Le climat d’opinion à deux mois du référendum

Ipsos - Le Figaro - Europe 1
28 Mars 2005

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INTENTIONS DE VOTE POUR LE RÉFÉRENDUM SUR LA CONSTITUTION EUROPÉENNE

Question : Un référendum sur la future Constitution européenne sera organisé en France le 29 mai 2005.
Si ce référendum avait lieu dimanche prochain, voteriez-vous oui à ce projet de Constitution ou non à ce projet de Constitution européenne ?

  Certains d’aller voter, exprimés** Sympathisants
Gauche
parlementaire
%
Dont 
PS
%
Droite
parlementaire
%
Dont UMP
%
FN-MNR*
%
Oui 46 42 47 67 70 20
Rappel 4-5 mars 2005 60 54 62 72 67 48
Non 54 58 53 33 30 80
Rappel 4-5 mars 2005 40 46 38 28 33 52
  100 100 100 100 100 100

* Résultats à interpréter avec prudence compte tenu de la faiblesse des effectifs
** 31 % des personnes interrogées, certaines d’aller voter, n’ont pas exprimé d’intention de vote

 

LA FERMETE DU CHOIX DE VOTE

Question : Votre choix de vote est-il définitif ou peut-il encore changer ?
Base : personnes, certaines d’aller voter, ayant exprimé une intention de vote

  Ensemble
%
Intention de vote
Oui
%
Non
%
Choix définitif 71 72 70

Peut encore changer d’avis

29 28 30
  100 100 100

 

LES CONSEQUENCES D’UNE EVENTUELLE VICTOIRE DU NON

Question : Si, lors de ce référendum, le Non l’emportait, pensez-vous que

  Ensemble
%
Sympathisants Intention de vote
PC*
%
PS
%
Verts*
%
UDF*
%
UMP
%
FN-MNR*
%
Oui
%
Non
%
NSP
%

Cela porterait un coup d’arrêt grave à la poursuite de la construction européenne

Oui 37 17 38 35 38 50 41 65 17 35
Rappel 4-5 mars 2005 34 25 41 20 36 45 36 60 16 23
Rappel Le Point 27/9/2004 43 27 46 33 56 55 41 57 29 31
Non 51 77 53 55 52 41 52 31 75 43
Rappel 4-5 mars 2005 48 64 52 53 52 46 51 35 79 39
Rappel Le Point 27/9/2004 42 73 41 45 37 37 47 37 63 33

NSP

12 6 9 10 10 9 7 4 8 22
Rappel 4-5 mars 2005 18 11 7 27 12 9 13 5 5 38
Rappel Le Point 27/9/2004 15 - 13 22 7 8 12 6 8 36
  100 100 100 100 100 100 100 100 100 100

 

  Ensemble
%
Sympathisants Intention de vote
PC*
%
PS
%
Verts*
%
UDF*
%
UMP
%
FN-MNR*
%
Oui
%
Non
%
NSP
%
Cela affaiblirait de façon majeure la position de la France en Europe
Oui 42 12 42 39 50 59 38 75 24 32
Rappel 4-5 mars 2005 35 14 41 28 45 53 26 63 18 24
Rappel Le Point 27/9/2004 41 15 46 39 59 50 34 58 26 27
Non 45 79 48 45 44 34 51 21 69 42
Rappel 4-5 mars 2005 44 71 46 47 38 37 50 33 73 33
Rappel Le Point 27/9/2004 44 77 44 46 34 40 57 37 69 35
NSP 13 9 10 16 6 7 11 5 7 26
Rappel 4-5 mars 2005 21 15 13 25 17 10 24 4 9 43
Rappel Le Point 27/9/2004 15 8 10 15 7 10 9 5 5 38
  100 100 100 100 100 100 100 100 100 100

* Résultats à interpréter avec prudence compte tenu de la faiblesse des effectifs

LES MOTIVATIONS DE VOTE

Question : Pour chacun des éléments suivants, dites-moi s’il jouera un rôle vraiment décisif, important, secondaire ou négligeable dans votre choix de vote au référendum ?

