2.1 quelques
échantillons de désinformation 2.2.1 Une journée normale à Libération (mardi
22 mars 2005) 3
L’Europe : une certaine idée du capitalisme 4
Le TCE : Une idole : le marché. Un exclu : le
social 4.1.1 Le TCE interdit toute restriction aux mouvements
de capitaux : 4.1.2 Le TCE instaure la primauté d’un monétarisme
sans contrôle : 4.1.3 Le TCE exclut une harmonisation européenne
dans le domaine de l’emploi 4.1.5 Le TCE exclut toute harmonisation en matière
pénale : 4.1.6 Le TCE interdit désormais les subventions
aux entreprises : 4.1.9 Le TCE interdit toute restriction à la
libre circulation des services : 4.1.10 Le TCE condamne les services publics à disparaître : 4.1.11 L’Europe privilégie la logique financière et
actionnariale de l’entreprise : 4.2 Le TCE :
une attaque contre les services publics 4.4 La directive
Bolkestein inacceptée ? 4.5 Le TCE et
Bolkestein n’ont-ils rien à voir ? 5
Le TCE : Une injure à la démocratie et aux valeurs républicaines 5.1 Parce que
le citoyen n’en n’est pas à l’origine 5.2 Parce qu’il
est inaccessible au citoyen 5.2.1 Comparaison du préambules et articles 1ers
des constitutions de 1793, 1946, 2004 5.3 Parce que
le citoyen n’en n’est pas la finalité 5.4 Parce que
le citoyen n’y a pas voix 5.4.2 Ni par le biais du parlement 5.4.3 Ni par le biais de son gouvernement 5.5 Parce que
tout le monde ne sera pas citoyen 5.6 Parce que
des valeurs essentielles manquent à l’appel 5.6.6 Il légalise le Lock-out aujourd’hui non
autorisé par le droit français 5.6.7 Droit à un salaire minimum et à la retraite 5.7 Parce que
l’avenir de l’homme n’y est pas assuré 6.1 Pourquoi
les élites sont pour 6.1.2 Un exemple de club européen : confrontations Europe 6.1.3 Un exemple de club planétaire : BILDERBERG 6.1.4 Un exemple de membre : Pascal Lamy 6.1.5 Le syndrome de l’auto stoppeur 6.1.6 Le complexe de surpuissance 6.2 Pourquoi
la plupart des médias sont pour 6.3 Comment des
citoyens peuvent-t-il être pour cette Europe 6.3.2 Le mythe du citoyen consommateur 6.3.3 Le marché des indulgences 6.4 Pourquoi
une majorité de militants s’est prononcée pour le oui à gauche et chez
les verts 6.5 Pourquoi
la Confédération Européenne des Syndicats (C.E.S.) a voté une motion
de soutien 6.6 Comment les
verts justifient leur Oui 6.7 Comment les
socialistes justifient leur
Oui 7
Comment se prononcer en tant que citoyen 7.1.1 Le citoyen dépossédé : Platon contre
Aristote 7.1.2 Le citoyen instrumentalisé 10
D’autres adresses pour aller plus loin Avertissement : Je n'adhère en aucune
manière au repli nationaliste et je souhaite, quitte à ce qu’elle ne
soit pas à 25, une Europe fédérale disposant d'un président élu au suffrage
universel, composée de citoyens impliqués, disposant d'un parlement
avec un véritable pouvoir législatif, d'une Europe qui se donne les
moyens d'une véritable politique sociale, qui implémente une véritable
vision des droits de l'homme, qui assume une vision de l'avenir compatible
avec celui de la planète et qui exporte son modèle via une politique
étrangère respectueuse de l’homme et dégagée des stricts intérêts commerciaux. Cette
constitution nous engage nous et nos enfants. La constitution
est, établie "pour une durée illimitée" (article IV-446) Il
n’est pas possible en tant que citoyen de se satisfaire des slogans
qui fondent les débats dans les médias. Le
but ici n’est donc pas d’offrir un nième point de vue réducteur mais
de fournir une arme au sens
« outil à caractère offensif » pour les citoyens qui désireraient
se documenter plus avant sur la constitution européenne et la dynamique
plus large dans laquelle elle s’inscrit. Pour
la bonne compréhension de ce qui suit lire TEC =
traité établissant une constitution pour l’Europe. Le
TEC constituant comme il sera montré plus loin une violente atteinte
aux principes démocratiques et à la citoyenneté et le ‘oui’ bénéficiant
par ailleurs d’une intense campagne médiatique, l’objectif
est clairement ici de donner une visibilité aux discours du non. Loin
des slogans j’ai privilégié les textes s’attachant à une analyse rigoureuse
du texte et de ses implications. Les
formidables enjeux liés au TEC ont heureusement généré de tout aussi
formidables réactions de chercheurs, sociologues, philosophes, juristes,
économistes qui ont trouvé en Internet un moyen de publier leurs réflexions
en évitant les fourches caudines des médias officiels. Loin de moi l’idée
de les concurrencer sur un terrain où je ne peux me prévaloir d’aucune
expertise. Je me contenterai juste de mettre leurs travaux en perspective
avec des commentaires de mon cru et dans la mesure du possible d’en
permettre l’accès via un lien et d’en effectuer un modeste résumé. Ceci
dit cela reste assez volumineux et je vous incite à n’y prendre que
ce qui vous intéresse. Vous
pourrez trouver ici le texte du
TCE. Voici
tout d’abord un rappel de la notion de citoyenneté que j’ai trouvé
ici trouvé sur le site http://www.diploweb.com/ « La souveraineté
est la première des valeurs de la République. Il s'agit d'un système
qui dit à tout citoyen, c'est à dire tout co-souverain : "Vous
n'avez personne au-dessus de vous. Vous êtes collectivement responsables
de vous-même, puisque vous faites la Loi.
Vous devez la bien concevoir et surveiller ceux qui la mettent
en œuvre. » Il
suffit d’écouter la radio, de regarder la télévision ou d’ouvrir un
journal pour s’apercevoir de l’unanimité dont les médias font preuve
en faveur de la constitution les incite à se croire dispensés de prendre
en compte les débats qui sont engagés dans de nombreuses strates de
la société. Les médias ont abdiqué leur
mission d’informateurs pour se faire acteurs. Serge
Halimi
notait dès septembre 2004 dans Les
cabris de Maastricht , le retour sur les ondes d’une campagne
à sens unique : « Le rappel des outrances de la propagande
passée permet de prendre la mesure de la troublante unanimité des discours
présents. » et le site action-critique-médias de référencer dans un
document en cours
de constitution le dérapage généralisé des médias et de la communication
institutionnelle. On peut aussi pour rigoler voir ici comment les sondages qui
donnent le non gagnant ont pu être commentés. (ex : « Les
partisans du traité se rendent compte que leurs arguments rationnels, ardus et austères, sont
balayés par diverses allégations subjectives, simples et multiples. ») Jean
Paul Fitoussi (professeur d’études politiques
et membre du conseil d’analyse économique) dans La politique de l’impuissance La
pensée unique est inconciliable avec l’ordre démocratique.
On le voit bien aujourd’hui sur les questions européennes où jamais
le débat n’a été aussi interdit. On assiste même à une vraie hallali
contre ceux qui souhaitent débattre de ces questions.(….) Etrangement,
ceux qui souhaitent l’Europe et la démocratie sont qualifiés d’anti-européens
alors qu’on sait que, sur le long terme, l’absence de démocratie ne peut aboutir qu’à la destruction
de l’Europe. Voici
les chiffres résultant de l’observation des médias : pour la période
du 1er au 14 mars trouvés par la confédération paysanne de
José Bové (dans le Monde du 17 mars 2005 "Si
le traité est voté, il n'y a plus d'échappatoire" par José
Bové):à
la télévision, si on compte les invités sur les plateaux, il
y a eu 69% du temps d'audience pour le "oui"
contre 31% pour le "non".
A la radio, en prenant en compte les commentaires et les propos
des invités, la balance est de 80%
pour le "oui" et 20%
pour le "non". Enfin, dans la presse écrite, avec les
seuls commentaires et points de vue, on arrive à un sommet de 85%
en faveur du "oui"! Pour
une information honnête pendant la campagne du référendum
relève par exemple les choix de France-Inter « L’émission
"Question directe", sur France Inter, depuis septembre
2004, a invité 16 fois le Parti socialiste (dont 4 membres favorables
au "non") ; 15 fois l’UMP ; 6 fois l’UDF ;
2 fois le PCF ; 1 fois les Verts (dont le représentant était favorable
au "oui") ; 1 fois Philippe de Villiers. Au total :
34 personnalités favorables au "oui" et 6 favorables au "non". » L’émission
"Respublica", sur France Inter, depuis mai 2004, a
invité 9 fois le PS (dont 2 représentants favorables au "non") ;
11 fois l’UMP ; 3 fois l’UDF ; 2 fois le PCF ; 3 fois
les Verts (tous les représentants étaient favorables au "oui") ;
1 fois le MRC ; 1 fois la LCR. Au total : 24 personnalités
favorables au "oui" et 7 favorables au "non". Une
Lettre ouverte au CSA, à Radio
France et au Ministère de la propagande cite en exemple le 1er
des spots qui seront diffusés par 11 chaînes de radios en métropole
et 5 dans les DOM-TOM : Voici
le texte du spot : « Article 47 ; Des citoyens de
l’Union, au nombre d’un million au moins, peuvent inviter la Commission
à soumettre une proposition appropriée sur des questions pour lesquelles
ces citoyens considèrent qu’un acte juridique de l’Union est nécessaire. » Alors
que l’alinéa 4 de l’article I -47 dans sa totalité est ainsi libellé :
« Des citoyens de l’Union, au nombre d’un million au moins,
ressortissants d’un nombre significatif d’États membres
, peuvent prendre l’initiative d’inviter
la Commission, dans le cadre de ses attributions ,
à soumettre une proposition appropriée sur des questions pour lesquelles
ces citoyens considèrent qu’un acte juridique de l’Union est nécessaire
aux fins de l’application de la Constitution. »
Il
ne s’agit donc ni plus ni moins que d’un mensonge par omission qui augure
de ce que seront les prochains spots et tout cela au frais du citoyen. Mieux
vaut être riche et bien portant » (par le Ministère de la propagande
et ses auxiliaires)
dénonce les écrans publicitaires vantant sur différents médias la constitution
et qui « ont tous en commun d’extraire du projet de Traité constitutionnel
une courte citation qui, parce qu’elle met en avant des déclarations
d’intentions consensuelles, ne peut être qu’approuvée, comme si ces
citations étaient représentatives de l’ensemble du Traité et de son
‘esprit’, » et de donner comme exemple : « l’Europe
souhaite approfondir le caractère démocratique et transparent de sa
vie publique et œuvrer pour la paix, la justice et la solidarité dans
le monde » ou « Un
niveau élevé de protection de l’environnement et l’amélioration de sa
qualité doivent être intégrés dans les politiques de l’Union et assurés
conformément au principe du développement durable » Dans
L’Europe, l’Europe...: L’impossible débat, sur France Inter, on
voit que c’est « l’existence même d’un débat devient l’enjeu
d’un ‘débat’ » et que « la
scène vaut la peine d’être étudiée de près. » A
titre personnel je me suis amusé à décrypter les positions du journal
Libération auquel je suis abonné et qui en dehors du fait d’être
d’une scrupuleuse malhonnêteté dès lors qu’il s’agit d’aborder la constitution
européenne, doit subir de plus une terrible schizophrénie
puisqu’il publie (rarement) dans ses pages tribune libre, rebond, etc.…
des opinions de personnes tout à fait honorables bien qu’opposées au
TCE mais se refuse à considérer que ces opinions peuvent prêter à débat
puisqu’il s'acharne à longueur d’articles et d’éditoriaux à renvoyer
les arguments du non à de simples postures, stratégies ou pulsions relevant
d’une pathologie facilement identifiable. J’ai
noté de ci de là : Editorial de Jean-Michel Thénard
(21 février 2005): «[la] Nouvelle génération au PS, qui, avec
François Hollande, a fait le choix d’un oui de raison contre le non
fabiusien, synonyme d’opposition réflexe à Chirac. » Editorial
de Gérard Dupuy (lundi 07 mars 2005): « A l'intérieur
de la gauche, l'hostilité à l'égard de la construction européenne
appuyée sur un héritage marxisant et un nationalisme jacobin (compères
intermittents), est aussi vieille, et même plus, que le traité de
Rome lui-même. » Editorial
du même Jean-Michel Thénard (19 mars 2005) « Le oui de
gauche, lui, a fait le pari que l'électorat saura en rester au sujet
traité parce que l'Europe le vaut bien. Le pari du rationnel contre
le passionnel » Editorial
de Jean-Michel Thénard (encore lui !) « Le non triomphe
et il entrera [Chirac] dans l'Histoire comme le président qui a fait
imploser l'Europe. Celui qui aura vu sous son règne la France quitter
son rôle d'acteur majeur de la construction européenne pour se draper
dans le splendide refus solitaire d'une Union «libérale» à 25. » Article
(demie-page titre en gros par Jean Quatremer) « Le Pacte de stabilité, nouveau symbole
de souplesse » sous-titré « Sa réforme [le pacte de stabilité] prouve que les
textes européens ne sont pas aussi définitifs que le dénoncent leurs
détracteurs. » tentant de démontrer que la règle de l’unanimité
n’a pas bloqué cette réforme : « Les
gouvernements ont une nouvelle fois fait la preuve que rien n'est
jamais «inscrit dans le marbre» au sein de l'Union européenne, contrairement
à ce qu'affirment les opposants au projet de Constitution, en assouplissant
le pacte de stabilité et de croissance, ce corset qui contraint les
politiques budgétaires » Le
même Jean Quatremer dont
on a pu juger de l’objectivité étant en charge ces jours ci de
répondre sans parti pris aux grandes questions que se posent les lecteurs
sur la constitution ce qui donne en gros à gauche OUI avec une phrase
d’un tenant du oui, NON à droite avec une phrase d’un tenant du non
et pleine page le jugement du roi Salomon par Quatremer. Libération
dont une majorité des lecteurs doivent être du coté du non ne recule
devant rien pour faire campagne et surtout pas devant le fait de prendre
ses lecteurs (futurs ex lecteurs) pour des imbéciles. Le
déséquilibre est d’ailleurs flagrant. Ainsi le mardi 22 mars 2005 y
avait-il 5 articles en faveur du oui dont une tribune de Bernard Poignant
et aucun en faveur du non. On
peut se rappeler à ce sujet que Noam Chomsky (voir ici)
notait dans «La fabrication du consentement » en 1988 que
« le rôle que s’assignent les médias n'est pas d'informer les
citoyens, mais de fabriquer leur consentement. »
et que « la propagande découle de la conviction qu`il appartient
à une élite éclairée de conduire les masses ignorantes.»
Les
conditions de délivrance par les médias d’une information complète
et objective ne sont plus réunies. Le citoyen doit prendre l’habitude
de se constituer ses propres canaux d’information ! Et
suivre le conseil de Daniel Schneidermann dans Libération du 25 mars 2005
intitulée « Référendum: oui-carotte contre oui-bâton » : Descendez
sur le Net. En bas, sur la Toile, on discute pied à pied des
articles du projet de Constitution. Leurs contradictions, leurs ambiguïtés,
leur découpage. Oui ou non, l'article 144 ouvre-t-il la voie à la
directive Bolkestein ? On plonge dans les entrailles du texte. On
essaie de comprendre. Il règne un appétit de savoir, une conscience
de l'enjeu, un désir forcené de ne pas voter à la légère [...] Une
immersion prolongée rend surréalistes les retours à la surface
[comprendre les médias officiels]. Internet
est le recours de ceux qui veulent savoir Pour
comprendre l’Europe et la dynamique dans laquelle s’inscrit le traité
il me semble indispensable de commencer par La
constitutionnalisation du capitalisme, analyse remarquable et passionnante
de Yves Bonin qui effectue la synthèse socio-historique de la
construction européenne en s’appuyant notamment sur les travaux de la
chercheuse Belge Corinne Gobin. On
y lira que « L’objet même de cette construction, …est
d’en finir avec le conflit politique (et syndical), de passer
du gouvernement des hommes à l’administration des choses, d’instaurer le règne des experts; et pour cela de dissoudre,
subvertir, noyer les instances et les lieux de débat (de conflit) et
de décisions démocratiques, de les vider de leur substance, de les contourner,
de les délégitimer. » On
y découvrira comment à un droit social ou droit historique issu
des luttes et qui est le compromis d’intérêts contradictoire, on va
substituer au sein de l’Europe un droit a-historique dit auto-référent :« [il
consiste] à définir des normes supérieures d’où toutes les autres découlent.
Ce Droit est autonome par rapport à la sphère politique ou
sociale. Il se crée dans la seule sphère juridique, se sécrète
lui-même, se «déroule» selon ses propres logiques juridiques, s’auto-engendre,
et ne s’appuie pour évoluer que sur la jurisprudence et la doctrine.
