Et si on osait l’Éducation?

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Si le débat éducatif n’est jamais achevé, les échéances électorales ne peuvent laisser la question de l’éducation hors du débat démocratique que chacun est en droit d’espérer.

Trop de choses lient notre école à notre société pour qu’on puisse accepter une impasse implicite ou convenue sur ce sujet.

La FSU, à la place qui est la sienne, tient à apporter sa contribution à la réflexion qui s’impose sur la place, le rôle et l’évolution des services publics qui participent à l’éducation et à la formation de notre jeunesse.

Il n’est pas acceptable qu’aujourd’hui trop souvent, on ne parle de la jeunesse qu’à travers le prisme de la délinquance et de l’insécurité.

Loin de l’exclusion, de l’irresponsabilité, de la stigmatisation, de la dépendance ou de l’individualisme, le propos de la FSU veut être simultanément celui de la confiance et de l’exigence.

Les jeunes doivent pouvoir devenir acteurs d’une société plus tournée vers la justice et le progrès.

Pour la FSU, il ne peut y avoir qu’un seul choix : celui d’une politique ambitieuse pour tous les jeunes.

Il faut leur offrir autre chose qu’un avenir bouché et des emplois précaires.

Nous devons nous fixer l’objectif d’une Éducation fondée sur une laïcité renouvelée, plus soucieuse de liberté et de fraternité, d’universel, mais aussi respectueuse des différences et des cultures.

Les besoins en qualifications et en connaissances dans les dix ans qui viennent vont être de plus en plus élevés dans les domaines de plus en plus divers.

Les salariés ont plus que jamais besoin de la possibilité d’évoluer, de la capacité d’être pleinement responsables, de la garantie de droits nouveaux et améliorés.

Tous, nous sentons l’impérieuse nécessité d’être pleinement libres et citoyens.

Et nous le savons, l’échec scolaire et universitaire est porteur d’exclusion ; il est une des sources de la violence.

Nous savons aussi que nombre de salariés ne bénéficient pas effectivement du droit à une formation continue et que les exclus de ce droit sont d’abord ceux qui ont été exclus d’une formation initiale de qualité.

Notre système éducatif a connu ces dernières années des succès quantitatifs considérables : en dix ans le pourcentage d’une classe d’âge atteignant le niveau du baccalauréat a doublé.

Mais ce pourcentage commence à régresser.

Le nombre de jeunes sortant sans qualification s’est considérablement réduit mais ce nombre ne diminue plus et les inégalités persistent voire prennent de nouvelles formes.

Notre société doit confirmer un choix fondamental : celui d’un engagement réaffirmé dans une politique ambitieuse d’Éducation et de formation.

Faire le pari de la réussite de tous et se donner les moyens de le gagner dans un service public de qualité, voilà ce que nous proposons comme enjeu national.

Cela se traduit par une quadruple exigence pour les services publics

  • Affirmer pour tous le droit à l’éducation, à la culture, aux loisirs et à la mobilité sociale.

  • Donner à tous les moyens d’acquérir une formation générale et professionnelle et une qualification reconnue.

  • Permettre un plus grand développement de poursuite d’études supérieures pour tous.

  • Rendre effectif et généraliser le droit à une formation et à une éducation tout au long de la vie, articulé avec une validation des acquis de l’expérience débouchant sur des certifications et des qualifications incontestables et socialement reconnues.

Et dix propositions

1 Une scolarité pour tous portée à 18 ans minimum, sanctionnée par des titres et diplômes nationaux avec l’objectif d’un baccalauréat pour tous.

2 Une politique d’intégration de tous les jeunes quelles que soient leurs origines sociales, culturelles ou leur situation de handicap.

3 Une politique volontariste de prévention de l’échec scolaire sur l’ensemble de la scolarité s’appuyant sur des contenus d’enseignements rénovés et mieux articulés, une interdisciplinarité maîtrisée, des pratiques pédagogiques variées, un accompagnement scolaire développé, un suivi plus individualisé des jeunes et des conditions d’enseignement qui les rendent possibles.

4 Une formation repensée, garantissant cohérence et qualité des enseignements au travers de parcours communs incluant progressivement des diversifications choisies et des possibilités de poursuivre et de se réorienter.

5 Une culture commune ouverte à la diversité culturelle et équilibrant au mieux l’apport des sciences, des techniques, des langues, des pratiques artistiques, culturelles, sportives et professionnelles, fondée sur le partage des pratiques, des modes de réflexions et des valeurs.

