président,
Jacques Chirac, la France a un rôle essentiel à jouer dans la prévention
d'un conflit dont personne ne veut", a expliqué l'un des
manifestants.
Les manifestants étaient
2.000 à Lyon, 1.500 à Lille, 1.300 à Toulouse, 1.000 à Nantes ou
à Brest, un millier à Rouen.
A Strasbourg, environ
1.300 personnes ont manifesté derrière une banderole proclamant:
"Non à la guerre contre l'Irak, pas de participation de la
France".
Selon un sondage CSA
publié vendredi par L'Humanité, 82% des Français sont opposés à
une intervention armée en Irak et 75% demandent que Paris fasse
usage de son droit de veto au Conseil de sécurité des Nations
unies. D'autres études d'opinion ont déjà montré une opposition
majoritaire à une guerre en Irak.
Les 40 organisations du
"comité anti-guerre" à l'origine des manifestations de
samedi exigent que le gouvernement et l'Elysée fassent preuve de
plus de fermeté contre une éventuelle action unilatérale des
Etats-Unis et "cessent leurs tergiversations".
"La première
raison pour nous de s'opposer à la guerre, ce sont les conséquences
humanitaires qu'elle entraînerait sur les populations de
l'Irak", déclarent-elles.
Des organisations
humanitaires présentes sur le terrain ont évoqué une menace pour
la survie de 18 millions d'Irakiens, ajoutent-elles.
Pour le collectif,
l'opinion française, mais aussi européenne, juge de moins en moins
crédibles les raisons d'attaquer l'Irak fournies par George W. Bush
et l'opposition internationale ne peut que croître.
La coordination de
l'appel contre la guerre comprend notamment le Mouvement pour la
paix, Agir contre la guerre, le PS, le PCF, le Pôle républicain,
la LCR, les syndicats CGT, FSU et Groupe des Dix.
Au sein des partis de
gauche, le Parti communiste a décidé de s'impliquer fortement dans
le "veto populaire" contre la guerre. Marie-George Buffet
animera le 20 janvier, avec Robert Hue, président démissionnaire,
un meeting contre la guerre.
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