Parce qu’il n’est pas le produit des conflits sociaux et politiques
(au moins le prétend-il, car il découle naturellement en fait d’une
domination sociale et politique) ,
il est a-historique » « on ne va pas du conflit à la loi, qui
en enregistre le résultat historique, mais on déduit la loi de valeurs
installées a priori. Et du même coup, on ne reconnaît pas au moins symboliquement
des adversaires dressés l’un contre l’autre, et qui parviennent mon
an mal an à un compromis: tout le monde fait partie du même monde, on
est partenaires, on fait partie du même réseau. Les
classes se dissolvent au profit des multitudes d’individus, censés agir
au nom des mêmes ‘valeurs’» On
y voit que la norme suprême qui a présidé à la construction de l’Europe
et de laquelle tout le droit découle est sans surprise celle de la
« libre concurrence du marché », que« la seule
«valeur» qui s’impose à toutes les autres est celle de la compétitivité
de l’entreprise » et que la liberté qu’on nous fait miroiter
est celle du «
libre renard dans le libre poulailler ». Il
démontre surtout à propos de l’Europe qu’on nous propose que :
« Il
est absurde de vouloir y injecter du social, ou de détourner ce système
pour le transformer en système à visée avant tout sociale: il a été
bâti d’emblée pour des objectifs inverses. » L’Europe
qu’on nous prépare est une Europe des experts dans laquelle le citoyen
n’a pas sa place A LIRE: La Constitution européenne
et les services publics - Alain Lecourieux - Membre du Conseil
Scientifique d’Attac La
constitutionnalisation du capitalisme,
analyse remarquable et passionnante de Yves Bonin s’inspirant
de Corinne Gobin Il
faut lire le projet de constitution européenne
de Robert Joumard (directeur de recherche à
l’INRETS) A
VOIR Le
site de l’union pour une Europe sociale
La
constitution européenne est un gigantesque trompe l’œil qui d’un coté
liste des valeurs et organise simultanément leur inconsistance juridique
de telle sorte qu’il soit impossible des les opposer devant un quelconque
tribunal et d’un autre coté consacre les ¾ du texte à définir de manière
extrêmement précise, les principes fondateur de la libre concurrence
et de l’économie de marché, ceux la même qui commencent à être contestés
dans leurs effets par une frange de plus en plus importante des populations
qui en sont victime. Elle compte bénéficier en ce sens de la dynamique
de l’entrée des pays de l’est pour lesquels le marché et la société
de consommation sont des rêves restés trop longtemps inaccessibles. Robert
Joumard L'article
I-4-1 classe sur un plan identique parmi les libertés fondamentales
"la libre circulation
des personnes, des services, des marchandises et des capitaux",
périphrase reprise dans le préambule de la charte des droits fondamentaux
(partie II).
Cette exigence est le leitmotiv de tout le texte, le mot
"marché" y figurant 78 fois, et le mot" concurrence"
27 fois (mais "progrès social" trois fois et "plein
emploi" une seule fois). On détaillera plus loin cette sacralisation
de l'ultra-libéralisme économique, auquel toutes les autres politiques
sont subordonnées. La loi absolue
du marché n’est plus une option à soumettre aux électeurs, mais un
acquis constitutionnel, à ne pas discuter. Christian
Saint Etienne Pdt de l'Institut France Stratégie dans
Le Figaro 08/02/05 La concurrence
totalement débridée conduit au triomphe des normes les plus minimales, proches de l'absence de toute
norme. Elle est la négation pure et simple de ce que les démocraties
libérales modernes ont voulu construire depuis deux siècles. Un
réseau de 300 économistes
européens (le mémorandum-group) spécialiste
de politique Européenne a étudié le projet européen et fait dans un document de synthèse (EuroMemorandum)
des critiques et des propositions Ils
constatent que : Le
projet de Constitution Européenne, signé à la fin du mois d’octobre
et désormais soumis à la procédure de ratification, ne permet pas de
garantir la réussite du Modèle Social Européen et s’y oppose sur de
nombreux points. En
premier lieu, le déficit démocratique dont souffrent
les traités européens n’est pas corrigé dans les principaux axes du
texte. Le Parlement Européen
ne dispose toujours pas du droit d’initiative en matière législative
tandis que des domaines clés comme la fiscalité et les droits des
travailleurs demeurent en dehors de son champ de compétences.
Les règles de politiques économiques et sociales inscrites dans la
Constitution donnent aux dispositions restrictives et préjudiciables
des Traités, une valeur constitutionnelle. Elles deviendront très difficiles à modifier, même si un consensus
académique venait à les remettre en cause ou si de nouvelles majorités politiques se dégagent.
La partie
III de la Constitution tente de protéger les orientations néolibérales
pourtant controversées des critiques grandissantes
théoriques et politiques, en leur conférant un statut Constitutionnel.
Cela reflète une attitude ascientifique et profondément antidémocratique. Et
proposent de: Lutter contre
la pauvreté
en s’appuyant sur un budget européen accru permettant des transferts
directs vers les personnes les plus touchées par ce fléau. Mettre un coup
d’arrêt à la déréglementation et à l’intensification de la concurrence.
L’Union doit abandonner son projet de directive sur la mise en œuvre
du marché unique dans le secteur des services et proposer un moratoire
sur la privatisation des services publics tant qu’un audit indépendant
et approfondi sur les conséquences économiques et sociales des précédentes
vagues de libéralisation, de déréglementation et de privatisation
ne sera pas effectué et débattu publiquement. Lutter contre
la détérioration des conditions de travail dans l’Union,
par l’abandon du projet de directive sur la durée du travail, qui
relève la durée maximale autorisée et explorer au contraire les différentes voies possibles
de réduction du temps de travail Réviser entièrement
la politique économique et sociale de l’UE, avec pour ambition de
promouvoir un véritable Modèle Social Européen, constituant une alternative
au modèle américain, dont les éléments clés, devant faire
l’objet d’un large débat public, sont les suivants : -
le plein emploi, dans le cadre de conditions de
travail décentes et de rémunérations suffisantes pour permettre à
chacun de mener sa vie de manière digne et indépendante -
une protection sociale permettant à chacun de se
prémunir contre le risque de pauvreté et d’exclusion -
la justice sociale définie comme l’absence de discrimination
et d’inégalités excessives en matière de revenu, de richesse et d’accès
au biens et services publics -
le développement durable , permettant la préservation
de l’environnement -
des relations internationales équilibrées et une
aide au développement efficace, conditions indispensables à la paix
et à la stabilité politique L’essence
de cette constitution peut être trouvée dès le 2ème article
de la partie II (‘les objectifs de l’union) article
I-3-2 Le
marché et la concurrence sont ensuite déclinés, précisés et ressassés
tout du long de la partie III Les politiques et le fonctionnement
de l'Union dans des
articles qui vont tous dans le même sens et dont voici quelques exemples
(relevés par Philippe Collod, juriste de formation et ancien
directeur d’entreprise). 4.1.1 Le TCE interdit toute restriction aux mouvements de capitaux :Article
III–156 : les
restrictions tant aux mouvements de capitaux qu’aux paiements entre
les Etats membres et entre les Etats membres et les pays tiers sont
interdites. 4.1.2 Le TCE instaure la primauté d’un monétarisme sans contrôle :Articles
III–188 :
Dans l’exercice des pouvoirs et dans l’accomplissement des missions
et des devoirs qui leur ont été conférés par la Constitution et le statut
du Système européen de banques centrales et de la Banque centrale européenne,
ni la Banque centrale européenne, ni une banque centrale nationale,
ni un membre quelconque de leurs organes de décision ne peuvent solliciter
ni accepter des instructions des institutions, organes ou organismes
de l’Union, des gouvernements des Etats membres ou de tout autre organisme. 4.1.3 Le TCE exclut une harmonisation européenne dans le domaine de l’emploiet
n’autorise que des encouragements à la coopération entre Etats en ce
domaine : Article
III-207 : La loi ou loi-cadre européenne peut établir
des actions d’encouragement destinées à favoriser la coopération
entre les Etats membres et à soutenir leur coopération dans le domaine
de l’emploi par des initiatives visant à développer les échanges d’informations
et de meilleures pratiques … La
loi ou loi-cadre européenne ne comporte pas d’harmonisation des dispositions
législatives et réglementaires des Etats membres. 4.1.4 Le TCE interdit à l’Union de statuer en matière de fiscalité directe ; en matière d’impôts indirectselle
ne peut statuer que pour éviter les distorsions de concurrence et seulement
à l’unanimité. Article
III-171 : Une
loi ou loi-cadre européenne du Conseil établit les mesures concernant l’harmonisation des législations relatives
aux taxes sur le chiffre d’affaires, aux droits d’accises et autres
impôts indirects, pour autant que cette harmonisation soit nécessaire
pour assurer l’établissement ou le fonctionnement du marché intérieur
et éviter les distorsions de concurrence. Le Conseil statue à l’unanimité,
après consultation du Parlement européen et du Comité économique et
social. 4.1.5 Le TCE exclut toute harmonisation en matière pénale :Article
III-272 de la section 4
‘Coopération judiciaire en matière pénale’ : ‘La loi ou loi-cadre
européenne peut établir des mesures pour encourager et appuyer l’action
des Etats membres dans le domaine de la prévention du crime, à l’exclusion
de toute harmonisation des dispositions législatives et réglementaires
des Etats membres’. 4.1.6
Le TCE interdit désormais les subventions aux entreprises :
Article
III-167.1 :
‘Sauf
dérogations
prévues par la Constitution, sont incompatibles avec le marché intérieur,
dans la mesure où elles affectent les échanges entre Etats membres,
les aides accordées par les Etats membres ou au moyen de ressources
d’Etat sous quelque forme que ce soit qui faussent ou qui menacent de
fausser la concurrence en favorisant certaines entreprises ou certaines
productions’.
4.1.7
Le TCE soumet les entreprises publiques aux mêmes règles
de concurrence que les entreprises privées :
Article
III-166 1 : Les Etats membres, en ce qui concerne les entreprises
publiques et les entreprises auxquelles ils accordent des droits spéciaux
ou exclusifs, n’édictent ni ne maintiennent aucune mesure contraire
à la Constitution, notamment à l’article I-4, paragraphe 2, et aux
articles III-161 à III-169’. 4.1.8
Le TCE confie l’harmonisation des systèmes sociaux au
fonctionnement (concurrentiel) du marché intérieur et à la coopération
entre Etats ; il institutionnalise ainsi le dumping social :
Article
III-209 : L’Union
et les Etats membres, conscients des droits sociaux fondamentaux, [
… ] ont pour objectif la promotion de l’emploi, l’amélioration des conditions
de vie et de travail, permettant leur égalisation dans le progrès, une
protection sociale adéquate, le dialogue social, le développement des
ressources humaines permettant un niveau d’emploi élevé et durable,
et la lutte contre les exclusions [ … ] A cette fin, l’Union et les
Etats membres agissent en tenant compte de la diversité des pratiques
nationales en particulier dans le domaine des relations conventionnelles,
ainsi que la nécessité de maintenir la compétitivité de l’économie de
l’Union. Ils estiment qu’une telle évolution résultera tant du fonctionnement
du marché intérieur, qui favorisera l’harmonisation des systèmes sociaux,
que des procédures prévues par la Constitution et du rapprochement des
dispositions législatives, réglementaires et administratives des Etats
membres. 4.1.9
Le TCE interdit toute restriction à la libre circulation
des services :
Sous-section
3 Liberté de prestation de services Article III-144:
Dans le cadre de la présente sous-section, les restrictions à la
libre circulation des services à l’intérieur de l’Union sont interdites
à l’égard des ressortissants des Etats membres établis dans un Etat
membre autre que celui du destinataire de la prestation. 4.1.10
Le TCE condamne les services publics à disparaître :
Le
terme de ‘services publics’ est banni du TCE qui retient celui de ‘Services
d’intérêt économique général’. On
ne trouve aucune trace de ces SIEG dans les objectifs de l’Union ;
le traité emploie à leur égard des formules ambiguës ou contradictoires
pour les soumettre aux règles de la concurrence ; exemple : Article
II-96 Accès
aux services d’intérêt économique général : ‘L’Union reconnaît et
respecte l’accès aux services d’intérêt économique général tel qu’il
est prévu par les législations et réglementations nationales, conformément à
la Constitution,
afin de promouvoir la cohésion sociale et territoriale de l’Union. Le
‘conformément à la Constitution’ renvoie au primat de la concurrence
libre et non faussée, et à ses règles. Ce
principe martelé tout au long du traité traduit la conviction des rédacteurs
que ‘l’équilibre atteint par le marché est
le meilleur possible’, que toute intervention publique ne
peut que le détériorer, qu’il convient donc de diminuer l’influence
de l’Etat en commençant par la baisse des impôts. Pour
être certain qu’il ne puisse y avoir de confusion, le praesidium est
allé jusqu’à préciser : « Cet article ne crée pas de droit nouveau.. »
On ne saurait être plus clair. Rappelons également que
cet article est l’un des principaux arguments du oui socialiste :
François Hollande : « pour la première
fois, la Constitution reconnaît les services publics » Il
suffit par ailleurs d’aller voir ce qui se dit dans les clubs (voir
confrontations Europe par exemple) où se rencontrent industriels et
hommes politiques pour se rendre compte qu’il n’y a pas un groupe international
qui n’ait actuellement dans ses projets d’investir ces fameux SIEG. Par
ailleurs le TCE se borne à constater que certains droits existent dans
certains états (pour le moment mais qu’en sera-t-il lorsque ces droits
seront assurés par le privé et qu’il faudra confronter l’intérêt de
l’entreprise avec le principe de péréquation des droits). En aucun cas
il s’agit de droits reconnus au citoyen européen Ces
articles excluent donc toute harmonisation !!. par exemple : Concernant
la sécurité sociale: Article
II-94 . 1 L’Union reconnaît
et respecte le droit d’accès aux prestations de sécurité sociale et
aux services sociaux assurant une protection
dans des cas tels que la maternité, la maladie, les accidents du travail,
la dépendance ou la vieillesse, ainsi qu’en cas de perte d’emploi, selon
les règles établies par le droit de l’Union et les législations et pratiques
nationales. Nous
pouvons rappeler ici que la formulation « reconnaît et respecte »
dégage juridiquement l’état de toute obligation en la matière et que
ne pas préciser par exemple la nature du système de sécurité sociale
est une porte grande ouverte aux fonds de pensions. D’ailleurs là aussi
le praesidium s’est chargé de déniaiser les idéalistes : « La
référence à des services sociaux vise les cas dans lesquels de tels
services ont été instaurés pour assurer certaines prestations, mais
n’implique aucunement que de tels services doivent être crées
quand il n’en existe pas. » La
constitution a déjà intégré la future privatisation des services publics 4.1.11 L’Europe privilégie la logique financière et actionnariale de l’entreprise :Rappelons
ici, que l’Europe, renonçant à défendre son propre projet en
matière de régulation des entreprises, a adopté en juillet 2003 les
normes comptables de l’IASB (organisme privé filiale à 100% d’une
fondation américaine basée à Londres), qui privilégient la logique
de court terme des investisseurs financiers, celle de l’entreprise qui s’achète et se vend comme toute autre marchandise.
L’entrepreneur est ainsi appelé à devenir spéculateur, et le concept
d’entreprises socialement responsables renvoyé aux discours. Les
fondateurs de la Communauté Européenne avaient choisi le Marché comme
instrument de sa construction, 50 années plus tard l’Europe
a le marché pour idole. Certains
articles frisent d’ailleurs l’obsession ou la caricature. article
III-131 Les
États membres se consultent en vue de prendre en commun les dispositions
nécessaires pour éviter que le fonctionnement du marché intérieur ne soit
affecté par les mesures qu’un État membre peut être appelé
à prendre en cas de troubles intérieurs graves affectant l’ordre public,
en
cas de guerre ou de tension internationale grave constituant
une menace de guerre,
ou pour faire face aux engagements contractés par lui en vue du maintien
de la paix et de la sécurité internationale. Même
en cas de guerre, la constitution protège le marché... Contrairement
à ce que les partisans du oui laissent à faire accroire et comme on
pouvait s’y attendre, le traité se garde bien d’offrir un cadre aux
services publics puisque l’objectif à terme est bien évidemment de généraliser
le principe de la « concurrence
libre et non faussée » Corinne
Gobin décrit ainsi la mutation de l’état social : Nous
semblons en effet passer d’une organisation politique où certains
instruments ont été conçus pour fonder et réaliser des droits (comme
les systèmes de sécurité sociale) à un système où ces mêmes instruments seraient avant tout au service des politiques
de marché, et ne seraient plus que subsidiairement fondateurs
de droits, et seulement de droits “désuniversalisés” pour répondre
à la situation de marchés diversifiés. Voici
les liens de dépendance des articles concernant les services publics.
Si on ne prend que le 1er, l’Europe offre un socle
juridique aux services publics comme le clament les partisans du oui.
Si on les considère les uns par rapport aux autres, il devient flagrant
qu’il s’agit à nouveau d’un trompe l’œil (de citoyen) qui définit en
fait le cadre de leur démantèlement. Une
lecture parallèle s’impose (d’après ATTAC): Article
II-96 : Accès aux services
d’intérêt économique général L’Union
reconnaît et respecte l’accès aux services d’intérêt économique général
tel qu’il est prévu par les législations et pratiques nationales,
conformément à la Constitution, afin de promouvoir la cohésion sociale
et territoriale de l’Union. Article
16
(actuellement en vigueur) Sans
préjudice des articles 73, 86 et 87, et eu égard à la place qu’occupent
les services d’intérêt économique général parmi les valeurs communes de l’Union ainsi qu’au rôle
qu’ils jouent dans la promotion de la cohésion sociale et territoriale
de l’Union. La Communauté et ses États membres, chacun dans les limites
de leurs compétences respectives et dans les limites du champ d’application
du présent traité, veillent à ce que ces services fonctionnent sur
la base de principes et dans des conditions qui leur permettent d’accomplir
leurs missions. Il
suffit déjà de mettre en vis à vis cet autre article : Article III.122 (nouvelle rédaction) : Sans
préjudice des articles III-238, III-166 et III-167,
et eu égard à la place qu’occupent les services d’intérêt économique
général en tant que services auxquels tous dans l’Union attribuent
une valeur ainsi qu’au rôle qu’ils jouent dans la promotion de la
cohésion sociale et territoriale de l’Union. L’Union et ses États
membres, chacun dans les limites de leurs compétences respectives
et dans les limites
du champ d’application du présent traité, veillent à ce
que ces services fonctionnent sur la base de principes et dans des
conditions, notamment économiques et financières, qui leur permettent
d’accomplir leurs missions. La loi européenne définit ces principes
et ces conditions. sans préjudice de la compétence qu’ont les États
membres, dans le respect de la Constitution, de fournir, de faire
exécuter et de financer ces services. Pour
s’apercevoir que : a) Les services
publics « économique » restent soumis aux règles de la concurrence (III-166) et
à la limitation des aides publiques (III-167).