6 Des métiers de l’éducation rénovés et enrichis avec des personnels acteurs de leurs évolutions ; des équipes pluriprofessionnelles associant l’ensemble des métiers ; du temps pour un travail collectif ; une formation initiale et continue développant leur niveau de culture et leur professionnalisme, en liaison avec la recherche.

7 Des personnels stables et qualifiés dans tous les métiers de l’éducation, des carrières attractives pour réussir le défi du recrutement et de la formation de dizaines de milliers de nouveaux titulaires pour faire face aux départs à la retraite, résorber la précarité et répondre aux besoins.

8 Un service public laïque et gratuit permettant des initiatives locales riches dans un cadre national fort, capable de déjouer les pièges de la concurrence et de la marchandisation et de contribuer à la mixité et l’égalité sociales.

Un rôle complémentaire, dans les domaines éducatifs et culturels, des collectivités territoriales et du mouvement associatif, dans le respect des prérogatives de chacun et la concertation.

9 Un service public démocratique, transparent et associant mieux les personnels, les jeunes, leurs familles.

10 Une politique de droits pour tous les jeunes assurant leur autonomie, leur santé et leur épanouissement.

 

Nous avons besoin d’être ambitieux pour l’éducation et pour les jeunes.

L’investissement dans l’éducation s’impose ; la part des richesses produites qui y sont consacrées doit être considérablement augmentée.

C’est de la jeunesse, de ses rêves, de ses utopies, de ses capacités à transformer le monde qu’il s’agit ! Nous savons que l’avenir, c’est s’engager dans cette voie, pour elle, pour l’école, pour l’enseignement supérieur, pour les services publics.

Tel est le sens de l’appel que nous mettons en débat.

Nous comptons nous adresser directement au plus près du terrain aux jeunes, aux familles, aux personnels, pour débattre de ces orientations, leur permettre de s’exprimer, construire ensemble le système éducatif dont nous avons besoin.

Parents d’élèves, usagers de l’école, nous voulons avec vous, engager un débat, provoquer un mouvement social, pour que chaque élève ait les mêmes possibilités d’accès à une réussite scolaire.

Au-delà de l’opinion des candidats, c’est la vôtre qui importe et nous appelons à débattre et à vous mobiliser sur ces propositions.

Points de repères

  • Les besoins pour l’emploi à l’horizon 2010 La DPD (direction de la prospective et du développement) du ministère vient de publier avec le BIPE une étude sur les besoins en qualification à l’horizon 2010. D’après elle « la part des niveaux bac et plus varie de 65,8 % à 75,4 % selon les hypothèses », celles du niveau bac + 2 « varie de 21,8 % à 22,6 % ». Or aujourd’hui seulement 61,8 % des sorties se font au niveau bac et 18,4 % au niveau bac + 2. « Sur ces niveaux la concurrence de recrutements entre les secteurs public-privé va être particulièrement forte. "Comment résoudre cette tension sans former plus de jeunes ?"

  • Succès et limites 61,8 % des jeunes d’une génération obtiennent le baccalauréat en 2000 contre 30 % en 1985 mais simultanément près de 8 % soit 60 000 interrompent leurs études sans avoir obtenu une formation qualifiante.

  • Des équipes : une des originalités de notre système éducatif c’est qu’aux côtés des enseignants interviennent des professionnels qualifiés : CPE, infirmiers, conseillers psychologiques, médecins, assistants sociaux, personnels administratifs et ouvriers, tous ont un rôle. Ils doivent pouvoir travailler ensemble, développer l’information, l’accueil, l’écoute des jeunes, organiser aide et soutien notamment pour les élèves les plus en difficulté; le but : prendre en compte chaque jeune dans sa globalité et tous les facteurs sociaux, culturels, psychoaffectifs et de santé qui peuvent constituer des obstacles à leur réussite . Cela nécessite du temps, des lieux d’échange et une plus grande liberté d’initiative et de responsabilité.

  • Éduquer : quels services publics ? Pour rendre effectif un droit, il faut des services publics. Des services publics d’État, laïques bien sûr : Éducation nationale (écoles, universités), enseignement agricole ; mais aussi la protection judiciaire de la jeunesse, des services de la jeunesse et des sports (soutien à la vie associative et aux initiatives d’éducation populaire)... Des services publics des collectivités territoriales, des associations laïques reconnues par l’État Chacun dans son rôle s’accorde dans la complémentarité éducative et dans une démarche cohérente.