  Ensemble
%

Sympathisants

Intention de vote

PC*
%
 PS
%
 Verts*
%
UDF*
%
UMP
%
FN-MNR*
%
Oui
%
Non
%
NSP
%
Votre opinion sur la Constitution européenne
Vraiment décisif 23 19 29 18 24 22 15 25 27 16
Important 44 36 46 60 50 54 35 54 38 43
S/T Décisif-important 67 55 75 78 74 76 50 79 65 59
Secondaire 16 23 11 13 14 11 31 13 17 18
Négligeable 8 18 7 6 6 7 15 5 12 8
S/T Secondaire-négligeable 24 41 18 19 20 18 46 18 29 26
NSP 9 4 7 3 6 6 4 3 6 15
  100 100 100 100 100 100 100 100 100 100
La situation économique et sociale en France
Vraiment décisif 22 19 27 24 15 22 20 17 27 20
Important 44 51 43 44 44 43 41 42 42 48
S/T Décisif-important 66 70 70 68 59 65 61 59 69 68
Secondaire 15 4 19 22 18 16 12 22 13 13
Négligeable 14 24 9 10 17 14 20 17 14 10
S/T Secondaire-négligeable 29 28 28 32 35 30 32 39 27 23

NSP

5 2 2 - 6 5 7 2 4 9
  100 100 100 100 100 100 100 100 100 100
Votre opinion sur Jacques Chirac et le gouvernement
Vraiment décisif 14 13 18 10 9 17 22 17 14 11
Important 26 24 23 25 30 26 30 23 21 32
S/T Décisif-important 40 37 41 35 39 43 52 40 35 43
Secondaire 28 22 27 36 32 30 23 28 30 27
Négligeable 27 35 30 26 29 24 18 31 31 20
S/T Secondaire-négligeable 55 57 57 62 61 54 41 59 61 47
NSP 5 6 2 3 - 3 7 1 4 10
  100 100 100 100 100 100 100 100 100 100

* Résultats à interpréter avec prudence compte tenu de la faiblesse des effectifs

Question : Par votre vote lors du référendum, vous comptez…

  Ensemble
%

Sympathisants

Intention de vote

PC*
%
PS
%
Verts*
%
UDF*
%
UMP
%
 FN-MNR*
%
Oui
%
Non
%
NSP
%

Manifester votre soutien à Jacques Chirac et au gouvernement

6 2 3 3 7 13 9 12 2 5
Manifester votre mécontentement à l’égard de Jacques Chirac et du gouvernement 17 36 19 19 10 7 23 8 29 10
Ni l’un, ni l’autre, ce n’est pas le sujet 74 58 77 76 82 78 66 78 68 77

   NSP

3 4 1 2 1 2 2 2 1 8
  100 100 100 100 100 100 100 100 100 100

* Résultats à interpréter avec prudence compte tenu de la faiblesse des effectifs

 

Ipsos - Evolution des intentions de vote en faveur du oui (courbe bleue) et du non (rouge)

28 mars 2005 - Nouvelle poussée du "non", mobilisation inférieure à 50% : Pierre Giacometti, directeur général d'Ipsos, commente les résultats de la dernière vague de l'observatoire du référendum sur la constitution européenne, réalisée par Ipsos pour Le Figaro et Europe 1.

1. La nouvelle détérioration du "oui" dans les intentions de vote concerne exclusivement l’électorat de gauche

Le clivage gauche/droite continue de s’accentuer. Alors que le "oui" reste stable à droite, parmi les sympathisants de l’UMP et de l’UDF, son niveau continue de se détériorer à gauche. Pour la première fois dans l’Observatoire Ipsos, toutes les sensibilités de gauche, sans exception, se prononcent en faveur du "non". Soutenu massivement chez les sympathisants d’extrême gauche et du PCF, le "non" enregistre une nouvelle poussée dans l’électorat socialiste, où il est désormais majoritaire. Le portrait-robot du "non de gauche" fait apparaître trois traits distinctifs du "non de droite" : sur-représentation dans les classes d’âge actives (de 25 à 50 ans), parmi les salariés, notamment du secteur public. Le cœur du socle sociologique de la gauche est touché.
Au-delà des sympathies partisanes, sur l'ensemble de la population, la "fronde anti-oui" provoque en l’espace de trois semaines des dégâts considérables : le "oui" perd près de 25 points chez les moins de 35 ans, une quinzaine de points chez les salariés, et surtout plus de 30 points parmi les Français dont les revenus sont les plus  modestes. L'enquête a pourtant été réalisée les 25 et 26 mars, soit après que la France obtienne au sommet de Bruxelles une réforme du pacte de stabilité de la zone euro conforme à ses voeux, et la promesse de réviser le projet de directive Bolkestein sur les services.