Aucun changement puisque ces articles sont la transposition mots pour
mots des articles 86 et 87 qui ont servit à détruire les services
publics (France Télécoms, EDF, GDF, La Poste, ANPE,etc...). Ce qui a été noté
par une foultitude de personnes qui se sont attachées à effectuer l’exégèse
d’un texte à 2 niveaux de lecture. Aucune
garantie pour les services publics dans le projet de Constitution,
par Jean-Jacques
Chavigné et Gérard Filoche Certains
d’ailleurs ne s’y sont pas trompés : Ernest-Antoine Seillière, président du Medef(SIC !) L'acquis
social doit céder le pas devant la nécessité économique... La Constitution
est un progrès pour une économie plus flexible et pour un Etat allégé.
Elle bénéficiera aux entreprises. Depuis longtemps
les entreprise sont dans l’attente d’une libéralisation de ce secteur
laquelle est déjà bien avancée. Cahier
de politique économique" n°13 de l'OCDE Si
l'on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne
pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité
baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de
fonctionnement aux écoles et aux universités, mais il serait
dangereux de restreindre le nombre d'élèves ou d'étudiants. Les familles
réagiront violemment à un refus d'inscription de leurs enfants, mais non à une baisse
graduelle de la qualité de l'enseignement. Cela se fait
au coup par coup, dans une école et non dans un établissement voisin,
de telle sorte qu'on évite un mécontentement général de la population. Le
marché de l’enseignement
Raoul Marc Jennar en 2003 l’éducation
n’est plus un droit assuré par un service, ce n’est plus qu’un marché
qu’il faut impérativement ouvrir à la concurrence. La grande ambition
inscrite dans les textes les plus fondamentaux sur le droit pour tous
au savoir est reléguée aux oubliettes. Mme Viviane Reding, commissaire
européenne à l’éducation et à la culture l’affirmait dans un récent
article : « il faut rendre nos universités compétitives
sur le marché mondial de l’enseignement supérieur]» Elle faisait ainsi écho à une déclaration
du représentant de l’Union européenne auprès de l’OMC affirmant, en
juin 2000, « l’éducation et la santé sont mûres pour la libéralisation. » dans
Le traité constitutionnel
et l’éducation le Collectif havrais pour le NON A LA CONSTITUTION
EUROPEENNE relève que « C’est toute une conception du système éducatif
qui est en cause : s’agit-il de former des citoyens ou de futurs salariés précaires ? »,
que « tout concorde à mettre l’éducation
nationale au service du marché et de la libre concurrence. »
et que « La raison d’être des services dont il est question dans
ce traité n’est plus la réponse aux besoins des populations. Ces services
sont tenus de présenter un intérêt économique et sont astreints à la
compétitivité et à la rentabilité. ». S’en
suit une analyse des articles concernant l’éducation. Par exemple : Article
II-74 « 1/
Toute personne a droit à l’éducation ainsi qu’à l’accès à la formation
professionnelle et continue. » « 2/
Ce droit comporte la faculté de suivre gratuitement l’enseignement
obligatoire. » « 3/La
liberté de créer des établissements d’enseignement dans le respect
des principes démocratiques ainsi que le droit des parents d’assurer
l’éducation et l’enseignement de leurs enfants conformément à leurs
convictions religieuses, philosophiques et pédagogiques sont respectés
selon les lois nationales qui en régissent l’exercice. » Seul
l’enseignement obligatoire étant gratuit, c’est donc la porte ouverte
à la privatisation
de l’enseignement supérieur
prévu d’ailleurs par le même article dans La liberté de créer
des établissements d’enseignement. Que
cette directive soit inacceptable en l’état, même notre président fait
mine de le découvrir maintenant. Qu’elle ne soit pas d’ors et déjà acceptée
est un autre débat. Raoul
Marc JENNAR
reprend dans Quelques vérités
sur Bolkestein l’historique de cette directive : -
Adoption
à Lisbonne par les chefs d’état, dont le couple Chirac Jospin,
d’une stratégie pour faire de l’Europe « l’économie la plus
compétitive du monde. ». -
Adoption par le parlement le 13 février
2003 d’une résolution dont : - au point 35, il « se
félicite des propositions visant à créer un instrument horizontal pour
garantir la libre circulation des services sous forme de reconnaissance
mutuelle. » - au point 39, il considère que « les
principes du pays d’origine et de la reconnaissance mutuelle sont essentiels
à l’achèvement du marché intérieur des biens et des services »
votée par une majorité dont des solialistes (Catherine Lalumière, Michel
Rocard, Martine Roure, …) et des écologistes (Gérard Onesta, Yves Piétrasanta). -
Adoptée
le 13 janvier 2004 par la commission européenne (dont Michel Barnier
UMP). -
Passe
sans encombre en examen intergouvernemental -
Est
confortée par les chefs d’état (dont Jacques
Chirac) lors du Sommet européen des 25 et 26 mars 2004, à Bruxelles
qui adoptent un texte dans lequel on peut lire, à propos de la stratégie
de Lisbonne : « Dans le secteur des services, qui demeure fortement fragmenté,
une concurrence accrue s’impose pour améliorer l’efficacité, accroître
la production et l’emploi et servir les intérêts des consommateurs.
L’examen du projet de directive sur les
services doit être une priorité absolue et respecter le calendrier envisagé. » -
Une
audition d’experts est organisée au Parlement européen le 11 novembre ;
à la demande de Mme Patrie et du Groupe de la Gauche Unitaire Européenne
(dont Raoul Marc JENNAR. Il se dégage de la majorité des interventions
que cette directive va provoquer la plus formidable insécurité juridique,
qu’elle rend inopérante la directive existante sur le détachement des
travailleurs, qu’elle compromet gravement la Convention Rome I (respect
du droit du pays dans lequel le travailleur exerce son activité), qu’elle
ruine toute possibilité pour les Etats qui organisent un système de
couverture des soins de santé de pouvoir maintenir une telle politique,
qu’elle consacre, à l’instar du traité constitutionnel européen, l’abandon
de la technique de l’harmonisation comme instrument prioritaire de l’intégration
européenne. -
La
Commission européenne rejette en bloc toutes ces observations. -
Lors
du Conseil des Ministres chargé des questions de compétitivité les 25-26
novembre 2004, « la proposition de directive fait l’objet d’un
accueil globalement favorable par les Etats membres. » La
France indique qu’elle ne s’oppose pas à l’application du principe du
pays d’origine. -
M. Barroso
déclare le 2 février 2005, que « la
libéralisation des services est la première de ses priorités. »
Il précise que son programme constitue « une
rupture claire avec la pensée européenne d’un passé récent quand les
préoccupations environnementales et l’amélioration des droits des travailleurs
recevaient la même priorité que la nécessité de générer de la croissance. »
(sic) Raoul
Marc JENNAR remarque enfin judicieusement
que : « Les prises de position tonitruantes des
autorités françaises n’ont pour seul but que de repousser l’examen de
la proposition Bolkestein après le référendum. Elles ont pour effet
que cet examen n’aura plus lieu sous une présidence luxembourgeoise
favorable à des amendements significatifs du texte, mais sous une présidence
britannique très attachée au texte initial. » La
directive Bolkestein est l’aboutissement d’un long processus historique
qui a impliqué tous les gouvernements . Les
socialistes dans leur argumentation en faveur du oui mette en avant
le fait que le TCE constituerait un rempart contre Bolkestein.
(Pourquoi le traité
est un rempart contre les dérives libérales type Bolkestein).Il
suffit de s’intéresser un tant soit peu au sujet pour s’apercevoir qu’il
ont perdu à la fois tout sens de la mesure et du ridicule. Voir à ce
sujet sur l’excellent site de l’urfig,
l’analyse qui en est faite dans Bolkestein :
La direction du PS trompe les Français où il est rappelé que le chef de file des députés
européens socialistes français, M. Bernard Poignant, est un grand défenseur de
l’AGCS (voir sur son site).
On
pourra noter dans Qui lit le projet
de constitution y trouve Bolkestein par Jean-Jacques Chavigné
que la directive Bolkestein trouve une sérieuse base juridique
dans de nombreux articles du projet de Constitution : -
L’article 1-3 alinéa 2 affirme, tout d’abord que l’Union se fixe
pour objectif " un marché intérieur où la concurrence est libre
et non faussée ". -L’article
1-4 considère comme " libertés fondamentales " :
" La libre circulation des personnes, des services, des marchandises
et des capitaux, ainsi que la liberté d’établissement...garanties par
l’Union... " Il
relève que « C’est, en effet, au nom de cet objectif, de la
libre circulation des services et de la liberté d’établissement que
la directive Bolkestein va tenter de lever tous les obstacles qui entravent
ces " libertés " : les services publics, les monopoles
de Sécurité sociale, les droits du travail nationaux, la protection
des usagers et des consommateurs. » L’article
III-137
stipule : " les restrictions à la liberté d’établissement
des ressortissants d’un Etat-membre sur le territoire d’un autre Etat
membre sont interdites. " Le
projet de directive Bolkestein tire toutes les conséquences de cet article.
Pour faciliter la circulation des services, il veut interdire tout obstacle
administratif à l’établissement des prestataires de services. Un prestataire
de services serait soumis uniquement à la loi de son pays d’origine
et ne devrait donc plus se conformer à des règlements et des exigences
administratives nationaux divergentes. L’article
III-144
précise " les restrictions à la libre prestation des services à
l’intérieur de l’Union sont interdites à l’égard des ressortissants
des Etats membres établis dans un Etat membre autre que celui du destinataire
de la prestation ". Impossible,
aussi,
d’imposer (en dehors de normes incontrôlables en matière de salaires
minimum et de durée du travail) à des entreprises de construction polonaises
ou baltes, le respect des conventions collectives ou tout simplement
du droit du travail du pays destinataires. Impossible, également, d’imposer
à une entreprise de construction slovaque ou lettone le respect des
règles de sécurité pour les échafaudages ou les chantiers de désamiantage...
L’article
III-145
donne une définition très large des " services " : "
Aux fins de la Constitution, sont considérés comme services, les prestations
fournies normalement contre rémunération ". Combinée à l’absence
de définition des services publics et aux restrictions apportées aux
SIEG au nom de la concurrence " libre et non faussée " dans
le projet de Constitution, cette définition extrêmement large des services
offre un solide point d’appui à l’entreprise de démolition des services
publics orchestrée par la directive Bolkestein. L’article
III- 210 qui interdit toute harmonisation
entre les droits du travail des Etats-membres de l’Union. En
fait, ce projet de directive arrive au moment opportun pour les libéraux :
au moment où entrent dans l’Union dix pays d’Europe centrale et orientale
dont les droits du travail et de protection des consommateurs sont nettement
inférieurs à ceux de l’Europe des quinze. C’est donc tout à fait sciemment
que la directive Bolkestein prend appui sur l’article III-210
pour organiser le dumping social entre les dix et les quinze. L’article
III-209
précise sans la moindre ambiguïté que c’est le " fonctionnement
du marché qui favorisera l’harmonisation des systèmes sociaux
". C’est très exactement l’objectif de la directive Bolkestein :
favoriser l’harmonisation par le bas des systèmes sociaux en les mettant
en concurrence directe les uns avec les autres. Raoul
Marc JENNAR conclue dans Quelques vérités
sur Bolkestein « Cette proposition illustre par anticipation
les législations européennes futures une fois adopté le traité constitutionnel.
Elle constitue un exemple, parmi beaucoup d’autres, des efforts de dérégulation
proposés par la Commission européenne et soutenus par tous les gouvernements » Contrairement
à ce que l’on cherche à nous faire accroire, la directive Bolkestein
est consubstantielle à la future constitution. Elle sera appliquée
d’une manière ou d’une autre. Le 14 octobre
2004, l’Assemblée nationale française a discuté, sans vote, de l’adhésion
de la Turquie à l’Union européenne. Cette
décision a été mûrie de longue date dans les clubs qui regroupent les
puissants des 2 cotés de l’atlantique. Elle
est désormais irréversible sauf à mettre en place
les conditions de renégociation de l’Europe que l’on veut. Bush
ouvre à la Turquie la porte de l'Europe le
Figaro 13/08/2002 Sans
craindre d'arriver comme un chien dans un jeu de quilles, les États-Unis ont pris hier la défense de leur
poulain turc à Copenhague. Alors que s'ouvrait le Conseil
européen des chefs d'État et de gouvernement consacré à l'élargissement
de l'Union, les
Américains ont engagé les Quinze à intégrer la Turquie le plus vite
possible. Ils leur ont demandé de répondre favorablement
à la requête d'Ankara, qui souhaite entamer dès 2003 des négociations. Robert
Badinter,
ancien ministre de la justice, ancien président du Conseil constitutionnel
dans un article
du Monde 22/10/04 et un autre du Figaro du
13/11/2004 M.
Chirac s'était indigné de ce que le président Bush se fasse le premier
champion de l'entrée de la Turquie dans l'UE. Il aurait été avisé
de s'interroger plus avant sur cette insistance, dont le premier motif
n'était certes pas de renforcer l'Union européenne, ni de contribuer
à la naissance d'une Europe-puissance, ce projet
des Pères fondateurs dont, aujourd'hui, on nous invite à faire notre deuil. Croyez-moi,
si le président George
W. Bush est le premier champion de l'entrée de la Turquie dans
l'UE, ce n'est sûrement
pas pour voir émerger une Europe plus forte !
Si
les chefs d'État et de gouvernement choisissent d'ouvrir les négociations
d'adhésion à la Turquie lors du prochain Conseil européen [ce qui
a été fait], cela signifiera qu'inévitablement,
dans quelques années, la Turquie figurera parmi les États membres
de l'Union. Jamais depuis trente ans on n'a vu un candidat
ne pas être reçu... Ceux qui prétendent le contraire ne le font que
pour atténuer dans l'opinion la portée de l'acceptation de la candidature
turque Accepter
la Turquie c’est abdiquer toute vocation pour l’Europe à servir de
contre modèle aux américains C'est
dans la logique de cette constitution qui soumet les Européens
aux USA à travers l'Otan. L'article
I,41,2
stipule: «La politique de l'Union () respecte les obligations découlant
du traité de l'Atlantique Nord pour certains Etats membres qui considèrent
que leur défense commune est réalisée dans le cadre de l'Otan et
elle est compatible avec la politique commune de sécurité et de défense
arrêtée dans ce cadre.» L'article
I,41,7ajoute:
«Les engagements et la coopération dans ce domaine [en cas d'agression]
demeurent conformes aux engagements souscrits au sein de l'Otan qui
reste, pour les Etats qui en sont membres, le fondement de leur défense
collective et l'instance de sa mise en oeuvre.» Pascal
Lamy Commissaire
responsable pour le commerce de 1999 à 2004,
a seulement deux arguments pour l'admettre à l'Europe. « Nous
nous sommes engagés à son égard » ce qui évidemment
n'a aucune valeur.et ensuite: "Elle
est devenue une démocratie moderne". Cet argument
à propos d’un pays où la démocratie est bafouée tous les jours masque
bien entendu de coupables raisons qui ont bien été résumées dans cet
article : Jean-François Bayart (ancien directeur du Centre
d'études et de recherches internationales -CERI-) in Le
Monde ici
, 24/4/2004 Plusieurs
arguments militent en faveur de l'ouverture des négociations en décembre. :
La vigueur d'une économie de marché forte de 65 millions de consommateurs, reposant
sur quelques groupes d'envergure internationale, sur un tissu de PME très
compétitives et sur une main-d'œuvre
de qualité
procurerait à l'UE un potentiel de croissance d'autant plus aisé à réaliser
que le niveau des investissements directs étrangers reste très faible
à l'aune d'un pays émergent (0,75 % du PNB). Plus spécifiquement,
Istanbul, première ville du bassin méditerranéen, représente un pôle industriel et une plaque tournante
commerciale que l'UE aurait avantage à absorber. Ce
qu’a bien compris ce responsable UDF Une
Europe en voie d'extension indéfinie serait une Europe en voie de
dissolution. Élargie demain à la Turquie, après-demain à la Russie,
à l'Ukraine, au Maghreb, elle se réduirait
définitivement à une zone de libre-échange. L'UDF veut
une Europe défendant un modèle de société original qui porte haut
et fort nos valeurs et qui soit capable de parler d'égal à égal avec
les États-Unis et la Chine. Accepter
la Turquie dans une Europe où la concurrence est libre et non faussée
c’est acter la victoire du marché sur l’Europe sociale A LIRE: L'illusion
des droits fondamentaux dans la Constitution européenne
par
Alain Lecourieux (membre du Conseil Scientifique d'Attac France)
Constitution
européenne et modèle social européen: analyse juridique d'une imposture
politique
de Serge Regourd , Professeur de droit public à l'Université
des sciences sociales de Toulouse. (Résumé ci-après) Coup
d'état idéologique en Europe
d’Anne Robert (Le Monde diplomatique de novembre 2004)
Dire
Non à la constitution Européenne pour construire l’Europe
de la fondation Copernic qui se donne
pour objectif de « remettre
à l'endroit ce que le libéralisme fait fonctionner à l'envers » Il
faut lire le projet de constitution européenne
de Robert Joumard (directeur de recherche à
l’INRETS)
ET AUSSI: L’initiative
féministe européenne pour le non à la constitution
qui dénonce l’orientation
patriarcale et néolibérale de la construction européenne Au
nom des droits des femmes, Non à cette Europe là de la Commission Femmes, genre et mondialisation- ATTAC
où il
est démontré que la Constitution ne satisfait pas les droits des femmes
et ne répond pas à l’exigence élémentaire d’égalité entre hommes et
femmes. Pourquoi
le projet de Constitution Européenne est-il un piège pour les femmes
d'Europe Centrale Et Orientale de
Monika
Karbowska qui analyse
très finement en quoi «La Constitution Européenne
[est] un outil de destruction de droits des femmes en Europe Occidentale, notamment de leurs droits sociaux. » L’illusion
des droits fondamentaux dans la Constitution européenne
par Alain Lecourieux La
constitution européenne est-elle "bonne pour l'environnement"
par Jean-Marc Jancovici, expert en environnement faisant référence en
la matière (voir son site) La
commission européenne : sur pouvoir et sous démocratie
de Raoul
Marc JENNAR qui
analyse comment « La
construction européenne, depuis une dizaine d’années, a pris une orientation
qui échappe aux aspirations citoyennes et au contrôle démocratique » L’illusion
des droits fondamentaux dans la constitution européenne Une
politique étrangère, de sécurité et de défense européenne soumise
à l'Otan et à Washington Anne Cécile Robert
relève que "L’autoproclamation d’une Constitution européenne,
même par le subterfuge d’un traité international, masque donc une intention
politique liée au contenu ultralibéral du texte lui-même. Eu égard au
caractère fondateur d’une Constitution, imposer le mot sans la réalité,
c’est vouloir imposer le libéralisme lui-même au mépris des règles
démocratiques de base." « l’objet
essentiel d’une Constitution étant d’organiser les “pouvoirs publics”
tout en laissant les choix de fond au verdict des électeurs, le recours
à un “traité établissant une constitution” revient à tenter de court-circuiter
la souveraineté populaire pour imposer, par un acte solennel, les principes
du libéralisme économique. » Dans
Dire
Non à la constitution Européenne pour construire l’Europe de la fondation Copernic, on retrouve
ces 2 points : « Une
constitution doit émaner d’une assemblée
constituante. Ce n’est pas le cas ici. Ajoutons qu’une assemblée
constituante ne s’improvise pas. Elle doit s’appuyer sur la souveraineté
populaire pour trouver sa légitimité. Celle-ci ne se décrète pas, elle
se construit. Vu l’histoire de la construction européenne, cela suppose un débat démocratique prolongé, impliquant
profondément les peuples. » « Enfin
une constitution doit se borner à inscrire les valeurs communes, les principes fondateurs et à organiser les
institutions. Le projet de « constitution » adopté par les
chefs d’Etat et de gouvernement n’est pas du tout de cette nature. Il
fixe dans le détail toute sorte de choix politiques, sociaux, économiques.
