L'offensive contre la scolarisation dès 2 ans continue !

 

Dépêches de l'Éducation - AFP - Mercredi 24 novembre 2004

"La scolarisation à deux ans vivement critiquée
par les pédopsychiatres"


Page précédente

Imprimer cette page
(ou allez dans "Fichier" puis "Imprimer")

AFP - La scolarisation des enfants à deux ans, souvent présentée comme une bonne solution, notamment pour pallier le manque de places en crèche, est "une fausse bonne idée" pour des pédopsychiatres qui estiment qu'elle favorise retard dans les apprentissages et développement de la violence.

Réunis mercredi autour d'une conférence-débat, organisée par l'Association française de psychiatrie, les pédopsychiatres ont utilisé les termes de "crime", "contre-sens éducatif", "vraie mauvaise idée", "maltraitance", évoquant une "évidence" mal entendue par le pouvoir politique.

"Il faut une loi qui dise que l'école est +accessible à trois ans révolus+, comme on ne vote pas à 18 ans moins une semaine", a estimé Claire Brisset, défenseure des enfants, critiquant la loi d'orientation sur l'École de 1989 qui prévoyait la possibilité de scolarisation précoce.

En effet, pour Geneviève Haag, pédopsychiatre, "la troisième année de la vie est l'achèvement d'un cycle de développement qui va de la naissance à l'acquisition du "je", c'est-à-dire à celle d'une autonomie dans le sentiment de séparation corporelle et identitaire".

Elle explique ainsi que l'enfant vit alors une phase complexe de sa construction et, entre autres, perfectionne son langage, développe les jeux et dessins spontanés, ainsi que son imagination et acquiert la maîtrise de son agressivité.

La stabilisation de cette étape, "vers 2 ans et 9-10 mois" selon elle, est indispensable à l'épanouissement dans un groupe important, telle qu'une classe d'école maternelle, assure-t-elle.

Scolariser un enfant trop tôt reviendrait donc à le brusquer et provoque des réactions diverses telles que l'inhibition, le sentiment de solitude, les conduites agressives... Et, au delà, peut avoir des conséquences durables bien plus graves.

Linguiste, Alain Bentolila estime que, scolarisés trop tôt, "les enfants apprennent le langage entre enfants et disposent à l'entrée en CP de 300-350 mots de vocabulaire et non 900-1.000 comme les autres". "Il n'est pas question alors d'entrer dans l'apprentissage de la lecture", relève-t-il.

Tout en se rangeant à cette opinion, Roger Mises, professeur émérite de pédopsychiatrie, ajoute que certains enfants, trop jeunes pour la maternelle, s'adaptent à la situation par un processus psychologique de régression et, du coup, ne donnent pas les signes avant-coureurs d'éventuels troubles du comportement à venir.

Quoi qu'il en soit, tous les enfants concernés "ne franchissent pas les étapes décisives de leur histoire". Cela se traduit à l'adolescence par un développement plus important de "l'agir" (violence, dépression, addiction, tentative de suicide...), insiste M. Mises, d'autant plus qu'ils viennent d'un milieu défavorisé, précise-t-il.

Face à ce constat, tous les intervenants se sont accordés pour promouvoir des structures spécifiques à l'accueil des 2-3 ans laissés aux soins de spécialistes de la petite enfance et non d'instituteurs "pas formés pour cela car les IUFM ont depuis longtemps laissé tomber la maternelle", selon le psychiatre Bernard Golce.

 

AFP - Des psychiatres critiquent la scolarisation à deux ans

La scolarisation des enfants à deux ans, inscrite dans la loi d'orientation sur l'École de 1989, a été vivement critiquée mercredi par des pédopsychiatres car elle favoriserait troubles comportementaux et retards dans l'apprentissage de la lecture et de l'écriture.

Lors d'une conférence-débat sur le thème "scolarisation à deux ans, une fausse bonne idée", organisée par l'Association française de psychiatrie (AFP), différents spécialistes ont insisté sur les conséquences néfastes d'une scolarisation trop précoce.

Présente à ce débat, la défenseure des enfants Claire Brisset s'est prononcée pour une loi instaurant la scolarisation à trois ans révolus.

"La troisième année est l'achèvement d'un cycle de développement qui va de la naissance à l'acquisition du +je+, c'est-à-dire à celle d'une autonomie dans le sentiment de séparation corporelle et identitaire", a expliqué Geneviève Haag, pédopsychiatre. Il ne faut donc pas selon elle plonger l'enfant dans un groupe de 20 à 30 élèves avant qu'il n'ait achevé cette étape de son développement.

Elle a évoqué des risques d'"inhibition, de solitude et de conduites agressives", qui peuvent aller jusqu'à "accroître dans la société les chances de violence".

Pour Robert Mises, professeur émérite de pédopsychiatrie à l'université Paris-Sud, même si l'enfant ne montre pas toujours des signes extérieurs de troubles (hyperactivité, retard dans les apprentissages...), "des phases décisives de son histoire ne sont pas franchies et il va se trouver gravement menacé par les remaniements inéluctables qu'introduit l'adolescence".

"Les enfants scolarisés trop tôt ont un handicap linguistique à leur entrée en CP: ils disposent de 300-350 mots au lieu de 900-1.000, il n'est donc pas question pour eux d'entrer dans l'apprentissage de la lecture", a par ailleurs affirmé le linguiste Alain Bentolila.