2. La percée du "non" à gauche n’est pas partout irréversible

La poussée du "non", exceptionnelle par son intensité, est extrêmement préoccupante pour les partisans du "oui" tant elle révèle une profonde inquiétude sociale. La prise en compte, très nette dans ce sondage, de la situation économique et sociale dans le choix électoral le démontre clairement. Mais le 21 avril 2002 n’est pas loin et il y a sans doute aussi dans ce que nous observons une nouvelle traduction du malaise identitaire qui frappe bon nombre d’électeurs de gauche, pour qui la construction européenne rime aussi aujourd’hui avec délocalisations, remise en cause des acquis sociaux, insécurité économique, etc. Nous sommes bien loin des 80% d’électeurs de gauche qui répondaient "oui" au référendum de Maastricht, il est vrai proposé par François Mitterrand.
Pour autant, si la tendance est sans nul doute définitive à l’extrême gauche et au PCF, l’instabilité reste forte au sein des électorats socialiste et écologiste. Les réserves de mobilisation y sont encore importantes, le niveau d’hésitation demeure supérieur à la moyenne nationale et près d’un tiers des sympathisants PS ne se prononcent pas lorsqu’on les interroge sur l’intention de vote. L’hypothèse d’une inversion de tendance est d’autant crédible que deux mois nous séparent encore du scrutin.

3. Le risque du "vote sanction" reste en second plan, mais n’est pas inexistant

L’électeur, interrogé sur cette question, y apporte en majorité une réponse aussi rationnelle que la question elle même : "ce n’est pas le sujet". Il serait néanmoins naïf de s’en tenir à cette seule réponse car, même si la tentation du "vote sanction" reste reléguée au second plan des motivations des partisans du "non", elle peut constituer une sorte de toile de fond politique. La forte impopularité de l’action gouvernementale, constatée à gauche et à l’extrême droite, peut contribuer à consolider l’incompréhension à l’égard du débat européen et l’inquiétude économique et sociale sous-jacente.

4. Les Français toujours aussi peu convaincus des dangers éventuels d'une victoire du "non"

La tentative de culpabilisation des électeurs, tendant à vouloir alerter l’opinion sur la gravité des conséquences d’une éventuelle victoire du "non", encore plus présente depuis que le "non" a progressé dans les enquêtes d’opinion, ne fonctionne que chez les partisans du oui, notamment à droite. A gauche, et plus globalement chez les partisans du "non", cela ne sert à rien. C’est par exemple au sein de l’électorat socialiste que la motivation de vote centrée sur l’examen du texte constitutionnel est revendiquée avec le plus d’intensité… Tout semble se passer comme si la tentation du "non" était aussi pour certains électeurs un outil de pression destiné à faire passer le message : "copie à revoir, revenez quand vous serez prêts". Pour convaincre, le camp du "oui" doit éclairer sur la portée politique du sujet. La dramatisation ne sera efficace que si elle positive, c’est à dire si elle éclaire les Français sur la dimension historique de la Constitution européenne.

L’observatoire du référendum sur la constitution européenne
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FICHE TECHNIQUE
SONDAGE EFFECTUÉ POUR : LE FIGARO ET EUROPE 1
DATES DU TERRAIN : Les 25 et 26 mars 2005.
ECHANTILLON :  944 personnes, constituant un échantillon national représentatif de la population française inscrite sur les listes électorales.
METHODE : Echantillon interrogé par téléphone
Méthode des quotas : sexe, âge, profession du chef de famille, catégorie d’agglomération et région.

Les résultats de l’intention de vote ne constituent pas un élément de prévision du résultat électoral. Ils donnent une indication significative de l’état du rapport de forces actuel entre le oui et le non à l’échelle nationale. Le niveau de mobilisation de l’électorat, calculé à partir des personnes se déclarant certaines d’aller voter est estimé à 48%.

Observatoire du référendum sur la constitution européenne
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