Choix qui devraient pouvoir être modifiés lors d’un changement de majorité
politique et ne pourront plus l’être. » Si
les citoyens des différents pays avaient contribué à définir les valeurs
qui les unis, le contenu de cette constitution serait tout autre Serge Regourd relève: « Il est d’abord
permis de s’interroger sur les vertus démocratiques d’un texte de 448 articles,
d’un volume quinze fois supérieur au texte
de la Constitution Française, agrémenté de deux annexes,
36 protocoles, 39 déclarations, dont la complexité rédactionnelle décourage
la lecture, même diagonale, de l’honnête citoyen ordinaire. » 5.2.1 Comparaison du préambules et articles 1ers des constitutions de 1793, 1946, 2004 Jugeons
du préambule et du 1er article de quelques constitutions
(Toutes les constitutions du monde ici) constitution
de 1793 Au
lendemain de la victoire remportée par les peuples libres sur les
régimes qui ont tenté d'asservir et de dégrader la personne humaine,
le peuple français proclame à nouveau que tout être humain, sans distinction
de race, de religion ni de croyance, possède des droits inaliénables
et sacrés. Il réaffirme solennellement les droits et libertés
de l'homme et du citoyen consacrés par la Déclaration des droits de
1789 et les principes fondamentaux reconnus par les lois de la République.
Article
premier. Constitution Européenne de 2004 Sa Majesté le Roi des Belges,
le Président de la République tchèque, Sa Majesté la Reine de Danemark,
le Président de la République fédérale d'Allemagne, le Président de
la République d'Estonie, le Président de la République hellénique,
Sa Majesté le Roi d'Espagne, le Président de la République française,
la Présidente d'Irlande, le Président de la République italienne,
le Président de la République de Chypre, la Présidente de la République
de Lettonie, le Président de la République de Lituanie, Son Altesse
royale le Grand-Duc de Luxembourg, le Président de la République de
Hongrie, le Président de Malte, Sa Majesté la Reine des Pays-Bas,
le Président fédéral de la République d'Autriche, le Président de
la République de Pologne, le Président de la République portugaise,
le Président de la République de Slovénie, le Président de la République
slovaque, la Présidente de la République de Finlande, le gouvernement
du Royaume de Suède, Sa Majesté la Reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne
et d'Irlande du Nord, Article1-1.
Inspirée par la volonté des citoyens et des États d'Europe
de bâtir leur avenir commun,
la présente Constitution établit l'Union européenne, à laquelle les
États membres attribuent des compétences pour atteindre leurs objectifs
communs. L'Union coordonne
les politiques des États membres visant à atteindre ces objectifs
et exerce sur le mode communautaire les compétences qu'ils lui attribuent. On
constatera qu’on est passé de 1793 à 2004 du peuple au roi et de la
recherche du bonheur à l’attribution de compétences : tout un
symbole ! Citons
également : article 28 de la constitution de 1793 : Un
peuple a toujours le droit de revoir, de réformer et de changer sa
Constitution. Une génération ne peut assujettir à ses lois les générations
futures. Qu’il
suffit de comparer avec un article
pris au hasard dans la section III du TCE : Article
III-232 Lorsque,
dans un État membre, un produit fait l'objet d'une organisation nationale
du marché ou de toute réglementation interne d'effet équivalent affectant
la position concurrentielle d'une production similaire dans un autre
État membre, une taxe compensatoire à l'entrée est appliquée par les
États membres à ce produit en provenance de l'État membre où l'organisation
ou la réglementation existe, à moins que cet État n'applique une taxe
compensatoire à la sortie. La Commission adopte des règlements ou
décisions européens fixant le montant de ces taxes dans la mesure
nécessaire pour rétablir l'équilibre Elle peut également autoriser
le recours à d'autres mesures dont elle définit les conditions et
modalités. Ou
a celui-ci : Article
III-436.2 Le
Conseil, sur proposition de la Commission, peut adopter à l’unanimité
une décision européenne modifiant la liste du 15 avril 1958 des produits
auxquels les dispositions du paragraphe 1, point b), s’appliquent. »
Paragraphe 1 b) : « Tout État membre peut prendre les mesures
qu’il estime nécessaires à la protection des intérêts essentiels de
sa sécurité et qui se rapportent à la production ou au commerce d’armes,
de munitions et de matériel de guerre ; ces mesures ne doivent
pas altérer les conditions de la concurrence dans le marché intérieur
en ce qui concerne les produits non destinés à des fins spécifiquement
militaires. » Pour
constater que le niveau de langage n’est pas le même. Le
TCE énonce (en
‘Partie I’) les valeurs
communes aux Etats membres fondant l’Union et intègre (en
‘Partie II’) la Charte des
Droits fondamentaux de l’Union qui nourrissent aujourd’hui la plupart
des discours en faveur du traité. Mais quelle valeur leur attache-t-il ? La
portée juridique des droits fondamentaux se trouve annihilée par plusieurs
dispositions complémentaires entre elles. Les
droits sont
tout d’abord soumis à interprétation du praesidium C’est
annoncé dans le préambule de la charte : « la
charte sera interprétée en prenant dûment en considération les explications
établies sous l’autorité du Praesidium de la Convention ».
Le praesidium était composé du Président de la Convention, Valéry
Giscard d’Estaing et d’un représentant par Etat. Pour trouver ces
explications, il faut aller fouiller dans les dizaines d’annexes qui
accompagnent le projet de Constitution. Le diable se nichant souvent
dans les détails et les personnes ayant rédigé ces interprétations
ne pouvant être suspectées d’humanisme éclairé le voyage semblait mériter
le détour. Jugez-en : L’article
II.62. indique
que « Toute personne a droit à la vie » (inspiré d’ailleurs
directement par les lobbies anti-avortement pour leurs combats futurs)
et que « Nul ne peut être condamné à la peine de mort, ni exécuté »
mais les explications du Præsidium indiquent que
« La mort n’est pas infligée en violation de cet article
dans les cas où elle résulterait d’un recours à la force rendu nécessaire :a)
Pour assurer la défense de toute personne contre la violence illégale,
b) Pour effectuer une arrestation régulière.,
c) Pour réprimer conformément à la loi,
une émeute ou une insurrection » « Un État peut
prévoir dans sa législation la peine de mort pour des actes commis en
temps de guerre ou de danger imminent de guerre ; une telle peine ne
sera appliquée que dans les cas prévus par cette législation et conformément
à ses dispositions...». Une
police tirant à balles réelles sur des fuyards ou des émeutiers, un
état exécutant des déserteurs ou des militants pacifistes respecteraient
les valeurs affichées par l’union !!!. L’article II.66 stipule que. : "Toute
personne a droit à la liberté et à la sûreté". Mais les explications
du præsidium donnent des exceptions pour le moins étranges. : « Nul
ne peut être privé de sa liberté, sauf dans les cas suivants :
… d) S’il s’agit de la détention régulière d’une personne susceptible
de propager une maladie contagieuse, d’un aliéné,
d’un alcoolique,
d’un toxicomane
ou d’un
vagabond. Pénalisation
de la consommation de drogues, internement des fous et des malades,
retour au délit de vagabondage : c’est
le grand bond en arrière !!! L’article II.67.affirme : « Toute
personne a droit au respect de sa vie privée et familiale, de son domicile
et de ses communications » Mais le præsidium fixe des limites :
« Il ne peut y avoir ingérence d’une autorité publique [sauf
si elle] est nécessaire (...) au bien être
économique du pays, à la protection
de la morale. » Il
devient maintenant possible d’espionner l’individu au nom de la morale
et du bien être économique . C’est surréaliste !!! L’article
II-72 cite : « Toute personne a droit
à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d’association à tous
les niveaux, notamment dans les domaines politique, syndical et civique,
ce qui implique le droit de toute personne de fonder avec d’autres des
syndicats et de s’y affilier pour la défense de ses intérêts. »
mais (accrochez-vous) le præsidium précise « L’exercice de ces
droits ne peut faire l’objet d’autres restrictions que celles qui, prévues
par la loi, constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique,
à la sécurité nationale, à la sûreté publique, à la défense de l’ordre
et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la morale
ou à la protection des droits et libertés d’autrui. Le présent article
n’interdit pas que des restrictions légitimes soient imposées à l’exercice
de ces droits par les membres des forces armées, de la police ou de
l’administration de l’État. » Toute
réunion ou association y compris politique et syndicale peut être
interdite au nom de la morale, de la sécurité nationale, de la sûreté
publique ou de la défense de l’ordre. C’est beau comme du Pinochet ! L’article II-81
stipule : « "Est interdite toute discrimination fondée
notamment sur le sexe, la race, la couleur, les origines ethniques ou
sociales, les caractéristiques, la langue, la religion ou les convictions
(...)" Après cet élan humaniste, retour aux durs réalités grâce
au præsidium qui explique : « le paragraphe ci-dessus ne
confère aucune compétence pour adopter des lois anti-discrimination
dans ces domaines ». Traduction :
il serait dommageable pour le fonctionnement du marché que des lois
anti-discriminations voient le jour ! puis
détachés de toute contrainte à charge de l’union Article
II-111 : Champ
d’application : La présente charte n’étend pas le champ d’application
du droit de l’Union ni ne crée aucune compétence
ni aucune tâche nouvelles pour l’union. .. C’est
la clé de la charte puisque cet article assure aux états que cette charte
n’est là que pour le décor et qu’elle ne crée aucune compétence nouvelle
(pour les traduire législativement et les contrôler judiciairement notamment),
ce que s’empresse de confirmer le præsidium : « le paragraphe
2 confirme que la charte ne peut avoir pour effet d’étendre les compétences
et tâches conférées à l’Union. » On ne saurait être plus cynique. La
constitution organise elle-même l’impossibilité de mettre en œuvre les droits qu’elle
cite puis
soumis à toutes les autres dispositions de la
constitution Article
II-112.2 : Les
droits reconnus par la présente Charte qui font l’objet de dispositions
dans d’autres parties de la Constitution s’exercent dans des conditions et limites y définies.. Ce qui veut dire,
en langage courant, que les droits sont subordonnés dans leur exercice
aux conditions et limites fixées par toutes les autres dispositions
de la Constitution. On ne saurait marquer plus
clairement la subordination de l’être humain aux marchandises, services
et capitaux. ainsi
qu’aux traditions des états membres Article
II-112.4 : Dans
la mesure où la présente Charte reconnaît des droits fondamentaux tels
qu’ils résultent des traditions constitutionnelles communes aux Etats
membres, ces droits doivent être interprétés en harmonie avec lesdites
traditions. Ainsi,
à titre d’exemple, le principe de ‘Dignité humaine’ de l’Article II-61 :
‘Dignité humaine. La dignité humaine est inviolable. Elle doit être
respectée et protégée’, devra être interprété en harmonie avec les
traditions du pays concerné ! Chacun
pourra se référer à ce qu’il connaît des traditions de respect de la
dignité humaine dans certains pays européens pour mesurer combien l’article
II-112.4 limite l’exercice de ce droit fondamental. Avant
d’être rendus facultatifs et non invocables
en justice Article
II-112.5 :
‘Les dispositions de la présente Charte qui contiennent des principes
peuvent être mises en œuvre par
des actes législatifs et exécutifs pris par les institutions, organes
et organismes de l’Union, et par des actes des Etats membres lorsqu’ils
mettent en œuvre le droit de l’Union, dans l’exercice de leurs compétences
respectives. Leur invocation devant le juge n’est admise que pour
l’interprétation et le contrôle de tels actes’. Ultime
protection : aucun état, pas plus que l'union, n'est obligé de
traduire ces fameux droits de la Charte des droits fondamentaux par
des actes législatifs et aucun citoyen ne pourra en invoquer le manque
devant un juge : Dans
Constitution européenne et modèle social européen:
analyse juridique d'une imposture politique
Serge Regourd (professeur de droit public à l'Université des
sciences sociales de Toulouse) se livre à une analyse juridique très
poussée dans laquelle il relève que : Serge
Regourd la
Charte paraît constituer un leurre juridique, n’ayant d’autre fonction que
de conférer un supplément d’âme symbolique à une réalité qui en manque
cruellement. D’ailleurs après que l’article I. 9 ait indiqué que « l’Union
adhère à la Convention Européenne de sauvegarde des droits de l’homme »
mais que cette adhésion « ne modifie pas les compétences de l’Union
telles qu’elles sont définies dans la Constitution », l’article
II. 111-2 précise clairement que « la
présente charte ne crée aucune
compétence ni aucune tâche nouvelle pour l’Union »…
L’article II. 112-2 ajoute que « les droits reconnus par la présente
charte » s’exercent dans « les conditions et limites »
définies par les autres parties de la Constitution […] au-delà du leurre, c’est bien d’une régression
qu’il s’agit quant à la conception des droits et libertés en cause. La
charte des droits fondamentaux est un leurre destiné à vendre un texte
invendable 5.4.1
Ni
directement
Article
I-47 4 : Des
citoyens de l’Union, au nombre d’un million au moins, ressortissants
d’un nombre significatif d’Etats membres, peuvent prendre l’initiative
d’inviter la Commission, dans le cadre de ses attributions, à soumettre
une proposition appropriée sur des questions pour lesquelles ces citoyens
considèrent qu’un acte juridique de l’Union est nécessaire aux fins
de l’application de la Constitution
[ … ]’. Serge
Regourd Le
rôle prévalent de la Commission s’exerce également à l’encontre de
cette autre prétendue formidable « avancée démocratique »
que constituerait le droit de pétition
(Article I. 47-4). Certes un million, au moins, de citoyens ressortissants
d’un nombre significatif d’Etats membres, peuvent exercer
ce droit de pétition, mais celui-ci consiste seulement à « inviter la Commission à soumettre une proposition
appropriée… aux fins de l’application de la Constitution » !...
D’une part, il ne s’agit que d’une « invitation »
à l’égard de laquelle la Commission conserve un pouvoir discrétionnaire,
d’autre part et surtout, dans l’hypothèse la plus favorable où une
telle invitation produirait effet, ce ne peut être que pour conforter l’application de la Constitution
telle qu’elle est, et évidemment pas
pour l’infléchir… 5.4.2
Ni
par le biais du parlement
Serge
Regourd le
projet de Constitution (art I. 26-2) réaffirme le principe du monopole
de l’initiative législative au profit de la Commission, l’organe intégré,
expression de ce pouvoir technocratique si souvent dénoncé :
« Un acte législatif de l’Union ne peut être adopté que sur proposition
de la Commission […] le cœur de la « gouvernance »
selon l’expression à la mode européenne, reste plus que jamais la
Commission, dépourvue de toute légitimité démocratique. Le Parlement ne
peut émettre de projet de loi. Il peut seulement présenter des demandes laissées
au bon vouloir de la Commission : Article III-332 : ‘ Le Parlement européen peut, à la majorité des membres qui le composent, demander à la Commission de soumettre toute proposition appropriée sur les questions qui lui paraissent nécessiter l’élaboration d’un acte de l’Union pour la mise en œuvre de la Constitution. Si la Commission ne soumet pas de proposition, elle en communique les raisons au Parlement européen’. Seule
la commission a l’initiative des lois Article
I-34 Les actes législatifs :1. Les lois et
lois-cadres européennes sont adoptées, sur proposition de la Commission,
conjointement par le Parlement européen et le Conseil conformément à
la procédure législative ordinaire visée à l'article III-396. Si les
deux institutions ne parviennent pas à un accord, l'acte en question
n'est pas adopté. Cela
veut dire que ni le parlement, ni le conseil des ministres ne
peuvent le faire. Ce sont pourtant les seuls organes européens
qui représentent directement ou indirectement les citoyens. La
commission dispose de plus d’un droit de veto sur les votes du parlement Article
III-396 1. Lorsque, en vertu de la Constitution,
les lois ou lois-cadres européennes sont adoptées selon la procédure
législative ordinaire, les dispositions ci-après sont applicables. De
plus : Le
Conseil européen et le Conseil des Ministres ne sont pas censurables. La
Commission est formée de personnalités choisies et ne
peut être censurée qu’à la double majorité des membres du
parlement et des deux tiers des suffrages exprimés. 5.4.3
Ni
par le biais de son gouvernement
Serge
Regourd La
Commission dispose, par ailleurs, d’un pouvoir de blocage comparable s’agissant des
« coopérations renforcées » que pourraient vouloir mettre
en œuvre un tiers au moins des Etats membres (articles I. 44 et III.
