MARSEILLE (Reuters)
- Plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Marseille pour
la défense des services publics, deux jours après la fin de la
grève à la SNCM, la compagnie maritime publique en voie de
privatisation.
En tête du cortège,
le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a accusé le
gouvernement de Dominique de Villepin de "jouer la
montre" face à la montée du mécontentement social.
"Le
gouvernement veut jouer la montre devant l'urgence sociale. Au
final, comme à la SNCM, il faut une grande lucidité des salariés
pour ne pas donner la possibilité d'une disparition de
l'entreprise en cédant à son chantage", a-t-il dit.
Bernard Thibault a
défilé aux côtés des salariés de la Régie des transports de
Marseille (RTM), en grève depuis 12 jours, et de ceux de la Société
nationale Corse-Méditerranée (SNCM) qui ont mis fin jeudi à une
grève qui aura duré 24 jours.
La résolution du
conflit permet la mise en oeuvre d'un plan de sauvetage financier
de la compagnie de navigation échafaudé par le gouvernement.
Elle a aussi évité un dépôt de bilan que la direction jugeait
inévitable si la grève ne cessait pas.
Aux termes du plan
gouvernemental, auquel les syndicalistes CGT se sont vivement
opposés avant de finalement voter à une écrasante majorité la
reprise du travail, l'Etat conservera 25% du capital de la SNCM,
et les salariés en recevront 9%.
Le solde sera
partagé entre le fonds d'investissement français Butler Capital
Partners (38%) et la Connex, filiale de Veolia Environnement
(28%).
Bernard Thibault,
qui est apparu au long du conflit de la SNCM parfois débordé par
des militants de base plus radicaux à Marseille, a déploré ce
qu'il considère comme l'intransigeance du gouvernement.
"Plus un
conflit s'allonge, plus la nature des décisions est importante et
difficile, surtout face à un gouvernement qui ne veut discuter de
rien", a-t-il déploré.
Les manifestants
ont défilé entre le Vieux port et le siège social de la SNCM,
dans le quartier de la Joliette.
En Corse, environ
400 personnes ont manifesté pour les mêmes raisons dans les rues
d'Ajaccio (Corse-du-Sud), à l'appel de l'intersyndicale et du
Syndicat des travailleurs corses (STC).
Le STC a participé,
mais à part et à l'arrière du cortège, au défilé dont les
objectifs étaient notamment de réclamer "le refus du démantèlement
des services publics, l'augmentation des salaires et le plein
emploi".
Une délégation a
été reçue à la préfecture, puis les manifestants se sont
dispersés dans le calme.
Au vu de la faible
participation, l'appel des syndicats n'a pas paru avoir été
entendu. Le 4 octobre, 8.000 personnes avaient défilé pour
refuser la privatisation de la SNCM.