419) Les
états s’engagent à ne pas mettre en œuvre de politique contraire
aux objectifs de l’union Article
III-199 Le
Conseil des ministres adopte des décisions européennes qui définissent
la position de l'Union sur une question particulière de nature géographique
ou thématique. Les États membres veillent à la conformité de leurs politiques
nationales avec les positions de l'Union. Les
citoyens européens pourront-ils élire un gouvernement dont le programme
ne serait pas conforme aux règles du traité ? Non puisqu’il serait
condamné par la constitution à trahir son programme. La
constitution sera-t-elle modifiable ? l’argument
selon lequel depuis le traité de Rome, tous les traités européens ont
été conclus avec une clause de révision à l’unanimité, ne peut être
défendu pour les raisons suivantes : -
6 pays étaient signataires du traité de Rome, 9, 12 puis 15 pour les
suivants. On a pu mesurer au fil de l’augmentation du nombre des signataires,
les inconvénients d’une telle règle, -
10 nouveaux pays sont entrés depuis dans l’Union et leurs intérêts,
phénomène nouveau, s’opposent globalement à ceux des pays fondateurs.(Ceci
est très important et il ne faut pas oublier Mr Barroso qui lors du
débat sur Bolkestein avertissaient les pays nantis qu’ils ne pouvaient
escompter se protéger contre les attentes légitimes des nouveaux entrants),
-
Il ne s’agit pas ici d’un traité, mais de la reprise de l’ensemble des
traités antérieurs dans un acte visant à ‘établir une Constitution pour
l’Europe’ -
et s’agissant du traité constitutionnel, c’est la règle de la triple
unanimité qui devra s’appliquer. La
constitution pourra-t-elle être amendée ? Non puisqu’il faudrait
une triple unanimité : celle d’une convention qui réunirait un
représentant de chaque état puis celle des gouvernements appelés à
la valider puis celle liée à sa ratification par la totalité des états
membres par voix parlementaire ou de référendum S’agissant
du même processus que celui en oeuvre pour l’établir, il suffit de constater
ce qui se passe actuellement pour savoir que ce n’est pas si simple
que certain voudraient le faire croire. Soyons sur que si par malheur
elle devait passer, ses tenants, échaudés par le peu d’enthousiasme
des peuples pour plébisciter leurs projets se garderaient bien de leur
en proposer un nouveau de sitôt. Le coloriage de cette constitution
en social promis par François Hollande pour 2007 s’il revient au pouvoir
relève au choix d’un mensonge éhonté ou du grave délire d’un esprit
perturbé. Aucune
constitution au monde n’est verrouillée de la sorte. Pour
comprendre comment l’Europe a peu à peu pris l’habitude de se couper
des citoyens, on pourra lire également l’enquête
sur l’état de la démocratie menée en Norvège sur l'état
de la démocratie et qui décrypte les mécanismes qui ont mené là bas
mais partout en Europe également à la « rupture du lien démocratique qui place l'exercice du
pouvoir sous le contrôle des électeurs ».
Cette article relève notamment que « Le déficit démocratique
ne provient donc pas de la délégation du pouvoir législatif à une instance
supérieure (l’Europe), mais de l'absence
d'assise démocratique des institutions auxquelles est délégué ce pouvoir »
Ce n’est donc pas l’Europe qui est en cause mais cette Europe-ci.
Le
TCE
dénie lui-même certains des droits fondamentaux qu’il affiche puisque
alors que l’article II-80 proclame ‘Toutes
les personnes sont égales en droit’, et que l’article II-81
édicte ‘toute discrimination exercée en raison de la nationalité
est interdite’, l’article I–10.1 énonce : ‘Toute
personne ayant la nationalité d’un Etat membre possède la
citoyenneté de l’Union’. Excluant
de fait de la citoyenneté les 11 millions d’étrangers résidant en Europe. 5.6.1 Droit au travail Dans
Ce traité, une avancée sociale
de Etienne Adam : « Il
[le droit au travail] est défini par des textes comme le préambule de
la constitution française « art 5: chacun a le droit d'obtenir un
emploi ». La charte sociale européenne de 1961 veut assurer « l'exercice
effectif du droit au travail ». Dans le traité on ne trouve, dans
la partie libertés, que l'art II-75 : « toute personne a le droit de travailler et d'exercer une profession
librement choisie et acceptée ». On voit bien le glissement du droit
au travail (garanti et assuré par la société) à la liberté de travailler qui est l'interdiction du travail forcé. En
conséquence, jusqu'en 1989 le droit à une indemnisation chômage est
prévu : Art. 11 :« Tout être humain qui en raison de la situation
économique se trouve dans l'incapacité de travailler a le droit d'obtenir
de la collectivité des moyens convenables d'existence » (Constitution
de 1946), elle doit même être suffisante.Titre I, 10 : « Les personnes
exclues du marché du travail [...] doivent pouvoir bénéficier de prestations
et de ressources suffisantes. » (Charte des droits sociaux fondamentaux
de 1989.) Ce
droit à un revenu de remplacement disparaît dans le traité qui
se contente d'avaliser ce qui se fait dans les différents pays: Titre
IV, art II 94 : Sécurité sociale et aide sociale « 1. l'Union reconnaît
et respecte le droit d'accès aux prestations de sécurité sociale et
aux services sociaux assurant une protection [...] en cas de perte d'emploi,
selon les règles établies par le droit de l'Union et les législations
et pratiques nationales. ». » 5.6.2 Droit au logement « Art. II-34 §3 : (…) Afin de lutter
contre l’exclusion sociale et la pauvreté, l’Union
reconnaît et respecte le droit à une aide sociale et à une aide au logement. » Seul
le droit à l’aide au logement est reconnu ce qui représente un recul
sur la Déclaration universelle des droits de l’homme qui, en 1948, proclamait
: « Toute personne a droit à un
niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son
bien-être et celui de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement,
le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services
sociaux nécessaires » (article 25. 1). Ni
le droit au travail, ni le droit au logement pourtant fondateurs de
la dignité humaine ne sont plus garantis par cette constitution ! 5.6.3 Laïcité Elle
a fait l’objet d’une bataille féroce perdue par les tenants de la séparation
nette de l’état et de la religion. En
cause notamment l’article 51 : Article 51
:
Statut des églises et des organisations non confessionnelles 1.
L’Union respecte et ne préjuge pas du statut dont bénéficient, en
vertu du droit national, les églises et les associations
ou communautés religieuses dans les Etats membres. 2.
L’Union respecte également le statut des organisations philosophiques
non confessionnelles. 3.
Reconnaissant leur identité et leur contribution spécifique, l’Union
maintient un dialogue ouvert, transparent et régulier,
avec ces églises et organisations. Qui
a fait l’objet des critiques
suivantes : 1.
L'Eglise catholique entretient des relations diplomatiques avec chacun
des pays de l'Union au même titre que la Chine, l'Iraq ou les USA, et
son nonce apostolique auprès de l'Union représente les intérêts du Saint
Siège. En même temps, l'article 51 cherche à obtenir pour l'Eglise un
statut de société civile européenne. William
Gasparini
maître de conférences à l’Université Marc Bloch, membre du Conseil
scientifique d’Attac in Dans services
publics et laïcité des institutions : les dommages collatéraux
d’une Constitution contestée D’inspiration
clairement anglo-saxonne, l’article II-70 de ce Traité garantit la liberté de religion (préférée à la liberté de conscience)
et autorise son expression par l’enseignement, les rites, tant dans l’espace public que privé.
Aucune
restriction ne s’applique aux représentants des institutions
et rien n’interdirait demain, dans l’hypothèse d’une ratification,
à tel ou tel investi d’une fonction, de condamner publiquement au
nom de ses valeurs religieuses l’avortement, le contenu d’un enseignement,
voire la loi sur l’interdiction des signes religieux à l’école récemment
adoptée en France. Ainsi, le rejet de R. Buttiglione n’est pas une
victoire prometteuse de la laïcité qu’aucun article ne garantit par
ailleurs, mais, comme l’écrit (candidement) B. Poignant, président
de la délégation socialiste française au Parlement européen :
la punition « par les protestants, anglicans du péché d’arrogance,
du catholicisme qui se prétend tout le christianisme ». Pauvre
victoire en vérité qui prépare d’autres déconvenues et nous dessine une société où le communautarisme s’insinue dans
les failles ouvertes par ce texte. L’église
ne s’y est d’ailleurs pas trompée : Mgr
Hippolyte Simon, archevêque de Clermont
et vice-président de la Commission des épiscopats de la Communauté
européenne Nous
décentrer de nos replis gaulois et prendre de la hauteur": Certes,
le traité constitutionnel ne parle pas explicitement des racines chrétiennes.
Mais il en parle implicitement puisqu’il est fait mention des racines
religieuses de l’Europe, non seulement dans le préambule mais aussi
dans l’article 52. Sur ce point encore, ce traité est donc un progrès
par rapport à celui de 2000. Et puis, à partir du moment où les Églises sont
pleinement reconnues comme partenaires de l’Union qui « promet d’entretenir
un dialogue ouvert, transparent et régulier » avec elles,
il n’y a pas lieu de s’enfermer dans des regrets. Voir
également le texte
de Jean Paul II appelant à une constitution européenne en juin 2002 Les
églises deviennent des partenaires de l’union européenne 5.6.4 Droit des femmes Monika Karbowska remarque que « L'égalité entre les femmes et les hommes ne fait pas partie des valeurs
qui fondent l'Union », ni le « droit à l'avortement et à la contraception » et que « Se
marier et fonder une famille sont des droits garantis dans l'article
II-69 mais pas le droit de divorcer. » et note que les « femmes étrangères ou immigrées » étant exclues
de la citoyenneté européenne comme toute personne n’ayant pas la nationalité
d’un état membre (article
I–10 ) elles « [resteront] soumises
aux traditions oppressives de leur pays d'origine ». Cette
article relève également que les femmes seront les 1ères victimes d’une
logique « qui
accordent la suprématie à la ‘compétitivité de l'économie’ par rapport
à ‘l'amélioration des conditions de vie et de travail’
(article III-209) »
et note : « Les délocalisations touchent des secteurs très
féminins, comme l'électronique, le textile, les centres d'appel» Par
ailleurs les filières de la prostitution seront favorisées par le fait
que « Les
restrictions aux mouvements de capitaux sont interdites (articles III-156
et 157) et rendent incontrôlable le blanchiment dans les paradis fiscaux
de l'argent du trafic et de la prostitution. » Il
est noté que « La Convention qui a établi le projet de TCE s'est
illustrée par sa composition très masculine ».,que la parité n’est
pas citée
et notamment pas dans l’article I-46 qui défini le principe de démocratie
représentative. Le
principe de laïcité n’ayant pas droit de citer et les Eglises et les
communautés religieuses étant reconnues comme interlocutrices régulières
(article I-52), l’article note que cela peut amener « une menace croissante
contre les droits acquis comme la contraception, l'avortement » 5.6.5 Droit des enfants L’association
Janusz
KORCZAK qui
milite pour le respect de l’enfant est l’une des seules à avoir étudier
l’impact de laconstitution de ce point de vue. Dans La
future constitution européenne réduit les droits de l’enfant ! elle note que la constitution est en
recul par rapport aux traités précédents de l'Union Européenne
sur la question des droits de l’enfant. : ·
L’absence
de toute référence à la Convention Internationale
relative aux Droits de l’Enfant
(CIDE) ou à la Convention Européenne sur l’Exercice des Droits
de l’Enfant (CEEDE) dans le préambule de la partie II,
soulignée depuis longtemps par DEI-France. La CIDE
avait pourtant été adoptée à l’unanimité à l’O.N.U le 20 novembre 1989
et elle a été ratifiée depuis par tous les pays du monde sauf, à ce
jour, deux (États-Unis et Somalie). La CEEDE avait
été ratifiée par la France le 4 juin 1996. ·
La
formulation de l’article II-84 qui propose une nouvelle version
très réduite des droits reconnus aux enfants, en 3
alinéas de six lignes qui prêteront à toutes les interprétations. ·
Les
réserves et les recours quant aux difficultés d’applications, qui sont
les mêmes pour l’ensemble de la Charte des droits de la Constitution.
Aux réserves d’usages (respect des compétences et tâches de l’Union
et principe de subsidiarité, priorité aux traditions constitutionnelles et
des obligations internationales communes mais non pas particulières,
etc.), la charte sera interprétée « en
prenant dûment en considération les explications établies sous l’autorité
du praesidium de la Convention ». Un praesidium dont la
composition n’a absolument rien de démocratique. 5.6.6 Il légalise le Lock-out aujourd’hui non autorisé par le droit français Article
II-88 :
Droit de négociation et d’actions collectives : Les travailleurs
et les employeurs, ou leurs
organisations respectives, ont, conformément au droit de l’Union
et aux législations et pratiques nationales, le droit de négocier
et de conclure des conventions collectives aux niveaux appropriés
et de recourir, en cas de conflits d’intérêts, à des actions
collectives pour la défense de leurs intérêts,
y compris la grève. 5.6.7
Droit à un salaire minimum et à la retraite
Ces droits historiquement acquis sont tout simplement abandonnés. Cette
constitution renie des droits acquis de haute lutte par nos ancêtres
A
l’heure où de multiples questions surgissent quant à l’avenir de l’homme
sur cette terre voire l’avenir de la vie sur terre, il est un besoin
urgent que quelque part à travers le monde un autre modèle de société
puisse rencontrer le terreau nécessaire à son émergence. La constitution
stérilise tout espoir que quelque part en Europe un tel projet puisse
émerger. Jean-Marc
Jancovici note les contradictions du texte qui s’il
cite dans ses valeurs, le développement durable,
la préservation, la protection et l'amélioration
de la qualité de l'environnement et l'utilisation prudente et rationnelle
des ressources se fixe dans le cadre d’une politique libérale
dont on sait le peu de cas qu’elle fait de ces valeurs un certain
nombre d'objectifs souvent beaucoup plus concrets et parfaitement
antagonistes ce qui donne dans le texte: une
croissance économique équilibrée, une économie sociale de marché hautement
compétitive , une expansion de la consommation dans l'Union,
l’accroissement de la productivité de l'agriculture,
le développement de réseaux transeuropéens dans les secteurs des infrastructures
du transport.. Dominique Bourg professeur de philosophie
à l'université de Troyes regrette pour sa part que la Constitution fasse
parfois se succéder des articles aux objectifs contradictoires. " Vouloir favoriser à la fois la croissance économique et la protection
de l'environnement, c'est très sympathique, mais ce n'est pas toujours
conciliable, assure-t-il, Et le texte ne dit pas
comment trancher le cas échéant. " Le philosophe trouve par
ailleurs dommage que le principe d'information et de participation n'ait
pas été ajouté dans la section consacrée à la politique environnementale
de l'Union aux côtés des principes de précaution, de prévention et du
pollueur-payeur. Raphaël Romi professeur de droit à l'université
de Nantes note que les principes exposés semblent aller dans le bon
sens mais que la Constitution européenne ne semble pas modifier en profondeur
le droit européen de l'environnement. " Si la notion de développement
durable est reprise de nombreuses fois dans le texte, elle est malheureusement
bien souvent dénuée de force juridique,
remarque Raphaël Romi, pour la simple et bonne raison que
le développement durable n'a pas de définition juridique en tant que
tel. " Celle introduite par le texte constitutionnel
est sans doute trop large pour être opposable devant une juridiction.
Elle lie en effet la croissance économique, la stabilité des prix, une
économie sociale de marché hautement compétitive, le plein emploi et
la protection de l'environnement. Article
III-239 Que
fait cet article dans une constitution ?
Certes, c’est un rescapé du traité de Rome. Ça montre à l’évidence comment
a été établi cette constitution. Pas d’assemblée constituante... mais
une convention ouverte aux lobbies. Et le jour de cet article-là,
c’était le lobby des transporteurs routiers... et quand on connaît le
poids des transports dans la facture écologique… article
III-123 La
politique agricole commune a pour but : a) d’accroître la productivité
de l’agriculture en développant le progrès technique, en
assurant le développement rationnel de la production agricole ainsi
qu’un emploi optimum des
facteurs de production, notamment de la main d’oeuvre,..
Que
fait cet article dans une constitution ?
Le jour de cet article-là, c’était le lobby des céréaliers et autres
gros producteurs. Il n’y avait personne pour défendre des valeurs comme
l’entretien des paysages, la préservation des sols, la solidarité avec
les agriculteurs des autres pays. Et
Jean-Marc Jancovici
de conclure : « On peut donc regretter que le présent traité
n'ait pas pris acte des travaux de nature scientifique intervenus
entre temps [depuis le traité de Rome],
qui montrent que de baser l'avenir sur le postulat d'une expansion
indéfinie est devenu un pari très risqué » Par
élite il faut entendre ceux qui sont désignés ou élus pour influer sur
le cours des choses : hommes politiques, banquiers, grands patrons,
responsables syndicaux, intellectuels, … L’effet d’entraînement qu’elles
possèdent est important. 6.1.1 L’effet ClubCes
élites se rencontrent régulièrement, les individus sont chaleureux,
se tutoient, lisent les mêmes livres, mangent ensembles, parle des mêmes
sujets et en viennent à partager les mêmes objectifs. Cela amène un
lissage des idées qu’en d’autres temps certains avaient
dénoncés sous le terme de « pensée
unique ». Leurs prises de position et leurs oppositions
sont le plus souvent posturales dans le but d’asseoir l’image qui leur
sert au renouvellement de leur mandat mais le sentiment qui prédomine
chez eux est celui d’appartenir à un même monde : celui des puissants.
C’est l’effet Club. Cela
évoque ce que Fernand Braudel, Historien des civilisations
analysait
dans Civilisation
matérielle, économie et capitalisme. Il y découpait la société en
3 étages : le rez-de-chaussée du clan ou de la famille, reste en
deçà des règles ; l'étage central qui regroupe les acteurs participant
aux échanges locaux, applique les règles, ce sont les citoyens; l'étage supérieur de la macroéconomie et la macropolitique
cherche à s'abstraire en permanence de l'application des règles, visant
des situations de rente, oligopole ou monopole. « Ainsi,
les tenants de la "grande-politique" cherchent constamment à s'abstraire des rudes exigences du
débat démocratique, dont ils prônent par ailleurs, à juste
titre, les vertus ». Braudel
nous dit qu’il est dans la nature de nos société que les élites cherchent
à s’abstraire des règles. Les enjeux démocratiques consistent à ce que
l’étage du milieu soit suffisamment fort pour mettre en place des contre-pouvoirs
efficaces. On est au coeur de
la problématique actuelle qui voit cette Europe conçue et pilotée par
des experts se détacher inexorablement des logiques citoyennes et des
principes qui fondent la démocratie. Les
élites sont le pouvoir, les citoyens le contre pouvoir. Leurs intérêts
sont antinomiques. 6.1.2 Un exemple de club européen : confrontations Europe Il
s’agit d’un des clubs les plus actifs et des plus
modérés sur l’Europe. Il se définit lui-même « mouvement
civique et un lieu de travail en commun pour les dirigeants d’entreprises,
les syndicalistes, les acteurs associatifs et politiques, les intellectuels
et les étudiants. Elle est devenue un interface entre la société et
institutions communautaires. » son
conseil d’administration est composé de Philippe Herzog,
député européen, ancien membre du parti communiste français, Jean-Christophe
Le Duigou, ancien directeur des impôts, dirigeant de la CGT, Jean Peyrelevade, ancien président du Crédit lyonnais, Michel
Rocard, premier ministre entre 1988 et 1991
et sa direction est composée
de Jacky FAYOLLE, Michèle Debonneuil, Claude FISCHER,
Jean GANDOIS, Philippe
HERZOG, Jean-Christophe
LE DUIGOU, Jacques
MAIRE, Francis
MER, Jean PEYRELEVADE, Franck RIBOUD,
Jean-François
TROGRLIC et son comité
de parrainage d’un mélange d’hommes politique de droite (Jérôme
Monod, le
big boss de l'Elysée qui tire les ficelles de la Chiraquie) et de gauche (Martine Aubry, Jacques Delors,
de journalistes (Alexandre Adler encore lui !), d’hommes
de média (Pierre Lescure), de syndicalistes, de sociologues (Edgar
Morin, Alain Touraine) et de beaucoup de grands patrons (Michel
Edouard Leclerc, Francis Mer, Serge Tchuruk, …) On
peut discerner les intérêts en jeux lorsque, pendant que le groupe Politique
industrielle et service public propose de « Débattre et
proposer pour faire
évoluer le statut des Services d’Intérêt Général dans l’Union Européenne
et la doter d’une capacité de politiques industrielles »,
le groupe Identité
d'entreprises européennes « cherche
à apporter une contribution pour que l’entreprise devienne un sujet
reconnu dans le Traité constitutionnel et soit promue comme un acteur essentiel de la société. » et se demande « Comment promouvoir les entreprises porteuses de projets d'intérêt
communautaire et/ou acteurs pour des missions d'intérêt général
(exemples : formation
tout au long de la vie, environnement, réseaux de SIG, projets industriels pilotes)? » Pendant
ce temps le groupe
éducation propose ce genre d’analyse qui prépare l’université à
la concurrence internationale: « l’Université
européenne est en crise, sur le déclin et en voie de paupérisation.
Et cela dans tous les Etats membres. La première raison est idéologique :
l’attachement viscéral
des acteurs du système universitaire aux deux piliers, en
Europe, de l’aura universitaire – autonomie intellectuelle
et démocratisation
du savoir
– leur interdisent
d’imaginer qu’il est possible
à l’université européenne de tirer son épingle du jeu du mouvement d’internationalisation
et de compétition(de concurrence internationale) qui la traverse. » De
toutes parts des lobbies agissent pour livrer au marché les services
publics. Le
lobby citoyen n’existe qu’au moment du vote. Ne l’oublions pas !
6.1.3 Un exemple de club planétaire : BILDERBERG « le
Traité de Rome de 1957, qui donna naissance au Marché Commun, a été
pensé lors des réunions du groupe Bilderberg » George McGhee, ancien ambassadeur américain en RFA Ce
groupe regroupe la crème de l’élite des 2 bords de l’atlantique. On
y retrouve des politiques, des banquiers mais aussi des journalistes…
Voici comment Libération en présentait le casting dans un article d’août 2003. « Les
«privilégiés» de ce raout euroaméricain sont des hommes politiques de
haut rang (du numéro deux du Pentagone, Paul Wolfowitz, à Dominique de Villepin, ministre
français des Affaires étrangères, en passant par Valéry Giscard d'Estaing, président
de la Convention européenne) ; des patrons de multinationales (les PDG
de Thales, Axa, Nokia, Daimler Chrysler, Novartis...) ; des gouverneurs
de banques centrales (du Français Jean-Claude Trichet au Norvégien Svein
Gjedrem) ; des journalistes acceptant la règle de l'omerta (Newsweek,
The Financial Times, La Repubblica, The Economist, Nicolas Beytout pour Les Echos [rédacteur
en chef]
ou Alexandre Adler
pour Le Figaro [Conseiller
éditorial])
; des têtes couronnées (l'Espagnol Juan Carlos, la reine Béatrix des
Pays-Bas) ; des Premiers ministres (le Danois Anders Fogh Rasmussen
et le Portugais José Durao Barroso)
; des experts (le juge antiterroriste Bruguière, des membres de l'Ifri
Institut français des relations internationales ou de la Brookings
Institution, un centre de recherches de Washington). » On peut consulter ici la liste des participants en 2003 et donc rajouter Frits Bolkestein
Commissaire européen chargé du marché intérieur, Pascal Lamy Commissaire
européen chargé du commerce, Jean-François Copé, porte parole du gouvernement,
Mario Monti Commissaire européen
à la concurrence (membre du comité de direction de ce groupe de 1983 à 1993), Pierre Lellouche
Vice-président de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN et rappeler que
le Baron Seillières fait partie du comité
directeur et que l’ancien président de la Commission Européenne,
Romano
Prodi en faisait
partie. Pour situer les objectifs
de ce groupe prenons 2 déclarations de son fondateur David Rockfeller (Il a également fondé la Commission
trilatérale) : David
Rockfeller en 1991 dans un discours devant la Commission Trilatérale : (in
Tocqueville magazine :
mondialisme et nouvel
ordre mondial ) Nous
sommes reconnaissants envers le Washington Post, le New York Times,
Time Magazine et d’autres grands journaux, leurs directeurs ayant
participé à nos rencontres et ayant respecté la promesse de discrétion
pendant près de 40 ans. Il nous aurait été impossible de développer notre Plan pour le Monde toutes ces années durant si les projecteurs avaient
été braqués sur nos activités. Le
Monde est maintenant plus sophistiqué et plus préparé à accepter un
Gouvernement Mondial. La Souveraineté Supra-Nationale d’une Elite
intellectuelle et de banquiers est sûrement préférable au principe
d’Autodétermination Nationale des peuples, pratiquée tout au long
de ces derniers siècles. David
Rockfeller en 1999 à la presse : Quelque
chose doit remplacer les gouvernements et le pouvoir privé me semble
l'entité adéquate pour le faire Ce
qui est en jeu c’est l’existence d’un monde où tout n’est pas marchandise
6.1.4 Un exemple de membre : Pascal Lamy dOn
peut s’étonner de retrouver Le président de la convention
Valery Giscard D’Estaing ainsi
que 3 commissaires dans les réunions du groupe Bilderberg
dont l’objectif n’est ni plus ni moins que de gouverner le monde. Rappelons
à ce propos que dans le serment d’indépendance que prêtent les commissaires
européen on trouve: « ne sollicitent ni n'acceptent d'instructions d'aucun gouvernement
ni d'aucun organisme. » Et
s’engagent à exercer leurs fonctions « en
pleine indépendance, dans l’intérêt général » Voyons
maintenant ce qu’il en est de l’indépendance et des objectifs de Pascal Lamy
commissaire européen socialiste lorsqu’il rencontre ses amis du TABD
Trans Atlantic Business Dialogue, un des plus puissants lobbies d’affaires
du monde (in Combien de temps
encore, Pascal Lamy ? par Raoul Marc Jennar pour Oxfam) Pascal Lamy
à Berlin, devant l’assemblée du TABD 5 mois après sa prise de fonction à la commission C‘est vraiment
agréable de se retrouver dans le milieu des affaires
(...) Vous voulez que nous allions de l’avant et que nous
changions les politiques. Nous sommes décidés à le faire.
(...) La nouvelle Commission soutiendra [les propositions du TABD]
de la même manière que la précédente. Nous ferons ce que nous avons
à faire d’autant plus facilement que, de votre côté, vous nous indiquerez vos priorités (...) Je crois
que le monde des affaires doit aussi parler franchement et convaincre
que la libéralisation du commerce et en général la globalisation sont
de bonnes choses pour nos peuples... Pascal Lamy à Bruxelles devant
les mêmes 8 mois plus tard Les
relations de confiance et les échanges d’informations entre le monde
des affaires et la Commission ne seront jamais assez nombreux »
(...) Nous consentons de grands efforts pour mettre en œuvre vos
recommandations dans le cadre du partenariat économique
transatlantique et, en particulier, il y a eu des progrès substantiels
dans les nombreux domaines sur lesquels vous avez attiré notre attention. (…)
En conclusion, nous allons faire notre travail sur la base de vos
recommandations... Les
élites sont en mission commandée pour des intérêts qui ne sont pas
ceux des citoyens. 6.1.5 Le syndrome de l’auto stoppeur. Interview
de Jacques Delors sur LCI le 30 juillet 2004 : Jacques Delors : J’ai beaucoup
de critiques contre ce texte. La première, c’est la "clause
de révision". Comment peut-on accepter ça alors que si, un jour,
dans quinze ans, la Turquie adhère, quatre-vingts millions d’habitants,
le système de décision n’irait pas du tout, déséquilibrerait le système.
Deuxièmement, on a ajouté dans ce texte, dit "Constitution",
une troisième partie intitulée "les Politiques". C’est comme
si, dans la Constitution française, chaque fois qu’on changeait de
gouvernement, on changeait de constitution pour dire qu’on allait
faire telle ou telle politique sociale. Une politique que vous appliquerez au jour le jour, ce n’est
pas du ressort de la Constitution ! Troisièmement :
l’Union économique et monétaire doit être rééquilibrée dans le Traité.
C’est un point extrêmement important. Et quatrièmement, sur la politique
sociale : même avec les réserves que j’ai dites, on peut avoir
un texte amélioré. Comme par hasard, les
deux groupes de travail, là, qui n’ont pas fonctionné à la Convention,
c’est celui sur l’Union économique et monétaire et celui sur le social.
Mais sur ces quatre points-là, il faut revenir en arrière. Il faut revoir
les textes. (...) Thierry Guerrier : (..) pour le référendum, vous votez
non ? Jacques Delors : Comment ? Ah, je voterai oui ! Je voterai oui. Je ne veux pas que l’Europe s’arrête.
La
plupart de ces élites sont en tant qu’experts embarqués dans l’aventure
Européenne. L’Europe est leur jouet. Ils y ont une histoire, des amis,
des relais, un auditoire, un avenir. Pour beaucoup elle les nourris.
Tel l’auto-stoppeur qui se laisse aller au confort de la voiture qui
l’emmène, ils ne sont pas prêts à en descendre pour les beaux yeux de
principes désuets tels que démocratie ou justice d’autant que plus d’un
s’illusionne sur le fait de pouvoir influer sur le parcours de la voiture. On
retrouve par exemple cette dynamique chez les écologistes qui ont beaucoup
investi dans l’Europe et squattent les places de devant. Citoyens
et élites ne veulent pas aller dans la même direction. Leurs intérêts
sont contradictoires. 6.1.6 Le complexe de surpuissance. Le
fait de pouvoir instrumentaliser l’Europe ou la faire évoluer au bénéfice
des objectifs que l’on prétend poursuivre est l’un des fantasmes les
plus répandus chez ces élites. Ils se leurrent bien entendu sur la force
intrinsèque du système qui les nourris. Prenons l’exemple de François
Hollande qui déclare dans un interview sur
le site
de campagne du oui socialiste « Dès
à présent, je prends d’ailleurs l’engagement, si nous revenons au pouvoir
en 2007, de promouvoir un traité social qui s’ajoutera aux dispositions
actuelles » Pourquoi ne s’occupe t-il pas
dès maintenant de promouvoir le traité social qu’il appelle de ses vœux ?
(bel aveu au passage des lacunes du traité actuel !). Sachant que
la constitution une fois votée sera fossilisée par la règle de la triple
unanimité et que sa dimension sociale, volontairement oubliée dans le
texte actuelle n’est certainement pas ce qui a le plus de chance de
susciter dans un avenir proche l’enthousiasme général, on ne voit pas
bien comment Superman Hollande pourrait tenir cette promesse mais sans
doute y croient-ils Les
élites se mentent à elles-mêmes. Ne nous fions pas à leurs discours ! encore
que… 6.1.7 Le devoir de mentir.Une
vieille tentation des élites est de faire le bien des gens malgré eux.
On trouve cette logique à l’œuvre actuellement aux Etats-Unis chez les
néo-conservateurs américains (voir Le triomphe
de la révolution néo-conservatrice américaine)
qui sont « largement
pessimiste quant à la capacité des masses à discerner la voie du Bien. »
et qui pensent comme leur idéologue Strauss que « la
solution proposée est alors celle d’un Prince – philosophe roi -
qui gouverne sans concession, qui s’octroie la capacité de dissimuler
ou mentir au peuple lorsque l’opportunité le requiert !
» On
retrouve également cela à l’œuvre chez nous lorsque les élites, prétextant
de la complexité du texte, font fi des moyens pour aller au plus court,
à grands coups chantages (la France n’existera plus au sein de l’Europe)
et de mensonges, vers le résultat escompté. Cela donne par exemple le
« Pourquoi
le traité est un rempart contre les dérives libérales type Bolkestein »
des socialistes et le « Il n’y
a plus de directive Bolkestein » de François
Hollande (réécouter ce grand
moment de radio où François Hollande répond à ce sujet au téléphone
sonne de France Inter à un auditeur) ou l’abandon de toute déontologie
journalistique dans les médias. Voir
également le débat à ce sujet entre Aristote et Platon résumé plus loin. Les
élites nous mentent. Ne nous fions pas à leurs discours ! Au
travers de cette constitution à laquelle le citoyen n’a pas contribué,
ce qu’on nous demande maintenant n’est ni plus ni moins que d’acter
et reconnaître la vocation naturelle de ces élites à déterminer la
politique de l’Europe, bref à abdiquer définitivement de notre rôle
de citoyen. Les
journalistes
entretiennent une
complicité malsaine avec le pouvoir. Jacques Duquesne, président du conseil de
surveillance de L'Express l’avoue ici:
Il
faut le reconnaître: de graves dérives sont apparues ces dernières
années dans l'exercice de notre profession. Des journalistes, qui devraient être des «contre-pouvoirs»,
des «watch dogs», comme aimait à le répéter
Françoise Giroud, se sont liés aux hommes et aux femmes des pouvoirs politique,
économique, culturel, sportif, et autres. C’est
l’effet club évoqué plus haut et que dénonçaient Bourdieu, Pierre
Carles dans « pas vu pas pris », ou Daniel Carton
dans « bien
entendu c’est of » où il note que la connivence entre journalistes politiques : Mêmes
écoles, mêmes relations, même milieu social, mêmes dîners en ville,
mêmes intérêts parfois, " et où il montre que l’indépendance et
l’intégrité journalistiques apparaissent inéluctablement comme de belles
illusions, ou tout au moins une
gageure intenable pour qui veut réussir professionnellement dans le
traitement de l’actualité politique. Un sociologue récents
ont une vision plus compréhensive du dur travail du journaliste. Cyril
Lemieux, sociologue des médias et disciple de Luc Boltanski analyse
dans « mauvaise presse » les différents
niveaux de grammaire dont doit user le journaliste pour sortir des infos
dont la grammaire privée (le tutoiement) et s’attache à des propositions
ayant pour objectif de permettre au journaliste de « résister
aux séductions, intimidations et frustrations dont ils sont la cible
de la part de certains interlocuteurs ou supérieurs hiérarchiques et
à travers eux, par exemple, de certains actionnaires ou annonceurs »faisant
le postulat d’une volonté déontologique que l’on constate de plus en
plus absente. Le
pouvoir a acheté les médias. On
constatera opportunément qu’au delà des opinions de ceux qui font ces
médias et qui sont très largement nourris au lait du libéralisme, une
très nette majorité des médias Français appartiennent à des groupes
industriels : Lagardère, Bouygues, Dassault,
des fabricants d’armes (qui sont tout particulièrement
intéressés à l’article. I-41-3 : « (…) Les Etats membres s’engagent à améliorer progressivement
leur capacité militaire. ») ou de béton !!!,
que Libération vient de se vendre à 39% à Rothschild dont le nom seul
doit se faire retourner Sartre dans sa tombe (Voir
à ce sujet le dossier la concentration
des médias en France). Cela
n’est pas sans effet. On sait depuis longtemps que publicité et indépendance
éditoriale ne sont compatibles qu’à tant que cette indépendance ne s’exerce
pas au détriment du donneur d’ordre. On imagine ce que l’arrivée massive
d’industriels au capital et dans les conseils d’administration des grands
médias peut induire en terme d’indépendance. Voir par exemple à ce sujet
Comment
« Le Monde » défend les intérêts du groupe Lagardère qui
relève que « Au
moment où le groupe Lagardère entre au capital du Monde S.A., le Monde
publie, dans son numéro daté du 18 mars 2005, un article qui sélectionne
et organise l’information dans un sens favorable aux intérêts du groupe
Lagardère » On
peut en conclure comme Christian Pradié dans Les
enjeux de la financiarisation des industries culturelles que « La
capacité d’influence sur l’opinion et sur la décision publique amène
évidemment à affaiblir l’état d’indépendance et de pluralisme des moyens
nationaux d’expression » et que « l’application mal maîtrisée de politiques se réclamant
du libéralisme économique en ce domaine fait peser une menace sur les
règles du libéralisme politique ». On
constate dans le cadre de cette campagne européenne que dès lors que
les intérêts en jeux deviennent importants, il n’y a plus ni indépendance,
ni déontologie qui vaille. L’appartenance
des médias à des groupes industriels est une honte pour notre « démocratie » Pourquoi
un texte mijoté dans des cénacles d’experts où le citoyen n’a pas
voix, incapable d’exprimer les valeurs qui fonderaient une citoyenneté
européenne, brutal au point de soustraire aux débats publics futurs
des politiques économiques qui servent exclusivement les intérêts
du marché, cynique au point de faire de ce même marché une idole vénérée
à longueur de pages, rejetant l’humain dans des formules creuses et
sans portée, pourquoi un tel texte recueillerait l’assentiment des
citoyens ? 6.3.1 La fin de l’histoire Francis
Fukuyama
a théorisé en 1988 puis en 1998 la fin de l’histoire (voir La
fin de l'histoire selon Fukuyama) « Il se peut bien que
ce à quoi nous assistons, ce ne soit pas seulement la fin de la Guerre
Froide ou d'une phase particulière de l'Après-guerre, mais à la fin
de l'Histoire en tant que telle : le point
final de l'évolution idéologique de l'Humanité et l'universalisation
de la Démocratie libérale occidentale comme forme finale de gouvernement
humain » Fukuyama
estime, en effet, non seulement que la démocratie libérale est en voie
de s'imposer partout dans le monde mais qu'elle constitue un acquis
dont les principes sont désormais si profondément intégrés au patrimoine
culturel de l'humanité pour qu’il soit raisonnable de penser qu'ils
puissent être un jour oubliés et rendus inopérants. Le
libéralisme favorise le développement des richesses qui, à son tour,
favorise la recherche scientifique et ses applications, lesquelles permettent
d'accroître à nouveau la richesse. Le désir suscité par le mode de vie que rend possible de telles
richesses contribuera ensuite puissamment à la diffusion des régimes
économiques qui rendent possibles leur production ou leur acquisition. Le
philosophe économiste psychanalyste Cornélius Castoriadis, mort
en 1997 disait "Il
est ahurissant de penser qu'il y a eu des idéologues et des écrivains
pour parler de l'époque contemporaine comme d'une époque d'individualisme
alors que précisément, ce qu'il faut surtout déplorer actuellement,
c'est la disparition des individus véritables devant cette espèce
de conformisme généralisé.". On
trouvera également dans Comment
la dictature de la consommation désespère le citoyen la relation d’une conférence
du philosophe Bernard Stiegler disciple de Derrida : « Que
nous dit-il ? En gros ceci ! Que notre état contemporain d'individu
consommateur, appartenant à une foule indifférenciée d'individus- consommateurs,
reproduisant à peu près en même temps les mêmes actes de consommation,
soumis aux mêmes injonctions ou aux mêmes manipulations de la part notamment
des médias de masse, détruit peu à peu en
nous tout sens de notre singularité, produit un sentiment
irrépressible de honte, de dégoût de soi, d'où ne peut que surgir du
pire. Le pire pouvant prendre de multiples visages, celui de Richard
Durn ou celui de ces hommes et de ces femmes qui prêtent à Jean-Marie
Le Pen le destin d'un sauveur. Ou encore
celui de notre docilité.
» Noam
Chomsky
notait que les médias fabriquaient du consentement. Il n’est pas très
difficile d’imaginer quel type de consentement est recherché à travers
eux par la société de marché. La
plupart des citoyens se sont soumis à la norme dominante qui est celle
du marché. 6.3.2 Le mythe du citoyen consommateur On
voit bien que ce qui se joue sur ce référendum passe quelque part au
sein de l’individu entre le citoyen et le consommateur et que le débat
possède une dimension intime voire schizophrénique. Dans
Marchandisation
et citoyenneté, Patrick MIGNARD professeur
d'économie à l'IUT de Toulouse met
en évidence le paradoxe qu’il y a se prétendre citoyen dans une économie
de marché. Patrick
MIGNARD Aujourd'hui
c'est chose acquise et intégrée, la morale marchande nous pénètre
toutes et tous et nous détermine dans notre comportement social ainsi
que dans le jugement et la perception que nous avons de l'Autre. Remettre en question la marchandise est socialement considéré
comme parfaitement irresponsable. On conteste, on fustige
le marché pour ses excès, parce que « on ne le contrôle pas suffisamment »,
mais en aucun cas on ne remet en question son existence, son essence.
Ainsi se développe une espèce de « contestation molle »,
de pseudo radicalité, qui donne l'impression de la radicalité à celles
et ceux qui la tiennent ou qui la reçoivent,
contestation qui devient l' « alibi démocratique » de la
perpétuation du système marchand. Assimiler
« citoyenneté et « économie de marché » constitue une
des plus grande mystification de ces deux derniers siècles.
En effet, qu'un système, qui a pour principe d'instrumentaliser l'être
humain, puisse se parer, idéologiquement, du concept de citoyenneté
a quelque chose d'extraordinaire. Et ça marche. Ca marche
au point que le rapport marchand structure notre rapport social dans
ce qu'il a de plus intime et personnel. Ainsi,
la rationalité marchande ne nous agresse plus parce que nous l'avons
intégré, elle est en nous. Nous l'avons intégré comme nos ancêtres
avaient intégré les valeurs de leur époque. Elle est en passe de constituer, et constitue pour la plus
grande masse, l'essence de
notre comportement social. La
plupart des citoyens ont intégré soit par résignation, soit par dépit,
soit par intérêt, le postulat d’une société de consommation incontestable
et éternelle. Ils ont de ce fait désinvesti la politique et abdiqué
leur citoyenneté pour ne plus être que simples consommateurs. 6.3.3 Le marché des indulgences Le
citoyen peut de nos jour abdiquer en toute bonne conscience de son
rôle de contre pouvoir aux puissants.
Le marché lui propose pour l’aider dans cette démarche toute une série
de produits conçus pour. Une
brève parlait aujourd’hui d’une ONG (Greenfleet)
proposant aux automobilistes de planter 17 arbres en Australie pour
compenser leurs émissions de gaz. Voila qu’on peut même maintenant rouler
en toute bonne conscience. Il
est stupéfiant de constater à quel point le système a des capacités
comme dans 1984 de Georges Orwel à intégrer sa propre contestation.
On l’a constaté avec le mouvement des antipubs récupéré par les publicitaires
avec leurs affiches pré-taguées dans les mois qui suivaient, on le constate
avec le mouvement alter-mondialiste duquel il suffirait d’être militant
voire juste solidaire ou du commerce équitable où il suffirait
d’acheter quelques paquets de café ou tablettes de chocolat pour
s’absoudre de son mode de vie et de son apolitisme coupables. On
a dénaturé à grands coups d’entreprise citoyenne, citoyen du monde et
autre consommation citoyenne le terme de citoyen. Il est de la dernière
mode de se dire citoyen de là ou d’ailleurs,
il n’est pas un magazine branché qui n’ait inclus le militantisme alter-mondialiste
dans la panoplie du jeune métropolitain au courant et les mouvements
se revendiquant de la citoyenneté fleurissent. Les saisons qui
viennent seront citoyennes ! En
parallèle, pour donner du grain à moudre et absorber les velléités contestataires
de ce nouveau citoyen « responsable », un
mythe a été créé ex-nihilo : celui de la croissance soutenable qui rendrait la société de
consommation vers laquelle l’Europe nous propulse compatible avec l’avenir. rapport
Brundtland
En 1987 pour la Commission des Nations Unies sur l’Environnement
et le Développement Aujourd’hui,
ce dont nous avons besoin, c’est d’une nouvelle ère de croissance,
une croissance vigoureuse et, en même temps, socialement et environnementalement
soutenable Reste
à se poser la question de savoir si « croissance » et « environnementalement
soutenable » sont des termes compatibles alors que des milliers
de scientifiques à travers la planète s’éreintent
à avertir les politiques de ce que l’activité de l’homme provoque
un réchauffement catastrophique de l’atmosphère et une extinction massive
des espèces animales et végétales et qu’en une fraction infinitésimale
de l’histoire de l’humanité ont été pillées une bonne partie des ressources
de la terre. Nous
avons hérité de la terre de nos ancêtre et nous l’avons volé à nos
enfants Le crépuscule de la croissance
de Jean-Marie Harribey
Professeur agrégé de sciences économiques et sociales Le
capitalisme est sidérant par sa propension à légitimer le calcul le
plus individuel, les choix les plus conformes à l’intérêt exclusif
d’une minorité,
sous le couvert d’une aspiration devenue quasi universelle au progrès,
le progrès matériel étant le vecteur essentiel du progrès en général.
Comme l’accumulation est, dans un mouvement sans fin,
inhérente au capitalisme, celui-ci pousse en avant une
croissance perpétuelle de la production, sous réserve que celle-ci
corresponde à des besoins solvables et – cette condition pouvant être
encore plus restrictive que la première – qu’elle rapporte le rendement
minimum requis. On comprend aisément que l’adéquation des besoins
aux besoins solvables ne puisse être assurée, d’autant plus que la
limite des besoins est sans cesse repoussée afin de convertir une
gamme toujours plus large de désirs humains, de fantasmes et d’angoisses
en besoins objectivables. Le tour de force idéologique du capitalisme fut de confondre
cette tendance avec le « développement » et d’accréditer l’idée que
celui-ci ne pouvait aller sans celle-là. Comment
concevoir qu’aucune culpabilité ne nous agite ? Jean-Philippe
Deranty philosophe, dans la revue Le passant ordinaire Il
nous suffit d’avoir conçu la norme morale pour qu’elle nous apparaisse
comme pleinement réalisée chez nous. C’est comme si, ayant eu la révélation
de ce que sont le droit et le juste, nous en étions par là-même devenus
leur parfaite incarnation, sans avoir davantage à nous préoccuper
des conditions de leur réalisation. L’être
nous dispense de l’agir. La bonne conscience morale permet de faire
l’économie de la politique (…) La pensée que nous
incarnons le droit et la justice nous permet de nous excepter nous-mêmes,
en toute bonne conscience, de leurs commandements et de leurs interdictions.
Persuadés que nous savons mieux que les autres ce que sont le bien
et le mal, nous nous plaçons
au-delà du bien et du mal, et agissons en conséquence.
Notre moralisme hautain fait de nous des nietzschéens honteux. Avoir
inventé le concept de bien nous dispense de le faire On
voit la propension qu’ont nos sociétés modernes à générer du bien-pensant
pour nous dispenser du bien-agir. Tout
le monde peut de fait abonder à ce discours « bien pensant »
sans que cela prête à conséquence. Jacques
Chirac
discours
devant l'Assemblée plénière du Sommet mondial du développement durable Au
regard de l'histoire de la vie sur terre, celle de l'humanité commence
à peine. Et pourtant, la voici déjà , par la faute de l'homme, menaçante
pour la nature et donc elle-même menacée. L'Homme, pointe avancée
de l'évolution, peut-il devenir l'ennemi de la Vie ? Et c'est le risque qu'aujourd'hui nous courons par égoïsme ou
par aveuglement. Il est apparu en Afrique voici plusieurs
millions d'années. Fragile et désarmé, il a su, par son intelligence
et ses capacités, essaimer sur la planète entière et lui imposer sa
loi. Le moment est venu pour l'humanité, dans la diversité
de ses cultures et de ses civilisations, dont chacune a droit d'être
respectée, le moment est venu de nouer avec la nature un lien nouveau,
un lien de respect et d'harmonie, et donc d'apprendre à maîtriser la puissance et les appétits
de l'homme. Le
même individu peut, au grée des circonstances, abandonner complètement
ce thème qui semble pourtant avoir vocation à déterminer lesautres pour
se saisir de celui de la croissance (ni durable ni soutenable) et de
la performance économique. Jacques Chirac
dans ses Vœux pour
2005 retrouver
une croissance soutenue (…) Une société de justice, de croissance, (…), Bâtissons
(…) une société de croissance. J’ai
demandé au Gouvernement de lancer, en soutien de nos entreprises
et avec nos partenaires européens, les projets industriels qui tireront la croissance
de demain et nous
permettront d’accroître notre avance technologique. Tout faire pour la croissance. Poursuivre la hausse du
SMIC et soutenir le
pouvoir d’achat. Poursuivre
la baisse de l’impôt sur le revenu et la baisse des charges. Continuer à maîtriser nos
dépenses. Encourager
l’investissement en mettant en œuvre la réforme de la taxe professionnelle.
Permettre à celles et à ceux qui veulent gagner plus
de travailler plus. Donner plus de droits aux consommateurs. Développer la concurrence. Encourager l’exportation et renforcer
notre présence sur les grands marchés émergents. Petit
guide à l’usage des biens-pensant La
« bien pensance » (agriculture raisonnée, commerce équitable,
croissance durable, …) est
une escroquerie intellectuelle destinée à perpétuer un système
criminel pour notre avenir. A
force de vouloir tout on n’aura rien : LE COURAGE C’EST CHOISIR
On voit avec
quelle promptitude tous les rouages de la société s’appliquent à mettre
en œuvre un guide du bien penser quant au référendum européen. Du texte
il n’est pas question mais une norme se construit petit à petit qui
veut qu’être pour, ce soit être pour la paix, pour l’entente entre les
peuples, contre le repli identitaire, contre les extrêmes, contre le
chaos, pour l’intelligence, contre les « pulsions destructrices
qui ont fait tant de mal à l’Europe dans le passé ». N’importe
quel « citoyen » pourra y chercher quelque indulgence pour
expier sa soumission à un avenir livré au libéralisme et au marché.
Pour un tel ce sera au nom de sa lutte pour la paix , pour tel autre
le refus de chaos. Pour un autre encore, le seul fait de n’être point
du coté des nationalistes pourra justifier son oui et le dédouaner de
ne pas avoir eu l’intelligence, en tant que citoyen, de comprendre les
enjeux de cette constitution. Le
oui est l’aboutissement de la « bien pensance » et des compromissions
de l’individu avec lui-même. 80%
des 120 027 militants socialistes se sont prononcés début décembre 2004
à 59% pour le oui et 41% pour le non. 54,5%
des 8.808 adhérents revendiqués par les Verts ont voté le 15 février
2005 à 52,9% pour le oui, 41,89% pour le non et 5,21% se sont abstenus. Compte
tenu du fait que de l’avis même des spécialistes, ce texte est une véritable
usine à gaz juridique dont la compréhension n’est pas donnée à tous et que même
les experts peuvent émettre des avis contradictoires sur l’exégèse à
en faire, il semble inconcevable que les militants aient pu se prononcer
en toute connaissance de cause. La
critique de ce texte est de plus arrivée après de source souvent externe
aux partis (chercheurs, économistes, juristes, …) Le débat est donc
arrivé avant que de nouveaux regards soient portés sur le traité ceci
dans la dynamique des directives Bolkestein tout d’abord puis
dans le cadre du débat national actuellement. Jérôme
Jaffré note dans Constitution
européenne : le choix du PS : « On
a voté, me semble-t-il, en tenant compte de deux éléments principaux
: d'une part, l'enjeu européen, et ce qui a compté dans le vote, c'est
la volonté de maintenir l'orientation pro-européenne du PS et de ne
pas l'isoler du reste des partis socialistes européens. Et il me semble
d'autre part que l'on a voté sur le parti lui-même, en considérant qu'il
n'était pas souhaitable de le faire entrer dans une période de turbulences,
de crise, de démission de sa direction, juste après un congrès de l'UMP
marqué par la montée de l'adversaire de droite. »
La
portée réelle de ce traité commençant seulement à apparaître à ceux
qui veulent s’en donner la peine, le vote serait peut être tout autre
aujourd’hui et sera peut être tout autre espérons le dans les urnes
le 29 mai. Le
choix des militants a été un choix politique et pas un choix de citoyen Cela
a beaucoup fait jazzé et a été abondamment repris dans l’argumentaire
du oui. L’argument
est l’argument standard. Développé par son secrétaire général, l’anglais
John Monks dans
La Constitution européenne
représente un pas en avant pour les travailleurs
cela donne « Pour moi, la Constitution
représente un pas en avant pour les travailleurs
par rapport à Nice » On y retrouve aussi ici.l’illusion
que l’important est d’y être pour pouvoir en influer le cours :
« Il convient de considérer la Constitution comme un tremplin
qui permettra de progresser vers une Europe plus sociale, l’Europe
sociale ne doit pas rester un idéal, ou seulement des mots dans une
Constitution, mais elle doit véritablement se développer à partir de
ce Traité » A noter que les ambitions affichées
par cette confédération sont modestes puisque ce même John
Monks indique en conclusion de son interview « Un salaire minimum européen ne me paraît donc pas réaliste ».
Le
gros Hic relevé dans Constitution et syndicats : vérités et
mensonges est que « La C.E.S. n'est pas le Parlement
des syndicats européens, mais une « holding syndicale » siégeant
à Bruxelles. Elle a émis un avis favorable au texte constitutionnel,
mais n'a pas laissé la possibilité à chaque
syndicat de consulter ses adhérents. Cela relativise la portée
démocratique d'une telle décision ». Georges
Debunne, Belge et ancien président de la CES vient par ailleurs
de lancer un appel : NON à la constitution
: Georges
Debunne ancien président de la
CES Les
Traités successifs ont été ratifiés à chaque fois sur la base de promesses d’améliorations et aussi par manque d’information des citoyen(ne)s européens.
C’est pourquoi je pousse cet ultime cri
d’alarme dans cette période de ratification où nous sommes
amené(e)s à légitimer ou NON ce texte de loi qui prévaudra sur les
Constitutions nationales. La Gauche européenne ne peut plus tergiverser. Il faut stopper cette course vers l’abîme.
Le moment est venu de dire NON à cette
hégémonie du capital, de fixer les objectifs
et d’entamer l’action pour réaliser enfin
une Union européenne démocratique et sociale fondée sur des droits
fondamentaux civiques, économiques et sociaux. On
voit dans quel sens l’histoire se fait…
et on peut appliquer la même analyse à la CGT ou la direction s’est
prononcée pour le Oui avant que le Comité confédéral national
de la Cgt aille à l’encontre de cette position en se prononçant pour
le Non et que le comité exécutif tranche dans le sens de la plus forte
représentativité. Dans
les syndicats comme ailleurs, les élites ont tendance à se prononcer
pour le oui, le citoyen éclairé pour le non On peut par exemple regarder
la référendum interne organisé
par les écologiste indépendant (MEI) pour mesurer la mauvaise foi de
Waechter : « Faire du débat constitutionnel une question idéologique
antilibérale, c'est se tromper de scrutin. Une constitution définit
le cadre du vivre ensemble, elle ne préjuge pas des orientations politiques.
Elle précise le contenant, pas le contenu. Celui-ci est de la responsabilité
des électeurs qui décident des majorités politiques dans leur pays et
à l'assemblée de Strasbourg. » Ou rester bouche bée devant cette contribution
de Jean Paul Gros : « ne vous en prenez pas hypocritement
au libéralisme dont la philosophie politique et sociale est, il faut
l'admettre, inhérente à la démocratie, à la social-démocratie même,
et à la modernité. » (sic !) On
a aussi dans une veine plus officielle Alain
Lipietz dans Nice ou la Constitution,
il faut choisir du Monde du 28/09/2004 :dont
la logique méandreuse laisse perplexe : « Ce projet, c'est pour 90
% ce que nous avons aujourd'hui (Maastricht-Nice) et que nous n'aimons
pas, et 10 % de réformes que nous approuvons. Il faudra répondre par
"oui" ("Nous prenons les 10 % d'amélioration") ou
par "non" ("Nous en restons aux 90 % que nous critiquons").
Les états d'âme des uns et des autres seront oubliés aussitôt le résultat
acquis. […] Notre coeur se révolte à l'idée de conserver des politiques
que nous réprouvons. Mais notre raison nous dicte de les réformer plutôt
que de les laisser en l'état » Dans un texte qui a déjà été signé par plus de 150 responsables verts Des Verts pour un oui
européen : « Faut-il, comme le proposent
certains, rejeter ce texte parce que « la mariée ne serait pas
assez belle » ? Nous ne le croyons pas. Car on ne nous propose
pas de choisir entre ce traité imparfait et notre traité idéal, mais
entre ce traité imparfait et le statu quo qui risque d’entraîner les
peuples d’Europe dans la voie morbide de la régression nationaliste » On
pourra considérer charitablement que les écologistes ont depuis longtemps
l’Europe chevillée au corps et que comme tout le monde le sait l’amour
rend aveugle. Tout
est dit dans Pourquoi les socialistes
votent oui au traité constitutionnel (On remarquera que le
terme les socialiste englobe démocratiquement les 42% qui se sont prononcés
pour le non), patchwork de laborieuses contre-vérités : « Le
traité constitutionnel reconnaît-il les services publics ? Oui !
Les Etats membres pourront financer leurs services publics en dérogation
aux règles de la concurrence ». Vrai/Faux :
il suffit de lire le texte pour s’apercevoir que le terme service public
n’est même pas cité et que sa logique constitue précisément une attaque
en règle contre les services publics. « Le
traité constitutionnel est-il révisable ? Oui !
Le traité constitutionnel est un traité comme les autres. Du traité
de Rome au traité de Nice, c’est la règle de l’unanimité qui s’est toujours
appliquée. Jamais elle n’a empêché l’Europe de progresser par bonds
successifs. »
Faux
s’agissant d’une constitution il ne s’agit plus de la règle de l’unanimité
mais de la triple unanimité (celle de la convention puis des 25 gouvernements
plus celle des 25 parlements ou populations consultées par voie de référendum)
qui devra qui plus est être obtenue à 25 par des pays dont les intérêts
sont profondément divergents. On
y trouve également un argument surréaliste de mauvaise foi : « Pourquoi
le traité est un rempart contre les dérives libérales type Bolkestein »
alors même que Barroso vient de rappeler l’importance qu’il accordait
à la notion de pays d’origine et que les directives de type Bolkestein
ont été conçues quasi simultanément et en symbiose avec le traité (voir
à ce sujet le chapitre spécial consacré à Bolkestein). Pour
être tout à fait honnête il faut constater que certains articles vont
dans le bon sens par rapport à le situation actuelle. J’ai
désespérément cherché sur les sites militant pour le oui des articles
qui puissent raisonnablement rendre optimiste sur les buts de cette
constitution. Des 10 articles dans la Constitution européenne pour dire
Oui promus par Raffarin et abondamment repris par
les socialistes seuls me semblent pouvoir être retenus ces 3 ci : Art. 1-22 : Le Conseil européen élit son président à la majorité
qualifiée pour une durée de deux ans et demi, renouvelable une fois. C’est
mieux que d’avoir un président par rotation semestrielles mais on reste
loin du suffrage universel Art. 1-47-2 : Les institutions entretiennent un dialogue ouvert,
transparent et régulier avec les associations représentatives et la
société civile Cet
article est très apprécié des syndicats et explique en partie l’aveuglement
de certains quant au reste du texte. Il y a par ailleurs le même pour
les églises et il est également très apprécié des églises. les autres
articles mis en avant sont strictement décoratifs comme par exemple :
Art. 1-43
: L’Union et ses États membres agissent conjointement dans un esprit
de solidarité si un État membre est l’objet d’une attaque terroriste,
ou la victime naturelle ou d’origine humaine On
n’imaginait pas qu’il puisse être du devoir de l’union d’achever la
victime Art. 1-57
: L’Union développe avec les pays de son voisinage des relations privilégiées,
en vue d’établir un espace de prospérité et de bon voisinage, fondées
sur les valeurs de l’union et caractérisées par des relations étroites
et pacifiques reposant sur la coopération On
imaginait mal l’union s’affirmer en guerre avec ses voisins ou ne résistant pas à l’analyse et à la mise en perspective avec d’autres comme par exemple Art.
1-9 : L’Union reconnaît les droits, les libertés et les principes
énoncés dans la Charte des droits fondamentaux... Art.
II-96 : L’union reconnaît et respecte l’accès aux services d’intérêt
économique généraux … Ceux-là on les
connaît déjà et l’exégèse en a été effectuée par ailleurs dans ce document. Le
vote à la majorité qualifié représente-t-il un progrès Pour
déterminer si les modalités de vote sont un progrès comme l’affirment
certains ou un recul comme l’affirment d’autres je vous renvois au Fonctionnement
des institutions de l’Union européenne où sont expliquées en fonction des domaines
les 31
majorités différentes à appliquer au vote. Il paraît que
même les juristes s’y perdent. Ce qui est sur et important c’est que
le contenu de la constitution est verrouillé lui par la triple unanimité
(voir plus haut) et qu’on a pu mesurer par ailleurs le type de société
qu’il prône. Honnêtement
on ne peut souhaiter à personne de devoir faire campagne pour le oui
le texte à la main. Ceci explique peut être le niveau du débat actuel Rappelons
que depuis le monde grec: la
citoyenneté est la condition de l’homme libre, pouvant socialement
et politiquement agir 7.1.1 Le citoyen dépossédé : Platon contre Aristote Rappelons
nous le vieux débat entre Platon et Aristote (voir
Planton
contre Aristote : la république contre l’oligarchie de Christine
Bierre où elle dit que « Platon fonde le courant
républicain tel qu'on le retrouve encore de nos jours ; Aristote,
au contraire, est le père de l'« oligarchisme » comme on le
connaît aussi jusqu'à nos jours » et dont on peut juger de quelle actualité
il est : « Il
[Aristote] ne
recommande pas la tyrannie car en s'opposant brutalement à la masse
du peuple, le tyran ne fait que provoquer la révolte contre lui. Il
ne préconise pas non plus l’oligarchie pure, le règne du petit nombre
et de l'argent, car lui aussi peut cristalliser les haines de tout un
peuple. De l’oligarchie, il garde l'idée que ce sont les riches qui,
seuls, sont habilités à commander ; de la démocratie, l'idée que
l'on doit faire semblant de faire appel au peuple pour que celui-ci
ne se révolte pas. » « Platon
[refuse …] la tyrannie (forme dégénérée de la monarchie), l’oligarchie
(forme dégénérée de l'aristocratie) et la démocratie (forme dégénérée
de la République). La tyrannie est de loin le pire des régimes, dit-il.
Il rejette totalement l’oligarchie, le régime où les riches règnent
contre les pauvres. Il rejette également le régime démocratique,
où tous prétendent régner sur tous » Platon décrit
un état dirigé par « la sagesse, le courage, la tempérance et
la justice » ou il faut développer les qualités des individus
car ce sont les qualités des individus qui vont s'imprimer dans le type
d'Etat qu'ils créent. Et Christine Bierre de conclure
« Voici donc La République
de Platon, un gouvernement où la sagesse
commande non pas pour permettre à une petite élite figée de s'installer
au pouvoir, mais pour élever
le niveau de tous et former des citoyens et des citoyennes.
La tâche qui nous attend est immense car c'est
le modèle d'Aristote qui a été érigé en maître depuis une trentaine
d'années. » Assisterons
nous à la victoire définitive d’Aristote sur Platon ? et
aujourd’hui ? Une
dissertation philosophique sur le thème Peut-on être un bon citoyen sans s'intéresser
à la chose publique ? remarque
que : La
conception moderne de la citoyenneté, avec la
délégation des pouvoirs politiques à des représentants élus,
tend donc à sortir le politique du champ de la citoyenneté. »
que « la
distinction entre bons et mauvais citoyens
se fait de plus en plus en fonction de deux nouvelles notions, le civisme
et la civilité.
Cette conception de la citoyenneté, qui correspond de plus en plus à
l’usage courant, est alors plus individuelle. Le bon citoyen est d’abord celui qui respecte les lois. » ? « En somme, le bon citoyen est surtout le
citoyen bon » et de
citer comme archétype du bon citoyen « le soldat héroïque …
l’entrepreneur qui sauvegarde des emplois … l’artiste renommé … le sportif
qui gagne » D’où il résulte que « On a donc un
renversement complet de perspective puisque ce sont des actions apparemment purement individuelles, motivées essentiellement
par un intérêt personnel, mais qui profitent, par ricochet,
à l’ensemble du corps social, qui sont considérées
comme des preuves de bonne citoyenneté ». Et d’enfoncer
le clou « Non
seulement l’intérêt pour la chose publique
n’est pas [plus]
un critère valide pour juger de la
qualité de bon citoyen, mais on pourrait presque inverser la proposition :
Comme c’est sur la base des actions individuelles et privées que les
citoyens sont apparemment désormais jugés, l’intérêt
pour la chose publique peut sembler une perte de temps préjudiciable
à son accomplissement… Dans
nos démocraties modernes, le « bon citoyen » est devenu
le « citoyen bon » 7.1.2 Le citoyen instrumentalisé Cette
notion de citoyen bon ressort régulièrement au travers des
discours alarmistes lorsqu’il s’agit d’en appeler à son sens de la responsabilité
pour mieux épauler un pouvoir inquiet de la montées des populismes. Il devient alors de son devoir de citoyen de
défendre les « acquis de notre civilisation Européenne», « l’Europe »,
« l’image de la France au sein de l’Europe », « les valeurs
qui nous sont chères et que nous avons mis tant de temps à construire »,
« la paix », «
d’établir un contre poids à la toute puissance Américaine ». Voici
une lettre d’un lecteur de Libération qui m’a semblé extrêmement pertinente: Libé
vendredi 25 mars 2005 Quel
toupet ! Quelle bassesse ! Quelle démagogie irresponsable ! Ceux qui
pendant des années ont instrumentalisé l'Europe, votant dans les conseils
européens ce qu'ils dénonçaient hypocritement devant leur peuple,
signant des traités «calamiteux», des compromis stupides, s'arrangeant
de la méconnaissance des citoyens sur les institutions de l'Union,
la cultivant peut-être, se cachant derrière des directives bruxelloises
qu'ils avaient eux-mêmes promulguées pour appliquer la pire politique
de régression qu'ait jamais connue la France depuis Vichy... Ceux
qui ont fait de l'Europe cet épouvantail qu'ils accusent leurs adversaires
de brandir, cette incompréhensible architecture sans direction, sans
valeurs, sans esprit et sans âme, voilà qu'ils se proclament sauveurs
de la paix et de la prospérité, hérauts de l'intelligence face à l'obscurantisme,
de l'ordre face au chaos, de la politique face à l'économie, de la
raison face à... bref, de tout ce qu'ils ont abandonné eux-mêmes sur
le chemin de leur hypocrisie. Avons-nous
des oreilles pour entendre, des yeux pour voir ? Rêvons-nous ? Un
mauvais démon s'amuse-t-il à nous perdre ? Le ciel ne nous serait-il
pas déjà tombé sur la tête ? Ainsi, nous ne répondrions pas à la question
posée, nous serions les fossoyeurs de l'Europe, des fauteurs de guerre,
des réactionnaires, des monstres enfin, nous qui lisons les textes,
nous qui argumentons, nous qui discutons, nous qui n'oublions pas,
nous qui mettons en perspective, nous qui critiquons, nous qui avons
été maintes fois trahis, humiliés, méprisés, nous qui crions famine,
nous qui en appelons à l'Europe des peuples, nous qui croyons encore
que la marchandise est au service des hommes, et non l'inverse ? Eh
bien soit ! Je suis un monstre ignorant, irresponsable, je suis ce
que vous voudrez, mais je préfère avoir tort avec les hommes qu'avoir
raison avec le marché, et je vais voter non. Adrien Royo Il
en va de la dignité des citoyens que de se prononcer sur la société
qu‘ils désirent. Il
en va de la responsabilité des politiques que d’œuvrer conjointement
à la mise en œuvre de la société voulue par les citoyens. REDEVENONS
DE BONS CITOYENS ! Une
des seules analyses sérieuses à ce sujet vient curieusement d’un groupe
de réflexion anglais : Center for European Reform (de centre gauche
et europhile) qui s'est penché sur les conséquences d'un non britannique.
Cette analyse est également éclairante sur les conséquences d'un non
français même s’il note qu’ « un
non français créerait effectivement une crise plus forte qu'un non britannique ». Il imagine dix scenarii consécutifs à un
non britannique et les analyse en détail. Ses conclusions résumées sur
Scenarii
du non sont les suivantes : « Ce
scénario final est une combinaison des scenarii 4-5-6 : des coopérations renforcées, un ajustement du traité, la constitution
de groupes de pays souhaitant avancer sur certains points de coopération
ou d'intégration. A terme, on
peut imaginer que se constitue de facto un noyau dur de cette sorte,
de manière opérationnelle, pragmatique, et que soient mis en oeuvre
certains points du TCE, dans un nombre d'Etats plus réduits, sans une grande usine comme la constitution ». Les
conséquence du non se traduiraient par le fait de devoir imaginer
des voix nouvelles. Voici
l’analyse qu’en fait Bernard Cassen : Bernard
Cassen
directeur général du Monde Diplomatique, professeur émérite à l’Institut
d’Etudes Européennes à Paris VIII dans son article Débat truqué sur
le traité constitutionnel
in le monde diplomatique : les
gouvernements ont absolument besoin d’un nouveau traité pour que l’UE
fonctionne
sans trop d’encombre à vingt-cinq, alors que ses règles actuelles
avaient été prévues pour une Communauté à six. Ce qui signifie que
serait alors soumise à ratification la seule première partie de l’actuelle
Constitution, celle qui, pour l’essentiel, fixe les règles du jeu
du Meccano institutionnel. Nul ne perdrait à la disparition de la
deuxième partie, qui ne crée aucun nouveau droit social digne de ce
nom, et peu
verseraient des larmes si le manifeste libéral que constitue la troisième
était remisé dans les cartons. Il
remarque à juste titre que seule la 1ère partie est nécessaire
au fonctionnement d’une Europe à 25 et que la 3ème
partie qui concerne les politiques économiques de l’union peut être
abandonnée sans que le fonctionnement de l’Europe ne soit mis en cause. Le
non n’est pas un non à l’Europe. C’est un non à la constitutionnalisation
du libéralisme. Ce
que j’en pense : Cela
me semble pernicieux et malsain pour la démocratie de voter en
fonction des conséquences du vote
plutôt qu'en fonction du sujet du vote lui-même. Cela laisse
la porte ouverte à toutes les manipulations et toutes les instrumentalisations.
L’histoire
s’est toujours faite sur la base de rapports de forces.
Cohn Bendit nous promet Sarkozy au pouvoir, Hollande nous promet
une Europe ultra libérale portée par le traité de Nice, Chirac nous
promet une France marginalisée en Europe . La méthode est indigne et
c’est
bien au contraire en saisissant ce
qui pourrait être la dernière occasion d’établir un rapport de force
en disant non à un texte inacceptable que le citoyen pourra dans le
futur faire vivre un débat et y prendre place lorsqu’il s’agira de se
battre contre d’autres choses inacceptables. Ce
texte est inacceptable. Comment pourrons nous refuser l’inacceptable
dans l’avenir si nous l’acceptions tout en en ayant conscience ? Cette
constitution est doublement indéfendable, d'abord parce qu'elle décrit
une société dont nous ne voulons pas, ensuite parce qu'elle verrouille
toute possibilité d'en changer. Après
avoir été spolié du débat qui nous aurait permis en tant que citoyen
de lui donner du sens, nous assistons pour la faire accoucher aux
forceps, à une campagne basée sur la peur et le mensonge, qui laisse
à penser que dire non c'est dire non à l'Europe ou qu'il s'agirait
d'un signe de mécontentement envers la politique du gouvernement,
une grogne sociale. C'est prendre les citoyens pour des imbéciles.
Le meilleur ennemi de la constitution est la constitution elle-même. Voter
pour cette constitution dans le cadre d'un référendum ne serait rien
moins qu'un suicide dans lequel le citoyen abdiquerait son rôle de
contre pouvoir et se rangerait définitivement sous la bannière de
l'ultralibéralisme et du marché, une sorte de "fin de l'histoire"
dont le prix ne serait pas payé que par nous mais également par les
générations futures. Exister
en tant que citoyen c‘est dire non !
|